Nicolas
Programme complet du 24 décembre 2024 au 5 janvier 2025
WOODWALKERS (Avant-Première)
Premier volet d’une trilogie consacrée à la saga à succès de la romancière allemande Katja Brandis, ce film fantastique raconte l’histoire de Carag. A première vue, celui-ci a l’air d’un adolescent bien ordinaire.
Mais il n’en est rien, car Carag cache un incroyable secret: il est un métamorphe. Né cougar, il a grandi dans la nature sauvage. Fasciné par la grande ville, il a quitté sa famille et vit désormais sous une forme humaine dans le soi-disant monde civilisé.
Echouant à s’intégrer, Carag est contraint de trouver refuge à Clearwater High, un pensionnat accueillant les créatures mi-humaines mi-animales. Il s’y fait rapidement des amis en Holly, un écureuil rouge effronté, et Brandon, un bison timide. Mais, comme ses pairs, il a une mystérieuse mission à accomplir… D’aucuns prétendent que «Woodwalkers» serait le digne successeur de l’épopée «Harry Potter», pas moins!
EVERYBODY LOVES TOUDA (VOst) (à découvrir !)
Touda (jouée de façon impressionnante par Nisrin Erradi) n’a qu’une ambition: devenir une «cheikha», soit une chanteuse traditionnelle marocaine, mais qui défie les conventions en célébrant l’amour et la résistance face aux puissants. Las, cette héroïne insoumise aura bien des obstacles à surmonter avant de réaliser son rêve…
Depuis trois décennies, Nabil Ayouch creuse un sillon puissamment contestataire au sein du cinéma marocain, abordant frontalement les sujets qui demeurent les plus tabous dans son pays.
Ayouch avait déjà rendu en 2015 un vibrant hommage aux femmes libres et rebelles dans «Much Loved», un drame sur la prostitution qui fut interdit de projection au Maroc. Il persiste brillamment dans cette veine féministe, avec la complicité de sa compagne, Maryam Touzani (réalisatrice du sublime «Bleu du caftan»), qui a co-écrit avec lui ce récit d’émancipation à tout le moins galvanisant.
LE DÉLUGE
1792, l’Ancien Régime touche à sa fin. À Paris, Louis XVI (Guillaume Canet), son épouse Marie-Antoinette (Mélanie Laurent) et ses enfants Marie-Thérèse et Louis-Charles sont arrêtés et conduits au sinistre donjon de la Tour du Temple.
Partant, la famille royale déchue subit humiliation sur humiliation: Elle est peu à peu dépouillée de tout son apparat d’antan, jusqu’à ses livres, ses plumes et crayons. L’ex-roi et l’ex-reine sont désormais obligé·es de manger avec leurs doigts et n’ont plus de linge propre…
De fait, le cinéaste italien Gianluca Jodice s’est très librement inspiré des carnets de Cléry, valet de chambre du Roi (Fabrizio Rongione), resté auprès de lui jusqu’à sa mort… Passionnant, son film à costumes tire son titre d’une phrase qu’aurait prononcée Louis XV («Après moi, le déluge»), à propos de son fils qu’il ne tenait guère en estime.
CONCLAVE
Lorsque le pape décède dans des circonstances mystérieuses, le cardinal Lawrence se voit confier la délicate tâche de présider le conclave chargé d’élire un nouveau souverain pontife. Très vite, les délibérations tournent au panier de crabes, progressistes et conservateurs œuvrant en coulisses pour imposer leurs candidats respectifs…
Après son adaptation viscérale du roman antimilitariste «À l’Ouest, rien de nouveau», l’Allemand Edward Berger s’empare avec la même puissance d’un best-seller du Britannique Robert Harris. Entre manipulations et trahisons, son film plonge le spectateur dans un huis clos politique tendu, où chaque décision est susceptible de bouleverser l’avenir de l’Église catholique.
Bénéficiant d’un solide casting, dont Ralph Fiennes excellant en protagoniste tiraillé, Berger en tire un thriller paranoïaque imparable, qui révèle les rouages ambigus des élections vaticanes.
SARAH BERNHARDT - LA DIVINE
Le film de Guillaume Nicloux («Thalasso», «L’Enlèvement de Michel Houellebeck») nous fait entrer dans l’intimité extravagante (pour l’époque) de l’actrice et tragédienne Sarah Bernhardt (Sandrine Kiberlain dans ce qui restera sans doute comme l’un des rôles de sa vie).
Le cinéaste s’attache aux pas subversifs de celle que Jean Cocteau appela «le monstre sacré» et ce, à deux moments-clefs de son existence: le jour de sa consécration en 1896, organisé par ses proches, et l’amputation de sa jambe en 1915.
Comme le montre son film, Sarah Bernhardt sut s’affranchir de la mainmise patriarcale, exhibant ses amours multiples, sa bisexualité, son opposition à l’autorité, son interprétation de rôles masculins. Elle fut sans cesse dans l’excès: trop aimante, trop violente, trop injuste, trop éprise de justice, trop révoltée…
UN OURS DANS LE JURA
Connu pour ses rôles dans d’innombrables comédies populaires, Franck Dubosc passe aussi régulièrement derrière la caméra. Après la romance abracadabrante de «Tout le monde debout» et le feelgood sensible de «Rumba la vie», il nous surprend agréablement avec «Un Ours dans le Jura» où il pratique un humour noir qui fait merveille!
Dans ce film aussi retors que malicieux, Cathy et Michel (Laure Calamy et Dubosc lui-même) tentent de joindre les deux bouts en vendant des sapins depuis leur ferme isolée dans la forêt jurassienne. Jusqu’au jour où Michel tombe sur un magot miraculeux, qu’il va tenter de garder pour lui…
Mais la découverte de quelques malencontreux cadavres attire l’attention, dont celle du flic local (Benoît Poelvoorde) dévoré par la curiosité… En résulte une excellente comédie policière qui passe au vitriol nos égoïsmes par trop humains. Dubosc serait-il devenu bon cinéaste? Il y a tout lieu de le croire!
LES CADEAUX
Offrir un cadeau à une personne qui nous est chère constitue parfois une épreuve des plus périlleuses, à fortiori si l’on assiste en direct à son déballage à suspense. En découvrant son présent, l’être aimé laissera peut-être échapper une moue déceptive, tout en murmurant du bout des lèvres un pâle merci de circonstance…
À deux jours de Noël, la famille Stan est confrontée au terrible dilemme du «bon choix». Si elle redouble d’idées pour combler proches et ami·es, elle n’en redoute pas moins le faux pas fatal… Comme le dit de façon très imagée la réalisatrice: «Un cadeau, c’est potentiellement un missile emballé dans du papier de fêtes.»
Une comédie familiale très grinçante qui permet aux Mélanie Doutey, Gérard Darmon, Camille Lellouche et autre Chantal Lauby de fort savoureux numéros d’acteurs et d’actrices!
HIVER À SOKCHO (VOst)
Sokcho, une petite ville portuaire très proche de la Corée du Nord, engourdie par l’hiver. Soo-Ha (Bella Kim) y mène une vie sans saveur, partagée entre ses visites à sa mère, marchande de poissons, et sa relation avec son petit ami mannequin.
Née d’un père français, dont elle ne sait pas grand-chose, sinon que son absence l’obsède, Soo-Ha n’est jamais allée en Europe. Et la jeune femme se refuse à parler la langue paternelle qu’elle a pourtant voulu apprendre. Jusqu’au jour où débarque dans la petite pension qui l’emploie un auteur de BD (Roschdy Zem) venu à Sokcho depuis sa Normandie natale chercher l’inspiration…
Adapté du roman d’Elisa Shua Dusapin, le premier long-métrage du cinéaste franco-japonais Koya Kamura raconte tout en douceur la rencontre de deux cultures et de deux êtres malmenés par l’existence. Lui-même d’origine métissée, Kamura a su transposer en images et en sons la prose à nulle autre pareille de l’écrivaine, délicate «comme la neige sur l’écume».
SAINT-EX
Enfant, Pablo Agüero lisait «Le Petit Prince» dans une cabane de Patagonie sans électricité. Devenu cinéaste, le Franco-Argentin rend aujourd’hui hommage à l’écrivain et aviateur impétueux qui l’avait fait tant rêver…
À la fin des années 1920, Antoine de Saint-Exupéry (Louis Garrel) œuvre en Argentine avec Henri Guillaumet (Vincent Cassel) au développement de l’Aéropostale dans les Andes, un environnement de haute altitude particulièrement risqué. Après un vol au-dessus de la Cordillère, Guillaumet est porté disparu. Saint Exupéry et la compagne de son ami (Diane Kruger) tentent alors l’impossible pour le retrouver…
Alternant des séquences tournées en studio, dans un ciel de cinéma onirique, et des prises de vue en extérieurs, Agüero a réussi une manière d’essai poétique inédit, aux antipodes du biopic classique, doublé d’un jeu de piste rêveur sur les prémices du «Petit Prince».