Nicolas
FANTASTIC MACHINE
Dimanche 29 septembre à 18h le film sera suivi d’une discussion sur le thème de notre rapport à l’image.
Entre les toutes premières photographies et notre époque, où coexistent quarante-cinq milliards d’appareils de prise de vue, il y a à peine deux cents ans… Une véritable révolution dans notre monde où les images font désormais partie de nos vies.
De la première photographie aux vues de la Terre prises depuis de la Lune, des images de propagande aux selfies «beauty filter», des jeux télévisés aux vidéos de chats, l’humanité semble avoir tout enregistré…
Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck proposent un voyage à mille à l'heure au cœur de cette révolution, par le biais d’une histoire amusée, concise et intelligente de la mainmise des images sur nos existences… Un documentaire exceptionnel!
LE FIL
Acteur prolifique, Daniel Auteuil est passé derrière la caméra dans les années 2010, signant trois belles adaptations de Pagnol. Après «Amoureux de ma femme», il porte à l’écran une nouvelle de Jean-Yves Moyart, avocat pénaliste connu sous le nom de plume de Maître Mô…
Rongé par le remords depuis qu’il a fait innocenter un meurtrier récidiviste, Jean Monier (joué par Auteuil lui-même) refuse désormais tout dossier criminel. Jusqu’au jour où il rencontre Nicolas Milik (Grégory Gadebois), père de famille accusé du meurtre de sa femme…
Avec sensibilité, l’acteur-réalisateur raconte la quête de sens de son protagoniste désabusé, dans un monde où le doute est permanent.
REINAS (VOst) (à découvrir !)
Dans le Pérou troublé des années 1990, Elena décide de quitter Lima pour emmener ses deux filles, Lucía et Aurora, aux Etats-Unis, où elle espère leur offrir un foyer plus sûr. Peu avant leur départ, réapparait Carlos, son ex-mari.
Fantasque, ce père démissionnaire s’avère être un incorrigible mythomane, se prétendant agent secret pour justifier ses absences…
Prix du Public à Locarno, «Reinas» est le troisième long-métrage de la cinéaste helvético-péruvienne Klaudia Reynicke. Celle-ci a puisé dans ses souvenirs d’enfance pour tisser une émouvante chronique familiale, qui raconte avec une délicatesse infinie la perspective du départ et les sentiments mêlés qui en découlent.
SEKURITAS (VOst)
Dimanche 22 septembre à 18h, le film sera suivi d’une discussion avec la réalisatrice.
Dans «Sekuritas», ciné-poème nocturne de la cinéaste suisse Carmen Stadler, qui signe là son premier long-métrage, la nuit tombe chaque soir semblable à elle-même sur un complexe de bureaux voué à être détruit, que l’agente de sécurité Nora Falk a pour tâche de surveiller.
Au fil de ses rondes, Nora fait la connaissance des occupants du lieu: une jeune secrétaire lunatique à la recherche de son téléphone portable égaré, un vieux cuisinier dont les recettes n’intéressent plus personne, un nettoyeur irakien aussi mutique que fougueux, etc…
Dans cet univers clos, la réalité ne se distingue bientôt plus du fantasme. On n’y déambule pas, on y somnambule… Bref, un film de toute beauté!
CHIENNE DE ROUGE
Samedi 21 septembre à 18h, le film sera suivi d’une discussion avec la réalisatrice.
«Je me suis réveillée un matin avec ce désir: filmer du sang…» Ainsi commence le documentaire de Yamina Zoutat, ancienne chroniqueuse judiciaire pour la télévision, qui suivit le procès du sang contaminé, et réalisatrice du déjà très réussi «Retour au Palais» projeté au Royal en 2018.
À Paris, une voiture fonce dans la nuit. Mohamed convoie du sang, la doctoresse Nguyen le transfuse et Isabelle a la vie sauve grâce au don d’une inconnue. Sang des femmes, attentat, procès, greffe, don et essence de vie: comme le convoyeur ou la chienne en quête de sa proie, nous suivons le sang dans sa course et ses incessantes transformations…
Pour mémoire, les «chiennes de rouge» sont dressées pour suivre la trace des animaux blessés par les chasseurs.
EAT THE NIGHT
Un frère et une sœur, confronté·es à la fin programmée du jeu vidéo qui leur servait de refuge, doivent s’adapter à la médiocrité et la violence de la «vraie» vie…
Après un premier long-métrage déjà fascinant intitulé «Jessica Forever» (2018), Caroline Poggi et Jonathan Vinel récidivent avec «Eat The Night», plongée poétique dans un entre-deux cinématographique qui mêle cruauté du réel et rêverie virtuelle.
Découvert en juillet au NIFFF, leur film fantastique traversé d’images saisissantes (dont certaines peuvent impressionner) nous embarque sans retour dans une sublime et puissante histoire d’amour… Bref, un chef-d’œuvre du genre!
MA VIE, MA GUEULE (Coup de cœur !)
Réalisatrice très attachante, Sophie Fillières est hélas décédée à la fin du tournage de «Ma vie, ma gueule». Ce sont ses enfants Agathe et Adam Bonitzer qui ont terminé ce film d’inspiration autobiographique.
La poétesse Barberie Bichette se sent vieillir et appréhende la mort. Elle ne trouve de sens que dans les relations avec ses enfants devenus adultes et dans l’absurdité savoureuse des aléas du quotidien. Hospitalisée, elle parvient peu à peu à remonter la pente, jusqu’à entreprendre un voyage libérateur.
Traversée poétique d’humour décalé et de rencontres inopinées, «Ma vie, ma gueule» est un film réparateur, drôle et incisif, où Agnès Jaoui donne superbement vie à une héroïne ô combien attachante.
LA PRISONNIÈRE DE BORDEAUX
Actrice et réalisatrice très talentueuse formée auprès d’Agnès Varda, Patricia Mazuy passe allègrement de la comédie au thriller, scrutant avec une acuité sans pareille les différences de classes.
Elle nous le démontre à nouveau dans «La Prisonnière de Bordeaux»… Femme fantasque déconnectée du réel, Alma (Isabelle Huppert) mène la vie riche d’une grande bourgeoise dans la maison de son mari neurologue, qui est en prison.
En lui rendant visite au parloir, elle rencontre un jour Mina (Hafsia Herzi), jeune mère débrouillarde d’une lointaine banlieue, dont l’époux est aussi incarcéré. Contre toute attente, ces deux «codétenues», telles qu’elles se désignent, vont se lier d’amitié…
RIPPLES OF LIFE (VOst)
Du jeune cinéaste chinois Wei Shujun, Le Royal a projeté au début du mois d’août «Only The River flows» (2023), fascinant polar obsessionnel. Tourné deux ans avant, «Ripples of Life» («Ondulations de vie») se révèle tout aussi remarquable, mais dans un autre registre…
Une équipe de tournage s’installe dans une petite ville assoupie du sud de la Chine pour y préparer un film. L’aubergiste qui héberge les techniciens se prend à rêver d’y jouer un rôle…
Avec un humour piquant, Shujun démystifie la création artistique. Il lui enlève tout prestige démiurgique, en la montrant comme le produit d’une série de hasards, d’égarements, de coïncidences, d’indécisions…
LA BELLE AFFAIRE (VOst)
Révélée en 1981 grâce à son interprétation de «Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…», Natja Brunckhorst est passée depuis lors à la réalisation. Avec «La Belle Affaire» («Zwei Zu Eins»), elle réussit une comédie chorale inspirée d’un incroyable fait divers.
En 1990, peu avant l’union monétaire qui verra le deutschemark remplacer la monnaie est-allemande, la Banque d’Etat de la RDA décide de stocker toutes ses devises dans des galeries souterraines.
Apprenant l’existence de ces quelques 110 milliards de marks destinés à moisir derrière des murs de béton, un groupe d’ami·es projette de les subtiliser pour les convertir avant leur obsolescence définitive…