Nicolas
SPIDER-MAN: ACROSS THE SPIDER-VERSE
Figure emblématique des Éditions Marvel, un brin surexploitée par l’usine à rêves hollywoodienne, la figure de Spider-Man avait recouvré tout son allant par la grâce d’un film d’animation déjanté qui conférait une ampleur inattendue au mythe du «tisseur»!
Adolescent afro-américain zonant à Brooklyn, Miles Morales y explorait les possibilités illimitées du «Spider-verse», un univers dit «étendu», où les super-héros arachnides étaient légion.
Dans cette séquelle, toujours réalisée en animation, le voilà catapulté derechef à travers le multivers où il retrouve ses semblables héroïques qui peinent à se mettre d’accord sur le sens de leur nouvelle mission…
WAHOU !
Après «Les 2 Alfred», Bruno Podalydès nous gratifie d’un nouveau bijou de comédie moqueuse, qui brocarde notre société obnubilée par la rentabilité.
Agent·es immobilier·ères, Catherine (Karin Viard) et Oracio (B. Podalydès) enchaînent les visites de vieilles maisons bourgeoises et autres appartements plus ou moins design en région Île-de-France. Si leur seul souci est de conclure des ventes avec des client·es qui s’exclament «wahou!» en découvrant leurs futures propriétés, leur jeune stagiaire (Victor Lefebvre) a le don de mettre les pieds dans le plat…
Portant un regard caustique sur notre époque minée par le paraître, Podalydès nous «vend» son film de manière brillante et très enlevée.
L’IMPROBABLE VOYAGE D’HAROLD FRY (VOst) (coup de cœur !)
Coréalisatrice de la série «Normal People», Hettie MacDonald nous livre son deuxième film de cinéma, adapté du roman «La Lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi…» de Rachel Joyce.
Retraité, Harold reçoit un jour un courrier d’une ancienne amie qui se meurt d’un cancer. Sans prendre l’avis de son épouse, il décide de traverser l’Angleterre à pied pour lui rendre visite, espérant que l’idée qu’il accomplit ce voyage pour elle la maintienne en vie.
Au fil de son périple, le vieil homme se remet peu à peu en question. Évoluant dans d’admirables paysages qui renforcent sa portée émotionnelle, ce feel-good movie pédestre célèbre en toute pudeur les relations humaines.
OMAR LA FRAISE
Omar (Reda Kateb), plus connu sous le sobriquet d’Omar la Fraise, est lourdement condamné à Paris par contumace. Malfrat à l’ancienne, l’ex-caïd file en cavale en Algérie avec Roger (Benoît Magimel), son meilleur et plus fidèle ami.
Si Roger nage dans l’optimisme béat, Omar, lui, verse dans une mélancolie profonde, d’autant que les retrouvailles avec son «lointain» pays natal se révèlent plutôt surprenantes…
Comédie noire baignée de soleil, portée par deux acteurs jubilatoires, «Omar la Fraise» constitue le premier long-métrage de Elias Belkeddar, jeune cinéaste prometteur et «tarantinesque» au possible, qui a fait ses armes avec Ladj Ly («Les Misérables»).
JPZ JEAN-PIERRE ZAUGG… COMME UN MORCEAU D'UNIVERS
Lundi 12 juin à 19h, le film sera suivi d’une discussion avec la réalisatrice puis d’un concert de Eric Truffaz en duo avec Benoît Corboz.
Avec une sensibilité rare, le documentaire de la réalisatrice Anne-Marie Fallot évoque Jean Pierre Zaugg (1928-2012), peintre, plasticien et muséographe, dit JPZ.
Depuis trente ans, JPZ peint chaque jour un petit caillou qu’il a soigneusement choisi. Homme méditatif, il se confie pourtant à la caméra, malicieux, profond. Le portrait qui en résulte reflète toute une existence, emplie d’humour, de poésie et de profondeur.
S’il y a hommage, il n’est en rien compassé. Au contraire, il vibre de la vie d’un homme discret qui n’a cessé de se questionner…
JEANNE DU BARRY
Maïwenn Le Besco («Polisse», «Mon Roi», «ADN») a ouvert le Festival de Cannes avec «Jeanne du Barry», film à costumes dont elle joue le rôle-titre face à Johnny Depp, poudré et perruqué en roi de France…
Roturière ambitieuse et cultivée, née Bécu, Jeanne du Barry enrichit son amant le comte Dubarry-Cérès (Melville Poupaud) en multipliant les «galanteries». Quand le duc de Richelieu (Pierre Richard) la présente à Louis XV, celui-ci tombe sous son charme et en fait sa courtisane, n’en déplaise à sa cour, scandalisée de le voir ainsi adouber une «fille des rues»…
Avec l’intelligence qui la caractérise, Maïwenn en donne une interprétation moderne fascinante, créant un décalage féministe qui fait férocement écho au présent.
THE QUIET GIRL (VOst) (à découvrir !)
En 1981, une petite fille timide et négligée par ses parents est envoyée le temps d’un été chez des membres éloignés de la famille, un couple sans enfant auprès duquel elle va pour la première fois ressentir douceur et affection, jusqu’à s’épanouir…
Cinéaste documentaire pétri de talent, le cinéaste irlandais Colm Bairéad passe à la fiction en filmant à travers le regard de sa jeune et fragile héroïne un bref moment d’enfance dont elle devra hélas tourner la page…
Tirée d’une nouvelle de sa compatriote Claire Keegan, ce film tout en douceur ô combien suggestive est sans l’ombre d’une hésitation notre coup de cœur (très serré) de ce mois de juin!
MA LANGUE AU CHAT
Dans une belle demeure sise dans le sud de la France, Laure (Zabou Breitman) traverse une crise de la cinquantaine particulièrement aiguë.
Son travail lui fait horreur et son mari Daniel (Pascal Elbé) ne l’enchante plus guère. Le seul être vivant qui trouve encore grâce à ses yeux est Max, son chat adoré. Las, le voilà qui se volatilise.
Cédant à la parano, Laure en vient à soupçonner l’un·e ou l’autre de ses ami·es de toujours – venus fêter l’anniversaire de Daniel – d’avoir fait disparaître son cher félin pour une raison qu’elle ne s’explique pas… Signée Céline Telerman («Les yeux jaunes des crocodiles»), une comédie de mœurs très griffue!
THE HAPPIEST MAN IN THE WORLD (VOst)
Après le déjà très réussi «Dieu existe, son nom est Petrunya» en 2019, Teona Strugar Mitevska récidive ici de façon encore plus impressionnante.
De nos jours, à Sarajevo. Conseillère juridique, Asja porte encore dans sa chair la blessure que lui a infligée un sniper anonyme, alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente. Esseulée, elle s’est inscrite à une journée de speed dating, dans l’espoir de rencontrer l’âme sœur.
Asja fait ainsi la connaissance de Zoran qui ne respire pas particulièrement la joie de vivre… Une tragicomédie à nulle autre pareille qui exorcise les démons du passé, laissant espérer un possible pardon.
LE ROYAUME DE NAYA
Jeune fée généreuse et bienveillante, Naya a été désignée pour être la nouvelle gardienne de la forêt. Intronisée sous le saule magique, elle a été dotée de grands pouvoirs.
Comme l’exige la loi, elle a désormais pour mission de protéger les mille et une créatures de la nature contre leur pire ennemi: les êtres humains. Tout se passe à merveille, jusqu’au jour où Naya rencontre un charmant garçon qui s’est égaré dans la forêt…
Produit par Animagrad, studio ukrainien d’animation très actif fondé en 2012 à Kiev, ce conte écologique au message pacifiste est à découvrir en famille (dès 6 ans).