Nicolas
Au plus près du soleil
Juge d’instruction peu commode, Sophie (Sylvie Testud) interroge Juliette (Mathilde Bisson) pour un possible abus de faiblesse sur la personne de son ex-amant qui a fini par se suicider. Le ton monte très vite entre la magistrate et sa séduisante interlocutrice !
En instruisant le dossier, Sophie découvre que l’accusée n’est autre que la mère biologique de son propre fils adoptif, né sous X en 1998. Loin de se dessaisir de l’affaire, comme le lui conseille Olivier (Grégory Gadebois), son mari avocat, elle fait incarcérer la jeune femme, espérant ainsi protéger sa famille et garder le secret…
Confronté au refus de sa femme, l’homme de loi entre alors en contact avec Juliette… Le réalisateur Yves Angelo (Le Colonel Chabert, Les âmes grises) réussit à bâtir un suspense psychologique aussi prenant qu’inconfortable, tirant tout le parti d’un formidable trio d’acteur et d’actrices jouant à fleur de peau.
Vincent Adatte
Le Labyrinthe : Terre Brûlée (3D)
Très bien mené, le premier volet de cette trilogie, tirée des romans pour jeunes adultes de James Dashner, tranchait sur la platitude habituelle seyant à ce genre de dystopie, souvent un peu trop prédigéré, public cible oblige.
Misant sur le dépouillement et la disparition des repères traditionnels de nos sociétés (dont celui de la famille), cette saga voyait un groupe de jeunes garçons confronté à un mystérieux et très dangereux labyrinthe changeant chaque nuit de configuration. À la fin du film, Thomas, accompagné de quelques rescapés dont la seule fille du groupe, réussissaient à quitter ce dédale.
Dans le second volet, les jeunes gens sortis du labyrinthe découvrent un paysage de désolation, un monde dévasté et ravagé par des hordes de survivants aux allures de zombies. Impavides, Thomas et les siens partent alors à la recherche de la mystérieuse organisation, connue sous le nom de WICKED (méchant en anglais), qui semble porter la responsabilité de cette apocalypse…
Adeline Stern
Du jeudi 1 au dimanche 4 octobre prochains
Une Fête du Cinéma vraiment… royale!
La Fête du Cinéma est sans nul doute l’un des événements les plus appréciés du fidèle public du Cinéma Royal de Sainte-Croix. Proposés en avant-première, les neuf films à l’affiche expriment toute la palette des émotions «grand écran». Et comme toujours, il sera possible d’allier plaisirs de la table et découvertes cinématographiques…
Jeudi, en ouverture, tous les amateurs de cinéma indépendant américain se feront une joie de découvrir la comédie décalée «Me And Earl And The Dying Girl». Vendredi, ce sera un changement radical de registre avec «Le Fils de Saul». Primé à Cannes, ce film-choc, d’une intensité incroyable qui, en permettant au spectateur de vivre cette expérience de l’intérieur, le confronte à sa propre humanité…
Samedi, après avoir découvert en famille les ravissements du film d’animation «Mune, le gardien de la lune», les adultes curieux et avides de vastes horizons pourront enchaîner avec «Béliers», comédie pastorale islandaise qui rend hommage à un mode de vie en voie de disparition. Le soir venu, le spectateur épris de cinéma profond et humaniste pourra partager quelques moments de l’existence de «Fatima», une femme de ménage marocaine qui élève seule ses deux filles adolescentes.
Dimanche matin, le jeune acteur Kacey Mottet Klein viendra présenter le très émouvant et fort réussi «Keeper» où il joue le rôle d’un adolescent confronté à une paternité précoce. En fin d’après-midi, jeunes et moins jeunes se délecteront du suspense et de la poésie de «Phantom Boy», le nouveau film d’animation des auteurs du mémorable «Une vie de chat». Documentaire événement de cette édition 2015, «The Wolfpack» racontera comment une jeune fratrie séquestrée par un père trop protecteur a été «sauvée» par le cinéma. Et tout finira en éclats de rire feutrés et subtils, avec le dernier Woody Allen qui s’annonce comme un très grand cru!
Irrational Man
A bientôt 80 ans, Woody Allen ne lâche rien. Après le très vache «Blue Jasmine» en 2013 et le délicieusement malicieux «Magic In the Moonlight» en 2014, le 45e long-métrage du réalisateur de «La rose pourpre du Caire» renoue brillamment avec la tragicomédie existentielle, à la façon de «Match Point» et «Crimes et délits».
Professeur à l’université, Abe Lucas (Joaquin Phoenix) pense qu’il a raté sa vie. Dévasté sur le plan affectif suite à son divorce, il enseigne la philosophie sans réelle conviction. Sexuellement parlant, il n’est plus vraiment au meilleur de sa forme… Il va pourtant rencontrer, un peu malgré lui, une charmante prof engluée dans un mariage désastreux et une délicieuse étudiante (Emma Stone) qui apprécie son côté torturé…
Bref, Abe aurait bien aimé faire au moins une fois quelque chose d’utile dans sa vie, jusqu’au jour où il surprend une conversation de bistrot qui va l’inciter à enfin passer à l’acte… Une merveille de scénario pour du tout grand Allen, on se délecte!
Adeline Stern
The Wolfpack
Grand prix du Jury du Festival de Sundance, la Mecque du cinéma indépendant étasunien, «The Wolfpack» de la réalisatrice Crystal Moselle est un documentaire absolument sidérant qui prouve que le cinéma peut nous sauver la vie, au sens le plus littéral du terme!
Enfermés et scolarisés à domicile pendant près de quatorze ans par un père sectaire, qui voulait les protéger du capitalisme, six frères ont survécu à cette épreuve grâce à une montagne de DVD (plus de dix mille) qu’ils visionnaient jour et nuit. Pour canaliser leur énergie, les gosses se rejouaient entre eux les scènes des films qui les avaient le plus marqués.
A travers leurs propres mots et leurs «répétitions» qu’ils filmaient en vidéo, affublés de costumes fabriqués avec les moyens du bord, la cinéaste reconstitue le quotidien étonnant de ces «enfants de cinéma» qui, aujourd’hui, souhaitent tous faire des films, des vrais cette fois!
Vincent Adatte
Phantom Boy
Avec le très haletant «Une vie de chat» (2010), les cinéastes français Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli avaient déjà su donner ses lettres de noblesse au film d’animation policier, tout en restant à hauteur d’enfant.
Les deux compères récidivent avec «Phantom Boy» qui, dans le même registre, s’avère encore plus réussi… Un mystérieux gangster défiguré s’en prend à Alex, un inspecteur de police lancé à ses trousses. Soigné à l’hôpital, Alex se lie d’amitié avec Léo, un garçon de onze ans qui possède la faculté de sortir de son corps et de devenir invisible…
Adeptes d’une ligne claire agrémentée d’audacieux coups de craie, Gagnol et Felicioli allient à nouveau humour, suspense et poésie urbaine dans ce petit bijou qui ravira tous les amateurs de grand cinéma d’animation, les petits (plutôt dès huit ans) comme les grands, d’autant plus que c’est l’inimitable Jean-Pierre Marielle qui prête sa voix au Méchant!
Vincent Adatte
Keeper
Maxime (Kacey Mottet Klein) et Mélanie (Galatea Bellugi) s’aiment. Un jour, Mélanie découvre qu’elle est enceinte. Réticent dans un premier temps, Maxime se fait vite à l’idée de garder l’enfant, ainsi que le souhaite Mélanie.
Du haut de leurs quinze ans, les deux mômes annoncent alors à leur entourage qu’ils vont devenir parents ! Sous influence de leur propre vécu, leurs mères respectives réagiront à cette décision de manière très contrastée…
Premier long-métrage tout en pudeur et frémissant de sensibilité du jeune cinéaste franco-belge Guillaume Senez, « Keeper », par son souci du réel et de l’authenticité, s’inscrit bel et bien dans la lignée des films des frères Dardenne! Présenté en Avant-première à la Fête du Cinéma 2015, une occasion bienvenue de rattrapage pour ceux qui l’auraient raté !
Vincent Adatte
Fatima
Cinéaste injustement méconnu, le Franco-marocain Philippe Faucon poursuit discrètement une œuvre exigeante, pétrie d’humanisme et d’intelligence. Après avoir fait ses débuts en 1995 avec l’un des plus beaux portraits d’adolescente de toute l’histoire du cinéma («Muriel fait le désespoir de ses parents»), il a tourné une poignée de films passionnants qui, hélas, n’ont pas eu l’heur de sortir en Suisse!
Après «La trahison» (2005), sur la guerre d’Algérie, et «La Désintégration» (2011), qui évoquait de façon combien prémonitoire la radicalisation religieuse de jeunes Français musulmans, Faucon s’attache aux pas de Fatima (Soria Zeroual), une femme de ménage marocaine qui élève seule ses deux filles adolescentes…
Rarement un film n’aura décrit avec autant d’acuité la condition de ces femmes de l’ombre, coupées du monde par leur ignorance du français et un travail aux horaires impossibles… Ignorante à l’intelligence plus qu’affûtée, Fatima nous interpelle au plus profond!
Vincent Adatte
Béliers
Primé à Cannes, le second long-métrage du cinéaste islandais Grimur Hákonarson commence comme une comédie pastorale. Dans une vallée perdue au nord de l’Islande, deux frères sexagénaires s’affrontent dans le cadre d’un concours agricole destiné à élire le plus beau bélier de la région.
Dans des paysages sublimes, les deux frangins, qui ne se parlent plus depuis longtemps, vont être contraints de se réconcilier. En examinant l’ovin victorieux, Gummi, le cadet et perdant, soupçonne en effet que le « lauréat » est atteint de la « tremblante » du mouton…
Las, ce diagnostic se confirme et les autorités sanitaires décident de faire abattre leurs troupeaux qui proviennent d’une lignée millénaire… Un adieu émouvant à tout un mode de vie !
Vincent Adatte
Mune, le Gardien de la Lune (3D)
Dévoilé au dernier Festival du film d’animation d’Annecy, «Mune: le gardien de Lune» des réalisateurs français Benoît Philippon et Alexandre Leboyan est une perle rare qui enchantera les plus jeunes et tous les adultes qui sont encore connectés à leur âme d’enfant!
Mêlant le conte et la science-fiction, cette fantaisie astrale raconte l’histoire mouvementée de Mune, un petit faune facétieux qui a été désigné bien malgré lui pour garder la Lune, veillant dès lors sur le monde si précieux des rêves.
Hélas, Mune, voulant bien trop bien faire, enchaîne les catastrophes, jusqu’à causer le vol du soleil. Aidé de la fragile Cire et de Sohone, fier gardien de l’astre solaire, le maladroit va tout faire pour rétablir l’ordre céleste… Bercé par les voix d’Omar Sy et Izia Higelin, un «Avatar» pour les juniors, tout en douceur poétique!
Adeline Stern