Nicolas
Bella e Perduta
Après un premier long-métrage d’une force inouïe («La Bocca del lupo»), le jeune cinéaste italien Pietro Marcello nous adresse avec «Belle e perduta» un conte contemporain à la beauté poignante, à méditer de toute urgence!
Filmée avec une ancienne pellicule 16mm virée, inspirée par l’histoire vraie d’un paysan qui a voué son existence à protéger un palais désaffecté des pillages de la camorra, cette élégie déchirante raconte comment Pulcinella, bouffon fatigué de la commedia dell’arte, s’est efforcé de sauver un bufflon mâle de sa mort programmée.
En résulte un véritable film-poème, entre documentaire et fiction, qui fait de la disparition du vieux monde une fête triste, au cœur d’une Campanie sacrifiée par l’Etat.
Vincent Adatte
Chasselas Forever (Une histoire de cépage)
En présence du réalisateur et d’invités de choix, la séance sera suivie d’une discussion puis d’une dégustation !
Parfaitement «vinifié» par le cinéaste Florian Burion, «Chasselas forever» vendange une ode aussi magnifique qu’experte à un cépage qui faisait déjà le bonheur de la table des sultans ottomans et des Rois de France.
Bien qu’universel (ou presque), notre chasselas possède une origine clairement lémanique, ainsi que l’ont prouvé les recherches de l’ampélologue-généticien valaisan José Vouillamoz, l’un des protagonistes de ce documentaire long en bouche…
Du simple pépin au grand cru, le réalisateur révèle dans son documentaire tous les atours de ce ferment de l’identité romande, heu pardon, vaudoise… Gouleyant à souhait !
Adeline Stern
Folles de Joie
Auteur de 12 longs-métrages peu ou pas distribués en Suisse, Paolo Virzì est l’un des meilleurs cinéastes italiens du moment. Après «Il Capitale humano» («Les Opportunistes») en 2013, il nous entraîne avec «Folles de joie» dans une échappée belle aux vertus libératrices.
Mythomane bavarde, Beatrice (Valeria Bruni Tedeschi) se lie d’amitié avec Donatella (Micaela Ramazzotti), une jeune femme tatouée, frêle et silencieuse, qui garde un lourd secret. Reléguées par mesure judiciaire dans une institution psychiatrique, elles réussissent à prendre la poudre d’escampette.
Brandissant tel un étendard leur désir combien légitime de liberté et d’amour, les deux femmes s’efforcent alors de réintégrer un monde qui ne veut pas d’elles…
Vincent Adatte
Ma vie de chat
Réalisateur des inénarrables «Men in Black», le cinéaste américain Barry Sonnenfeld griffe avec «Ma vie de chat» une comédie fantastique très jubilatoire!
Milliardaire trop investi dans ses affaires, Tom Brand (Kevin Spacey) vit séparé de sa femme et de son adorable fille Rebecca. Pour l’anniversaire de la petite, il doit se résoudre à lui offrir un chat, genre d’animal qu’il a en détestation !
En route, Tom est victime d’un terrible accident, à l’issue duquel, pour une raison mystérieuse, il se retrouve enfermé dans le corps du félin. Répondant désormais au doux nom de Fuzzypants, le malheureux est recueilli par son ex-femme qui peine à mater ce matou peu obéissant…
Adeline Stern
C’est quoi cette famille ?!
Après «Neuilly sa mère» (2009) et «SMS» (2014), le réalisateur français Gabriel Julien-Laferrière consacre sa nouvelle comédie à la famille, dans sa version la plus contemporaine et hilarante.
A treize ans, Bastien doit se débrouiller au sein d’une famille très recomposée, avec pas moins de six demi-frères et sœurs, huit «parents» et plusieurs lieux de vie… Résultat, son emploi du temps a la complexité de celui d’un ministre!
N’en pouvant plus, Bastien décide de prendre les choses en mains en squattant avec les autres enfants un grand appartement. Désormais, ce sera aux parents de se déplacer, mais encore faut-il que ceux-ci acceptent cette nouvelle donne…
Adeline Stern
Comme des bêtes (3D)
Création de la société de production qui a provoqué l’invasion des «Minions», l’irrésistible «Comme des bêtes» nous révèle que nos animaux de compagnie ont une vie dont leurs propriétaires ignorent tout, comme le suggère déjà le titre original du film («The Secret Life of Pets»).
Cette part secrète va nous être révélée grâce à Max, un petit chien fort sympathique, mais qui se hérisse à la vue du nouveau colocataire à poils que lui impose son adorable maîtresse…
Truffé de gags très savoureux, dont celui, magnifique de justesse, de la laisse rétractable, ce film d’animation constitue une véritable gâterie pour petits et grands… On en jappe par avance !
Adeline Stern
Jason Bourne
Initiée en 2002, la saga Jason Bourne a dépoussiéré le genre un brin obsolète du film d’espionnage. Chacun a encore en mémoire l’histoire de ce jeune soldat transformé en arme vivante par des expérimentateurs peu regardants sur les droits de l’homme.
Privé de sa mémoire, Bourne se rebellait contre son employeur. Traqué sans pitié, il semblait avoir disparu pour toujours. Dans ce quatrième épisode, le personnage inventé par l’écrivain Robert Ludlum fait pourtant sa réapparition…
Toujours interprété par Matt Damon, Bourne bénéficie pour son grand retour de la mise en en scène incroyable d’efficacité de Paul Greengrass, un cinéaste d’action qui n’a pas son pareil pour dégommer nos dérives technologiques !
Vincent Adatte
Juillet Août
Après «Un Français» en 2014, qui décrivait la rédemption d’un skinhead, le réalisateur français Diastème retrouve avec «Juillet août» la veine plus légère qui faisait tout le charme de son premier long-métrage, «Le bruit des gens autour» (2007).
Râleuse invétérée du haut de ses quatorze ans, Laura et sa grande sœur Joséphine doivent partager leurs vacances d’été entre la villa de leur mère sise sur la Côte d’Azur et la chaumière bretonne de leur père.
Elles se font ainsi les messagères de nouvelles «catastrophiques» pour leurs parents séparés, comme la grossesse de maman, avant qu’un cambriolage de pieds nickelés ne sème la confusion… Un film de vacances qui saisit très bien l’air du temps !
Adeline Stern
Stefan Zweig, adieu l’Europe
Actrice de métier, Maria Schrader passe derrière la caméra pour retracer les derniers jours de Stefan Zweig (1881-1942), l’un des écrivains les plus lus de son vivant et qui l’est sans doute encore aujourd’hui, avec des chefs-d’œuvre comme «Le joueur d’échec» ou «Amok».
Juif autrichien, Zweig a multiplié les voyages tout en poursuivant ses activités d’écriture. Pacifiste, humaniste lucide, défenseur d’un espace culturel européen cosmopolite, il s’est exilé dès 1934 à Londres puis au Brésil, alors que ses livres sont brûlés en Allemagne.
Avec sensibilité, la réalisatrice reconstitue la trajectoire de cet homme complexe qui a cédé à l’appel du vide. «La terreur que m’inspire l’époque croît jusqu’à la démesure», écrira-t-il peu avant d’en finir.
Vincent Adatte
Dans les forêts de Sibérie
Le cinéaste français Safy Nebbou («L’Autre Dumas») adapte de manière assez libre le livre autobiographique de Sylvain Tesson qui raconte comment il a vécu six mois en quasi-autarcie au bord du lac Baïkal, à plus de cent kilomètres du village le plus proche.
Alter ego cinématographique de l’écrivain, Teddy (Raphael Personnaz) quitte une vie citadine qu’il lui pèse pour la solitude absolue, au cœur d’une Sibérie où il recouvre les vertus de la vie nue.
Loin de tout verbiage écolo-philosophique, le réalisateur nous convie à un retour sur soi aussi bienfaisant que salutaire, aux accents de la musique sublime d’Ibrahim Maalouf, dans un silence réparateur, que seul viendra troubler un homme des bois, un jour de blizzard…
Adeline Stern