Nicolas
Edito - 5 septembre 2016
Récoltes et vendanges…
Après un été aussi riche en événements, montagnes russes entre chagrins et joies, turbulences et paix, côtés pile et côtés face de notre destin commun d’êtres humains vulnérables, activités sportives et farniente (de : « ne rien faire ») fraîcheurs et canicules, voici venu le temps du doux enfoncement dans le cocon automnal juste avant de savourer la tombée des premiers flocons ludiques, joyeuses prémices de feux de cheminée, marrons chauds et crêpes Suzette…
Mais avant toutes ces promesses qui seront tenues (ou pas), et sur ces douces considérations bucoliques, voyons ce que l’Amie Adeline nous a apporté dans son sac magique… On commence avec un film qui rend heureux – Toni Erdmann – et dedans une question : C’est quoi le bonheur ? Je vous laisse répondre. Est-ce que le bonheur est obligatoire ? Depuis quand le bonheur existe-t-il ? Êtes-vous heureux, chers cinéphiles Ste-Crix ? Quand vous aurez répondu à tout ceci, vous aurez le droit de savourer, seuls ou accompagnés, le Sans limites de Star Trek, Les 7 déesses indiennes en colère (un nouveau bollywood ?) et, finalement mais pas enfin… Peter et Elliot le dragon en 3D s’il vous plaît et ça sera tout pour le premier week-end de cette série… Dès le 15 du mois (aïe, le budget !) on essayera de garder son sang froid avec Nerve, joueur ou voyeur ? Je sens que ça va plaire à pas mal de vidéo-fans… On enchaîne sur le dernier film de François Ozon, Frantz, avec l’excellent Pierre Niney. À noter sur vos agendas le 2ème festival international de l’accordéon avec son petit concert de clôture dimanche 18 septembre à 19h30… il sera suivi par le film Des musiciens déviants à 20h30, un documentaire passionnant sur l’accordéon justement, qui l’eût cru ?
Entre le 22 et le 25 septembre ça va bouger au Royal, avec un Ben Hur sans Charlton Heston cette fois pour les fans de péplum… allons-nous y perdre au change ? Allez savoir. Maggie a un plan pour suivre, un tout vieux mais néanmoins excellent film de 2015 qui répondra, côté adulte à la problématique souvent posée par les aînés de vos enfants : est-ce qu’on peut renvoyer le petit frère, la petite sœur, d’où il/elle vient si on n’est pas satisfait ? À découvrir avec un plaisir immense et une joie non dissimulée (que nous ne dissimulerons donc pas) le 24 septembre (l’été sera fini !) l’Économie du couple, le petit dernier de Joachim Lafosse… Deux phrases révélatrices prononcées par Marthe Keller : « Autrefois on savait réparer… aujourd’hui, plus de désir, on jette… » je suis assez d’accord (à quoi bon de si belles déchetteries sinon ? Non, sérieux, c’est un peu triste).
Le dernier week-end de septembre apportera encore sa moisson de belles toiles… Kubo et l’armure magique en ouverture le jeudi, Tinou, un petit bijou bernois avec plein de bons acteurs de chez nous, basé sur un rêve réel que, comme moi, vous allez juste a-do-rer ! Difficile de choisir enfin entre Un Paese Di Calabria, une sorte de conte de fée sur les réfugiés qui pourrait en remontrer à plus d’un… et Moka tourné à Lausanne et environs par le talentueux Frédéric Mermoud avec Emmanuelle Devos et Nathalie Baye, un suspense, je vous dis pas ! Ah, et surtout revenez dimanche soir 2 octobre… Tinou sera projeté à nouveau en présence de son réalisateur, un monsieur fascinant ! Et d’ici là…
Bon films !
Christina
Moka
Réalisateur du déjà très réussi « Complices » en 2008, le Valaisan Frédéric Mermoud aime à subvertir le film de genre. Il le prouve de façon magistrale avec « Moka », un deuxième long-métrage librement inspiré du roman éponyme de Tatiana de Rosnay.
Soignée dans une clinique, Diane (Emmanuelle Devos) ne parvient pas à se remettre de la perte de son fils unique, écrasé par une voiture couleur « moka », dans la région de Lausanne. Elle s’enfuit de l’établissement, à la recherche du conducteur qui ne s’est pas arrêté, mue par la volonté de se venger…
Cette Diane vengeresse ne tarde pas à retrouver le véhicule incriminé et en vient soupçonner, à tort ou à raison, Marlène (Nathalie Baye), qui tient une parfumerie à Evian… Un étonnant et remarquable récit de reconstruction de soi !
Vincent Adatte
Tinou
Dimanche 2 octobre à 20h30, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur et du traditionnel verre de l’amitié.
Après « Bouton » en 2010, documentaire poignant sur une marionnettiste en fin de vie, le réalisateur suisse Res Balzli nous présente son premier long-métrage de fiction, en partie inspiré de la vie de l’homme de théâtre zurichois Johannes Flütsch.
Dans une première partie filmée en noir et blanc, le cinéaste raconte l’histoire de Tinou (Roger Jendly). En attente de recevoir un nouveau foie, il a renoncé à l’alcool et patiente en conversant avec son ami Aschi (Gilles Tschudi) qui rêve de partir en Afrique pour retrouver un fils oublié…
Et le film de se parer de couleurs exubérantes pour narrer le périple africain rêvé par Tinou, alors qu’il est hospitalisé… Entre gravité et fantaisie, une manière de conte de fées contemporain… « Based on a true dream », comme l’annonce un carton ironique au début du film !
Adeline Stern
Kubo et l’armure magique (3D)
Le nouveau film d’animation des studios Laika (Coraline, Les Boxtrolls) est un merveilleux récit d’aventures dont les rebondissements incessants sauront enchanter toute la famille.
Intelligent et généreux, Kubo gagne très chichement sa vie comme conteur dans un village au bord de la mer du Japon. Depuis la mort de son père, un samouraï légendaire, il doit s’occuper de sa mère, jusqu’au jour où il invoque par erreur un démon du passé très peu commode.
Surgissant des nuées, ce mauvais esprit use alors de ses pouvoirs aux dépens des malheureux villageois… À l’aide de son Shamisen, un instrument de musique traditionnel à trois cordes, Kubo va tout faire pour s’opposer à ses menées malfaisantes…
Adeline Stern
Un Paese Di Calabria
Dimanche 25 septembre à 11 h, ce film sera suivi d’une discussion avec la réalisatrice puis, pour ceux qui le désirent, d’un brunch participatif.
Un jour de l’été 1998, un bateau avec deux cents Kurdes à son bord échoue sur la plage de Riace, un petit village de Calabre à moitié déserté par ses autochtones qui ont émigré vers l’Italie du nord.
Touché, son maire décide de céder des logements vides à ces « malheureux » qui ont besoin d’un toit, quelle que soit leur origine ou la couleur de leur peau. Depuis lors, Riace fait figure d’exception en Europe, non seulement en accueillant les réfugiés de façon humaine, mais aussi en les intégrant dans la communauté.
Hélas, à la veille des élections, des politiciens bataillent pour mettre fin à cette utopie réalisée. Le documentaire des réalisatrices Shu Aiello et Catherine Catella donne une réponse imparable à leurs menées haineuses…
Adeline Stern
L’économie du couple
Depuis 2004 et « Folie Privée », le cinéaste belge Joachim Lafosse tourne des films dérangeants, mais toujours empreints d’une grande humanité, à l’exemple de l’impressionnant « A perdre la raison », tiré d’un terrible fait-divers.
Après « Les Chevaliers blancs » en 2014, inspiré de l’affaire de l’Arche de Zoé, Lafosse décrit de façon magistrale dans « L’économie du couple » la désintégration inéluctable d’un couple par l’argent.
Issue d’une famille fortunée, Marie (Bérénice Bejo) a épousé Boris (Cédric Kahn), avec qui elle a eu deux filles. C’est lui qui a réalisé la grande majorité des travaux de la maison qu’elle a achetée. Un jour, s’étant éloignés l’un de l’autre, ils décident de divorcer… La comédie anti-romantique par excellence !
Vincent Adatte
Maggie a un plan
À trente ans et des poussières, Maggie (jouée par la formidable Greta Gerwnig) mène une brillante carrière universitaire. Pour parfaire ce tableau, cette jeune célibataire décide de mettre un enfant au monde en ayant recours à un don de sperme.
Elle rencontre alors John (Ethan Hawke), un professeur d’anthropologie plutôt malheureux en ménage, qui abandonne son épouse manipulatrice (Julianne Moore) pour vivre à ses côtés.
Les années passent et Maggie finit par s’ennuyer dans son couple. Bien décidée à rendre John à son ex-femme, elle élabore alors un de ces plans « infaillibles » dont elle croit avoir le secret… Une subtile comédie de remariage douce-amère, dont les dialogues incisifs ne sont pas sans rappeler Woody Allen.
Adeline Stern
Ben-Hur (3D)
Publié en 1880 par l’écrivain Lewis Wallace, « Ben-Hur, un récit du Christ » est considéré comme le best-seller numéro 1 du XIXe siècle. Dès 1925, le cinéaste américain Fred Niblo l’a porté à l’écran avec Ramon Novarro dans le rôle titre.
En 1959, William Wyler en a tourné une version sonore trépidante où Charlton Heston conduit son char avec dextérité. Multi-oscarisé, le film de Wyler a connu un succès biblique avec près de quatorze millions d’entrées de par le monde !
C’est au tour du transfuge Timour Bekmambetov (Abraham Lincoln, chasseur de vampires, 2012) de narrer l’épopée de Judah Ben-Hur (Jack Huston), un prince accusé de trahison par Messala, son frère adoptif, officier de l’armée romaine… Et en 3D, s’il vous plaît !
Vincent Adatte
Des Musiciens déviants
Depuis 1885, le Schwyzerörgeli, ou accordéon schwytzois, rythme notre musique folklorique. Partout en Suisse, ses adeptes honorent cette version helvétique de l’accordéon diatonique à clavier, inventé en 1829 à Vienne.
Parmi eux, des créateurs de génie rompent les conventions pour renouveler voire réinventer ce folklore qui reste ainsi bien vivant. Dans le dialecte du canton de Schwytz, ils sont appelés les « fremdfötzelige Musikanten », en français : « les musiciens déviants » !
Dans son documentaire, le cinéaste Roger Bürgler tire le portrait de plusieurs de ces affranchis de l’accordéon, dont l’attitude frondeuse ne plaît pas à tout le monde… Fascinant et très musical !
Vincent Adatte
Frantz
François Ozon aime jouer avec les genres cinématographiques pour susciter le trouble, œuvrant aussi bien dans le drame psychologique feutré que dans la comédie grinçante ou encore le fantastique ordinaire…
Après « Angel », il réitère l’expérience du film historique avec une chronique amoureuse salvatrice. Dans une petite ville allemande, peu après la fin de la Première Guerre mondiale, Anna se rend quotidiennement sur la tombe de Frantz, son fiancé mort dans les tranchées de la Somme.
Un jour, la voilà qui rencontre Adrien, un jeune Français venu déposer des fleurs en souvenir de Frantz, son « ami allemand ». Au contact l’un de l’autre, ils retrouvent alors peu à peu leur joie de vivre, suscitant le rejet de leurs proches qui voient d’un très mauvais œil leur rapprochement…
Vincent Adatte