Antoine, étudiant le jour, livreur le soir et banlieusard le reste du temps, croise la route d’une professeure de chant à l’Opéra. Coup de foudre musical. La faussement rigide Mme Loyseau repère en lui un talent lyrique inattendu, qu’elle s’attelle à ciseler. 

Fils du réalisateur des «Ripoux », Claude Zidi Junior arrime à sa comédie une réflexion pertinente sur le déterminisme géographique et social de la France, pointant le fossé qui bée encore et toujours entre la périphérie et les ors du Palais Garnier. 

Michèle Laroque excelle dans le rôle d’une aristocrate lyrique et MB14, rappeur reconnu, démontre un talent d’acteur convaincant. Une jolie surprise!

Jeudi 30 juin à 14h30 (VF)

Dimanche 3 juillet à 20h (VOst)

Adaptée d’une série aussi britannique que mythique, diffusée dans le monde entier, cette séquelle narre toujours les tribulations d’une famille d’aristocrates interprétée par le gratin du cinéma anglais. 

En ce beau jour de 1928, les Crawley et toute leur maisonnée assistent au mariage de Tom Branson, cheville ouvrière du domaine, et de Lucy Smith, fille illégitime de la Comtesse douairière de Grantham (toujours jouée par l’irrésistible Maggie Smith).

Cette union semble ravir les Crawley qui y voient un moyen de régler un délicat problème de succession, alors qu’un cinéaste s’apprête à débarquer à Downton Abbey pour tourner un film muet… So british!

A peine s’est-on remis des trois heures du sublime et oscarisé «Drive My Car», que Ryūsuke Yamaguchi nous revient avec un nouveau chef-d’œuvre de la même finesse, mais très différent dans sa forme.

Une confidence entre amies qui suscite des retrouvailles amoureuses, une machination menant à une troublante rencontre entre une étudiante et un écrivain, et un malentendu, source d’un tête-à-tête inattendu entre deux femmes qui se croient amies d’enfance…

Narrés à la perfection, ces trois contes montrent comment le hasard peut nous défaire de l’illusion que nous maîtrisons le cours de nos vies. D’une intensité discrète, mais ô combien agissante… A voir absolument!

Dans le film, Nicolas Cage est un comédien endetté. De plus, le malheureux est méprisé par sa fille qui lui reproche de lui imposer le visionnage incessant du «Cabinet du Dr Caligari» (l’un des premiers films d’horreur de l’ère du muet), délaissé par son ex, et snobé par son agent expert en propositions minables…

Tout bascule le jour où l’acteur est invité par un pseudo-cultivateur d’olives qui lui propose un million de dollars pour venir animer une soirée à Majorque. Surveillé par la CIA, ce nabab intrigant rêve de faire du cinéma…

Sans nul doute, l’un des films les plus frappadingues de l’année! Il y a fort à parier que cette comédie décalée ait été écrite sous l’emprise de stupéfiants… Jouissif.

Mort d’un cancer en 2016, Philippe Becquelin, alias Mix & Remix, fut sans nul doute l’un des dessinateurs de presse parmi les plus appréciés de son époque. 

Son ami Frédéric Pajak, écrivain et dessinateur lui aussi, lui consacre un portrait ému et émouvant qui prend la forme d’une lettre ouverte. Alternant images d’archives et témoignages de ses proches, Pajak retrace la carrière de cet artiste à l’humour imparable, mû par une conscience aiguë de l’air du temps. 

Le discret Mix & Remix se dévoile post-mortem, en toute pudeur, jusqu’à ce moment de vérité profonde, alors que la mort est proche, où il confie regretter de s’être laissé enfermer dans son personnage médiatique.

Après le déjà très réussi «Messies, ein schönes Chaos» sur les délires inoffensifs de quatre syllogomanes qui accumulent des objets de façon pathologique, le cinéaste suisse Ulrich Grossenbacher fait son retour pour dévoiler une réalité helvétique autrement dramatique. 

Dans ce documentaire aux allures de thriller, nous suivons des inspecteur·trices du marché du travail durant leurs contrôles de routine, qui révèlent des situations inextricables. 

Sur un chantier, dans les cuisines d’un restaurant ou à la porte d’un particulier, le travail au noir s’immisce partout, témoignant d’une misère morale et sociale dont il faut bien admettre qu’elle se déroule sous nos yeux. Éloquent!

Dans un coin de campagne française affluent chaque été plus de deux mille personnes venues de toute l’Europe pour danser nuit et jour, ainsi que le montre ce documentaire merveilleusement virevoltant.

Dansant encore et encore la valse asymétrique, la mazurka, la polka ou le cercle circassien, les protagonistes du film en perdent la notion du temps, bravent leur fatigue et se dépassent physiquement. 

Tourbillonnant, riant et chantant, ils font pulser la vie avec une euphorie et une sensualité qui, à n’en pas douter, conquerront le cœur du public du Royal, lequel sera invité à danser à son tour par l’orchestre Carac, à l’issue de la projection…

Samedi 21 mai à 18h, le film sera suivi d’une discussion avec la réalisatrice.

Après avoir collaboré avec Fernand Melgar sur «Vol spécial» et «L’Abri», la cinéaste romande Elise Shubs a signé en 2017 avec «Impasse» un premier long-métrage documentaire sur la prostitution à Lausanne d’une force et d’une cohérence rares.

Elle revient aujourd’hui au Royal pour présenter une utopie du réel remarquable… Incités à vivre en marge de la société, une vingtaine de personnes venues du Nigéria en Suisse fondent un collectif qu’ils intitulent «Dynamic Wisdom» («Sagesse dynamique»).

Leur but est aussi urgent que vital: ne plus jamais devoir dormir dehors. Mais jusqu’à quand? Entre espoir et désespoir, une histoire de vies suspendues en attente d’un futur meilleur.

Né près de Kamychli au Kurdistan syrien, Mano Khalil s’est fait connaître avec des documentaires comme «L’Apiculteur». 

Après «L’Hirondelle», road-movie sur les disparus en Irak, le cinéaste a choisi de retourner sur la terre de son enfance, dans un village près de la frontière turque, pour une nouvelle fiction tirée du réel, en partie autobiographique.

Au début des années 1980, Sero habite avec ses parents à côté de la maison d’une famille juive. A six ans, il commence l’école, où il est forcé d’apprendre l’arabe, et perd brusquement son insouciance… En résulte le récit tragicomique d’une enfance confisquée par la dictature. Bouleversant!

Vendredi 20 mai à 20h, le film sera suivi d’une discussion avec la Directeur et la Médiatrice des écoles de Ste-Croix.

La séquence d’ouverture du premier long-métrage de la jeune cinéaste belge Laura Wandel impressionne d’emblée. Un frère étreint sa petite sœur en larmes, tremblante à l’idée d’entamer sa première rentrée des classes.

Nora se frotte alors au microcosme scolaire et ne va pas tarder à s’endurcir, même si, impuissante, elle assiste au harcèlement subi par son frère Abel victime expiatoire d’une petite bande de caïds…

Filmé en permanence à hauteur d’enfant, «Un monde» restitue de façon inouïe la société miniature que constitue l’école, huis-clos parfois cruel et révélateur où l’on joue pour de vrai au jeu de l’exclusion, des pactes et des non-dits…