En cette époque où les scénaristes craignent de se voir remplacé·es par des robots narrateurs et en font à juste titre l’un des motifs de leur grève, ce nouveau blockbuster made in Hollywood prend une résonnance particulière…

Dans un futur proche, humains et intelligence artificielle (IA) se livrent une guerre sans merci. Soldat inconsolable après la mort présumée de sa femme, Joshua (John David Washington) est recruté pour anéantir le Créateur…

Au regard de la puissance de nuisance de cette hydre numérique, un simulateur de l’intelligence humaine comme GPT-4 fait figure d’enfant de chœur… La mission est donc de première urgence! 

Wim Wenders s’aventure pour la douzième fois sur le terrain du documentaire. Il retrace ici la carrière d’Anselm Kiefer, figure majeure et respectée de l’art contemporain… Le peintre qui n’oublie rien!

Depuis les années 1960, cet artiste allemand hors-norme travaille en effet la matière sous toutes ses formes, exprimant les désastres et les blessures de l’Histoire de la façon la plus organique. 

Après «Pina», le réalisateur des «Ailes du désir» se réempare du procédé 3D pour restituer le processus mystérieux de la création artistique. Ne ratez sous aucun prétexte cet incroyable périple sensoriel tissé d’images d’une beauté paradoxale. 

Dans ce grand film captivant de bout en bout sur le procès d’un juif laïc d’extrême gauche, qui fait écho au présent, le cinéaste Cédric Kahn nous assoit à la place délicate des juré·es, et révèle les limites de la justice.

À sa manière, Pierre Goldman (joué d’une façon incroyablement habitée par Arieh Worthalter) était une légende. Tumultueuse, à la fois minable et remarquable, l’existence de ce révolutionnaire assoiffé de pureté, mi-flambeur mi-zonard, aurait pu prêter à un biopic romanesque.

À raison, Cédric Kahn a préféré s’en remettre à la complexité du réel, un choix fort qui nous contraint à emprunter le chemin malaisant d’une vérité multiple. 

Pour la troisième fois et pour notre plus grand plaisir, le Britannique Kenneth Branagh porte à l’écran un roman policier de sa compatriote Agatha Christie (1890-1960), nanti d’une belle brochette de stars.

Esseulé et rendu amer par les ravages de la Seconde Guerre mondiale, le célèbre détective belge Hercule Poirot s’est retiré à Venise, tirant un trait définitif sur ses activités d’enquêteur. 

L’ex-limier rondouillard va pourtant reprendre du service le jour où une vieille amie lui demande de l’accompagner à une séance de spiritisme dont elle veut prouver l’imposture… Mâtinée de fantastique, une adaptation au charme «so british» ! 

En 1928, Virginia Woolf signait «Orlando», biographie imaginaire d’un jeune noble anglais de la fin du seizième siècle qui, un matin, se réveillait femme, avant de traverser les âges jusqu’à devenir une romancière à succès, semblable à son autrice. 

Aujourd’hui, le philosophe queer Paul B. Preciado s’approprie ce roman dans un documentaire passionnant en forme de lettre ouverte à l’écrivaine. 

Il y convie 26 personnes trans et non binaires âgées de 8 à 70 ans, autant d’Orlando véritables qui vont tour à tour prêter leurs traits au personnage et y insuffler leur propre vécu… Un geste fort d’une grande portée politique!

Très impressionnant, le deuxième long-métrage du cinéaste français Just Philippot retrace l’exode désespérée d’une famille désunie fuyant des pluies acides ravageuses et mortifères.

De façon audacieuse, le cinéaste évite sciemment toute théorie pseudo-scientifique, se bornant à jeter sur les routes père (Guillaume Canet), mère (Laetitia Dosch) et fille (Patience Munchenbach) qui s’efforcent juste de survivre dans un monde en phase terminale.

En ruisselle une œuvre spectaculaire et très tendue, qui fondera peut-être un nouveau genre cinématographique: le film-catastrophe décuplé par l’éco-anxiété!

Après sa victoire à l'élection présidentielle de 1995, Jacques Chirac (Michel Vuillermoz) investit le Palais de l'Élysée avec sa femme, Bernadette (Catherine Deneuve). Cette dernière veut alors avoir enfin la place qu’elle pense mériter, après être demeurée en permanence dans l'ombre de son mari.

Cataloguée comme ringarde, cette énième «femme de» va alors prendre les choses en main pour devenir une personnalité qui compte, médiatique comme on dit aujourd’hui…

Librement inspiré de la vie de sa protagoniste, le premier long-métrage de Léa Domenach aborde avec drôlerie et finesse le rôle de la «Première Dame» dans un monde d’une misogynie crasse.

Le 15 octobre à 18h, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur.

Né à Delémont, Edwin Charmillot n'a jamais fréquenté d'école de cinéma. Admiratif de l’œuvre de Terence Malick, il aborde le cinéma en parfait autodictate. Ce qui lui réussit très bien, à voir «Momentum», son premier long-métrage, qu’il a réalisé à l’âge de 24 ans. 

Emma (Sarah Bramms), seize ans, vient de perdre sa mère, victime d’un accident de la circulation. Alors que se profilent les vacances d’été propices au farniente, l’adolescente se confronte au travail de deuil…

Frémissante de sensibilité, cette chronique du lâcher-prise a eu l’heur d’être sélectionnée en compétition au Festival de Zurich.

Déjà réalisatrice du remarquable «Miel et cendres», la réalisatrice Nadia Fares récidive de manière encore plus accomplie avec «Big Little Women». 

La cinéaste s’y fait la chroniqueuse sensible de trois générations de femmes égyptiennes en conquête de leurs droits. Sous la forme d’une lettre ouverte adressée à son patriarche de père, elle restitue 75 ans de luttes féministes en Egypte, mais aussi en Suisse, pays de sa mère où elle a grandi.

En résulte un documentaire empli de tendresse et de lucidité, où elle rend hommage au courage de ses paires qui ont usé et usent encore du vélo comme d’un instrument de libération.