Nicolas
L’histoire de l’amour
Formé au théâtre yiddish de Bucarest, Radu Mihaileanu s’est fait connaître grâce à des films très interpellant comme « Train de vie », « Va, vis et deviens » ou encore « Le concert ». Après nous avoir enchanté avec « La source des femmes », un conte féministe, le voilà qui nous livre une romance vibrante de lyrisme.
Dans « L’Histoire de l’amour », Mihaileanu nous raconte en effet l’histoire de Léo, un jeune polonais qui aime Alma, une fille de son village. Lorsque la guerre les sépare, ils se promettent de se retrouver à New York…
Multipliant les allers et retours entre la Pologne de 1940 et le Central Park d’aujourd’hui, Mihaileanu atteint à une belle densité existentielle, tout en suscitant de grandes émotions.
Adeline Stern
Premier contact
Après les éprouvants « Incendies », « Prisoners » ou « Sicario », le réalisateur québécois Denis Villeneuve passe à tout autre chose avec « Premier contact », tiré d’une nouvelle de l’écrivain américain de science-fiction Ted Chiang.
Son huitième long-métrage commence là où finissait « Rencontres du troisième type » (1977) de Spielberg, soit juste avant que le dialogue ne s’engage… Douze vaisseaux extraterrestres (d’immenses monolithes noirs de forme ovoïde) stationnent aux quatre coins du monde.
Les aliens gardant le silence sur leur projet, une linguiste (Amy Adams) est dépêchée pour tenter de traduire leur écriture, composée d’étranges hiéroglyphes dessinés au jet d’encre… Loin de toute hystérie, Villeneuve fait de cette première rencontre une épreuve d’abord redoutée puis enchantée avec, à la clef, une ouverture émerveillée à la connaissance.
Adeline Stern
Jura : Enracinés à leur terre
Mercredi 18 janvier à 20h, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur puis du verre de l’amitié.
Réalisateur de documentaires engagés, en activité depuis 1995, le cinéaste genevois Daniel Künzi s’est fait connaître avec des films comme « Un Suisse à part », « Anarchisme, mode d’emploi » ou encore « La Boillat vivra » sur l’occupation par ses ouvriers de la fonderie de Reconvilier.
Cette fois, le cinéaste s’est attaché, durant une année, aux pas obstinés de paysans des montagnes du Jura qui ont adopté une manière différente de produire et de consommer. Refusant les engrais et les pesticides, qui constituent la règle ailleurs, ils ont opté pour une agriculture biologique.
Malheureusement, l’avenir de ces travailleurs inlassables est loin d’être assuré, menacé par la concurrence internationale, la baisse constante des prix et la politique menée par le parlement fédéral… Le film leur rend hommage !
Adeline Stern
Captain Fantastic
Dimanche 15 janvier à 20h, soirée spéciale « L’école en question », le film sera précédé d’un repas et du film « Primaire ».
En haine de la société consumériste, Ben et sa femme ont tout quitté pour aller vivre dans les bois. Alors que son épouse est à l’hôpital, Ben continue à enseigner à ses six enfants une vie en symbiose avec la nature.
Ainsi, Ben les entraîne à chasser et les incite sans cesse à dépasser leurs limites physiques, tout en leur faisant l’école à sa manière. Malheureusement, leur monde s’écroule quand leur mère décède…
Après une première partie euphorisante qui décrit les joies, mais aussi les limites d’un système éducatif en vase clos, le film et ses néo-Robinsons entament une révolution à l’issue incertaine… Incarné de façon magistrale par Viggo Mortensen, Ben est-il vraiment le « super héros » que le titre suppose ?
Adeline Stern
La fille inconnue
Un soir, en dehors des heures d’ouverture, on sonne à la porte du cabinet médical où pratique Jenny Davin (Adèle Haenel). Celle-ci interdit à son stagiaire d’ouvrir. « Tu ne dois pas laisser les patients te causer une fatigue qui t’empêcherait de bien les soigner », lui explique-t-elle.
Le lendemain, on retrouve non loin de là une jeune femme morte. Elle n’a pu être identifiée par la police, mais la vidéo de surveillance de l’entrée du cabinet montre qu’il s’agit de la personne qui a sonné.
Comprenant les conséquences dramatiques causées par sa décision, Jenny se met à enquêter pour tirer la défunte de son anonymat… Avec « La Fille inconnue », les frères Dardenne persistent et signent dans leur pratique d’un cinéma profondément éthique, antidote souverain à notre découragement.
Adeline Stern
Assassin’s Creed
Le jour de son anniversaire, Callum Lynch (Michael Fassbender) est exécuté dans un lieu secret. Il se « réveille » avec, à ses côtés, la scientifique Sophia Rikkin (Marion Cotillard) qui a tôt fait de lui expliquer qu’il est entre les mains d’Animus, une multinationale ténébreuse, dirigée par son père Alan (Jeremy Irons).
Par le biais d’une invention révolutionnaire qui exploite la mémoire génétique, Animus envoie Callum dans le passé pour qu’il revive les exploits de son ancêtre, un nommé Aguilar, assassin très actif durant l’Inquisition espagnole…
Grâce à une mise en scène inventive, cette transposition du célèbre jeu vidéo homonyme fait mentir l’adage qui veut que l’adaptation d’un « game » donne forcément un mauvais film… Et puis, un début de réflexion sur la force salvatrice de la désobéissance, ça ne peut pas faire de mal !
Vincent Adatte
Primaire
Dimanche 15 janvier à 17h30, soirée spéciale « L’école en question », le film sera suivi d’un repas puis du film « Captain Fantastic ».
Professeure complètement dévouée à ses élèves, Florence (Sarah Forestier) s’efforce d’aider envers et contre tout un petit garçon en difficulté, quitte à délaisser sa vie de mère et de femme, et même à remettre en cause sa vocation d’enseignante…
Lauréate du Léopard d’or en 1999 avec le remarquable « Peau d’homme, cœur de bête », la réalisatrice française Hélène Angel nous livre un quatrième long-métrage qui flirte avec la comédie sociale, mais n’abdique en rien de la singularité et de l’exigence de son cinéma !
Partant, « Primaire » décrit à merveille le marasme de sa protagoniste écartelée entre son quotidien monoparental chaotique, sa passion dévorante pour son métier et son sens très (peut-être trop) poussé de l’altruisme… À découvrir !
Adeline Stern
Edito - 20 décembre 2016
Noël au Balcon (du Jura…)
Qu’est-ce que tu veux pour ton petit noël, me dit mon cher et tendre par-dessus la salade de carottes finement râpée ? Je regarde à la ronde autour de moi ; je suis bien seule dans la pièce… moi ? Euh… ben… faut que je réfléchisse, dis-je en vitesse avant de sortir le « rien » qui me saute à la langue. C’est vrai que je pourrais m’en offrir des choses avec toutes ces offres mirobolantes que je reçois chaque jour dans ma boîte mail, sur ma tablette et sur mon téléphone portable… en cliquant sur « non » ou « non merci » (l’option « va te faire voir » n’étant pas encore banalisée) je me dis chaque fois que j’économise des fortunes, et je comptabilise… Aujourd’hui par exemple, j’ai économisé une voiture à 22’000 frs, hier un grand écran à 2’000 frs, avant hier un robot ménager à 4’000 frs… je me sens incroyablement riche de tout ce dont je n’ai pas besoin… Jouissif aussi le plaisir de contourner l’offre et de la trouver d’occasion (si je veux) ailleurs. Avez-vous remarqué que cette année, les commerçants sont tellement aux abois qu’ils proposent même (je l’ai vu sur les manchettes des journaux) de n’offrir que des cadeaux de seconde main ? Tu pousses le bouchon un peu loin Maurice…
Noël… chaque année c’est la grande bagarre de ceux qui sont pour et ceux qui sont contre… La litanie culpabilisante (noooon, pas du foie gras quand on voit comment ces pauvres bêtes sont traitées !) qui reprendra telle quelle à Pâques (noooon, pas de lapin en chocolat, tu as vu combien ils le font au kilo ?), bref, tout ça pour dire que moi, j’aime bien Noël, pour la raison suivante (comme dirait ma belle-mère), que en cette période de frénésie fiévreuse, j’ai l’impression, pendant de très courts instants ponctuels, que « quelque chose » flotte dans l’air qui ressemble à de l’amour et à un désir de bonne volonté…
Bon, soyons sérieux, pour mon petit noël, je voudrais… que l’équipe soudée du Cinéma Royal – que je remercie au passage pour le travail immense accompli pendant l’année – ne change pas d’un iota… Que notre adorable gérante, Adeline Stern, continue à nous trouver des films géniaux, à nous proposer des événements hors du commun, et à partager régulièrement bon petits plats et verres de l’amitié, bref, tout ce qui fait du Cinéma Royal de Sainte-Croix un endroit hors du commun. Et je sais ce que je dis, la grande voyageuse que je suis n’ayant jamais vu l’équivalent sur aucun des autres continents. Cette fin d’année, comme toutes les autres depuis que je vis ici (donc depuis longtemps), il y aura une sélection de films pour tous les goûts. Depuis l’impressionnant et très intelligent Sully, jusqu’à Aquarius, en passant par Le confessioni, Louise en Hiver et même une Star Wars Story (demandez le programme !).
En fait, moi, pour mon petit noël, ce que je voudrais c’est tout simple c’est… du temps, entre autres pour aller voir tout ça, voilà ! Alors, joyeuses fêtes à tous, bonne et heureuse année 2017 et…
Bons films !
Christina
Paterson
De « Stranger than Paradise » à « Broken Flowers », en passant par « Dead Man », Jim Jarmusch a développé un style à nul autre pareil, mélange contemplatif entre sensibilité américaine et culture cinéphile européenne.
Tournant peu, l’auteur de « Down By Law » nous gratifie aujourd’hui du merveilleux « Paterson », titré à la fois en référence à son personnage, à une ville du New Jersey et au poème de William Carlos Williams…
A Paterson, un chauffeur de bus prénommé Paterson (Adam Driver) mène une vie tranquille avec Laura (Golshifteh Farahani) et leur bouledogue Marvin. Inspiré par son amour pour son amie, sa ville et ses habitants, il noircit les pages d’un carnet secret… Une exaltation bouleversante du quotidien par la poésie !
Adeline Stern
Aquarius
Avec « Toni Erdmann », « Aquarius » du cinéaste brésilien Kleber Mendonça Filho a été l’un des grands oubliés du palmarès du dernier Festival de Cannes… Instantané magistral du marasme dans lequel est plongé le Brésil contemporain, ce film sans concession aurait mérité une palme !
Clara (Sonia Braga) a la soixantaine. Veuve, cette ancienne critique musicale vit à Recife, dans un immeuble singulier, l’Aquarius construit dans les années 1940, sur la très huppée Avenida Boa Viagem qui longe l’océan.
Un promoteur en a racheté tous les appartements ou presque, car Clara se refuse à vendre le sien. Avec un entêtement qu’elle ne s’explique pas, elle résiste à la société immobilière qui la harcèle… Un chef-d’œuvre lumineux, où le passé ne meurt pas, faisant partie intégrante de la vie présente.
Vincent Adatte