Nicolas
Jura : Enracinés à leur terre (en présence du réalisateur)
Mercredi 18 janvier à 20h
Edito - 13 janvier 2017
Un siècle… différent
En lisant ce matin les synopsis des prochains films qui vous seront proposés dans votre cinéma favori, j’ai été frappée par ce mot qui revient sans cesse : « différent ». Et, mémoire rétroactive aidant, je me suis rendu compte qu’à une époque où l’original peine à émerger, où la blasitude règne en maître, où toutes les créations les plus importantes, tant destructrices que novatrices semblaient avoir été d’ores et déjà découvertes, ce mot ressortait néanmoins de plus en plus en souvent un peu partout (films, livres, autres média).
Aimer différemment : L’histoire de l’amour, Le coeur en braille, éduquer différemment : Captain Fantastic, Primaire, survivre différemment : Après la tempête, pardonner différemment : Miséricorde, s’ouvrir à l’autre différemment : Fuocoammare, et tout cela sans parler d’autre chose que de cinéma… S’accumulent ainsi des milliards de gouttes d’eau dans la mer de l’indifférence, du consumérisme à outrance, au milieu des décombres de cette troisième guerre mondiale qui ne veut pas dire son nom (économique) mais qui a fait tant de victimes déjà… Des milliards de gouttes d’eau qui s’érigent lentement mais sûrement en tsunami, qui finira bien un jour par submerger ce monde dont on ne veut plus… J’aime cette résistance, cette révolution silencieuse, en marge des joueurs d’échec ou de monopoly qui manipulent leurs pions sur le grand échiquier planétaire… passez votre tour ! allez en prison sans repasser par la case départ ! J’aime cette résistance et voir mes colocaterriens sortir du rang, et, patiemment, obstinément, opiniâtrement, résolument, défaire les liens de leurs servitudes… Un monde meilleur est en train d’émerger, Anne, ma sœur Anne le vois-tu venir ?
Bonne année à tous et…
Bons films !
Christina
Soirée spéciale « L’école en question »
Dimanche15 janvier
Soirée spéciale « L’école en question »
17h30 Primaire
19h15 Repas (réservation conseillée)
20h Captain Fantastic (VOst)
Prix de la soirée : 35.- (deux films et le buffet). Sinon tarifs habituels pour les films et buffet à 20.-.
Réservation au repas conseillée au 079 797 26 15.
Révolution silencieuse
Les pieds rivés à sa terre, Cédric est un jeune agriculteur qui a décidé de changer radicalement sa vie et sa manière de travailler, au risque de perdre les moyens de faire vivre sa famille et de s’aliéner les habitants de son village.
Abandonnant l’agriculture conventionnelle, il s’est lancé dans une expérience de culture céréalière raisonnée, respectueuse de la nature et du consommateur. Son ouverture d’esprit le pousse à essayer des méthodes intuitives étonnantes, très éloignées des pratiques agricoles habituelles…
La cinéaste suisse Lila Ribi porte sur sa tentative de « révolution silencieuse » un regard solidaire et plein d’empathie, sans faire mystère de la violente réalité de l’industrie agroalimentaire, qui met une pression énorme sur les agriculteurs.
Vincent Adatte
Baccalauréat
Médecin à l’hôpital de Cluj, Roméo a tout fait pour assurer un avenir à sa fille Eliza. Brillante élève, il ne lui reste plus qu’à passer son bac pour être admise à Cambridge. Las, à la veille des examens, elle est agressée à proximité du lycée. Roméo tente alors d’arranger les choses en négociant avec des gens de pouvoir, quitte à se corrompre…
Lauréat de la Palme d’or à Cannes avec « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » en 2007, Cristian Mungiu est le chef de file de ce « nouveau cinéma roumain » dont les réalisateurs rivalisent d’inventivité pour décrire la situation contrastée qui prévaut actuellement dans ce pays.
Avec « Baccalauréat », Mungiu livre un nouveau film sur les mécanismes insidieux de la compromission et leur emprise sur le quotidien… Brillantissime et combien révélateur !
Vincent Adatte
Fuocoammare
A Lampedusa, un petit garçon insouciant vit son quotidien de fils de pêcheurs, alors que des hommes munis de masques de protection convoient des migrants exsangues, quand ils ne repêchent pas leurs cadavres…
À la faveur d’une caméra très observatrice, sans aucun commentaire, le grand cinéaste documentariste italien Gianfranco Rosi nous fait découvrir les natifs de l’île de Lampedusa et ses résidents parqués dans des camps, révélant ainsi toute la distance qui nous sépare de la détresse des migrants.
Pour son réalisateur, « Fuocoammare » (littéralement « la mer en feu ») raconte « les migrants à travers l’île et l’île à travers les migrants », deux mondes qui, comme il l’a découvert au cours du tournage, ne se rencontrent jamais… Indispensable !
Vincent Adatte
Le cœur en braille
Adolescente passionnée de violoncelle, Marie se révèle aussi très douée à l’école, mais elle est en train de perdre la vue. Sympa, mais très peu scolaire, Victor tombe amoureux d’elle, ignorant tout de la maladie dont elle est atteinte.
Petit à petit, à la grande surprise de Victor, Marie se met à l’aider, jusqu’au jour où elle lui révèle son secret. Les deux ados scellent alors un pacte : Victor l’aidera à cacher son état afin qu’elle puisse passer le concours d’entrée au conservatoire…
Avec « Le Cœur en Braille », Michel Boujenah signe un film qui lui ressemble, à lui comme à son cinéma. Une comédie dramatique joyeuse et bienveillante, à la fois amusante et émouvante…
Adeline Stern
Dalida
Pour son sixième long-métrage, la réalisatrice de « LOL » nous livre un portrait biographique de Dalida, l’une des plus grandes icônes de la chanson populaire française, de sa naissance au Caire en 1933 à son suicide en 1987.
Prenant les traits de Sveva Alviti, une quasi inconnue venue du mannequinat, l’interprète de « Gigi l’Amoroso » revit devant la caméra de Lisa Azuelos les grandes heures d’une existence qui semble vouée au malheur, malgré le succès et les sunlights.
Avec brio, la cinéaste restitue ce parcours émotionnellement dévastateur, où les chansons n’effacent pas les déceptions, où l’affirmation de soi contraste avec une fragilité intime bouleversante, entre courage et soumission aux nombreux diktats qui ont porté atteinte aux rêves de la diva. Poignant !
Adeline Stern
Miséricorde
Un camionneur renverse un adolescent amérindien, avant de prendre la fuite, le laissant pour mort au bord de la route, à proximité d’une réserve. Au même moment, après avoir passé trois mois à pêcher au Québec, un inspecteur de la police genevoise s’apprête à rentrer en Suisse.
Passant par hasard sur les lieux de l’accident, cet inspecteur commence à se mêler d’une affaire qui, de prime abord, ne le concerne pas, jusqu’à reporter son départ, mû par une étrange obstination…
Écrit par le scénariste Antoine Jaccoud, d’après une idée du regretté Pierre-Pascal Rossi, le troisième long-métrage de l’excellent cinéaste suisse Fulvio Bernasconi emprunte les voies du thriller pour déboucher sur une puissante méditation sur la culpabilité et la possibilité du pardon.
Vincent Adatte
Après la tempête
Le cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda est l’un des maîtres incontestés du portrait de famille. Comme personne, il sait tout l’art de dénouer les filiations problématiques engendrées par notre époque.
« Après la tempête » constitue son onzième long-métrage, Kore-eda le porte en lui depuis la disparition de ses propres parents… Écrivain raté, Ryota tente de joindre les deux bouts et de payer la pension alimentaire de son fils en travaillant comme détective privé. Las, comme son défunt père, il est possédé par le démon du jeu…
Par petites touches subtiles, le cinéaste parvient à restituer les aspirations manquées de ses personnages… Une nouvelle réussite à la hauteur de « Still Walking » et de « Tel père, tel fils ».
Vincent Adatte