Nicolas
Moskau einfach! (VOst) (coup de cœur !)
En 1989, Viktor Schuler (Philippe Graber), jeune et naïf inspecteur de police zurichoise, doit enquêter sur les soi-disant menées subversives de la troupe du Schauspielhaus, fameux théâtre de Zurich où ont été créées la plupart des pièces de Frisch et Dürrenmatt.
Se faisant engager comme figurant dans « La Nuit des Rois » de Shakespeare, Viktor endosse son rôle de taupe sans états d’âme. Mais l’expérience théâtrale va ébranler ses certitudes…
Très réussie, la nouvelle comédie du cinéaste suisse alémanique Micha Lewinsky s’inspire de l’affaire des fiches qui défraya notre paisible chronique à la fin des années 1980. Lui-même fut fiché à l’âge de quinze ans. Devant faire un exposé sur le Transsibérien, l’élève Lewinsky avait lancé en toute innocence un coup de fil à l’ambassade soviétique, histoire de se documenter !
Tout simplement noir
Jean-Pascal Zadi a grandi en Normandie avant de devenir rappeur, chroniqueur puis réalisateur. Après des films sur le rap, il se révèle aujourd’hui dans une étonnante comédie sur le racisme.
Construit sous la forme d’un faux-reportage, « Tout simplement noir » suit JP (alias Jean-Pascal Zadi), un acteur raté décidé à organiser une manif de protestation façon « Black Lives Matter ». Pour faire le buzz, il tente d’approcher des stars comme Omar Sy, JoeyStarr ou Soprano…
Avec JP et sa dentition imposante, Zadi a créé un personnage burlesque alliant naïveté, générosité, culot et maladresse. Un vrai gaffeur, mais qui n’exclut pas l’intelligence, car « Tout simplement noir » est non seulement un film qui fait rire, mais aussi un brûlot contre l’intolérance, troublant d’actualité !
Dreams
John, un père célibataire, et sa fille, Emma, sont sur le point d’accueillir chez eux la nouvelle compagne de John, Helena, et sa fille, Jenny. Emma en conçoit le plus vif dépit car, pour elle, la famille idéale est composée de son père et… d’elle-même !
Une nuit, dans son sommeil, Emma bascule dans un monde merveilleux. La voilà qui découvre qu’elle a le pouvoir d’entrer dans le monde des rêves et, qui sait, peut-être de changer à sa guise un futur un brin contrariant…
Réalisé par le cinéaste d’animation danois Kim Hagen Jensen, « Dreams » allie fantaisie et finesse psychologique pour aborder de façon sensible et intelligente le thème délicat des familles recomposées.
Les Parfums
Par le passé, Anne Walberg (Emmanuelle Devos) était considérée à l’égale d’une star dans son métier, un « nez » comme on dit dans le milieu de la parfumerie, capable de créer les fragrances les plus subtiles. Las, une perte d’odorat momentanée met à mal la confiance de ses prestigieux employeurs. Depuis, elle vivote de petits contrats moins glamour, comme rendre agréable l’odeur d’une litière pour chat.
Père divorcé, Guillaume (Gregory Montel) est un chauffeur professionnel en recherche de stabilité financière, histoire d’obtenir la garde partagée de sa fille. Chargé de conduire Anne Walberg, cet homme affable va essayer de gagner sa confiance, d’autant qu’il est fasciné par la profession très singulière de sa cliente…
Une comédie attachante qui exhale des senteurs douces-amères très persistantes !
Richard Says Goodbye (VOst)
Professeur de littérature enseignant dans une université réputée, Richard apprend qu’il est atteint d’un cancer incurable, qui plus est en phase terminale. Cet homme en demi-teinte fait alors fi de toutes les conventions pour vivre pleinement le peu de temps qui lui reste encore…
S’octroyant tous les vices et abus (alcool, fumette et sexe), Richard revient paradoxalement à la vie, alors qu’il se sait condamné par la maladie… Dans ce rôle très casse-gueule, Johnny Depp fait merveille, n’hésitant pas à jouer de son physique abîmé par une gloire bien mal assumée.
Pratiquant un humour à froid très incisif, le cinéaste étasunien Wayne Roberts évite parfaitement les chausse-trappes du mélo confit dans les regrets… Rire est bon pour la santé comme disait l’autre !
Love Me Tender (VOst)
Samedi 4 juillet à 18h, en présence de la réalisatrice.
Née à Lima, Klaudia Reynicke a grandi entre New York, Lausanne et… Moutier ! Après des études d’anthropologie, elle s’est formée à l’ECAL et à la Head, avant de s’établir au Tessin où elle a réalisé son premier long-métrage, « Il nido » (2016), une fiction inspirée de l’affaire Luca, un enfant victime d’une mystérieuse agression.
Avec « Love Me Tender », cette cinéaste de tempérament signe l’un des films suisses parmi les plus forts de ces dernières années… À trente-deux ans, Seconda (Barbara Giordano) habite encore avec ses parents retraités. Atteinte d’agoraphobie elle se garde de tout contact avec l’extérieur.
Un jour, la jeune femme trouve enfin la force de sortir de chez elle. Pour se protéger, la voilà qui revêt un justaucorps et en devient une super anti-héroïne inoubliable… Un film déstabilisant, mais combien exemplaire !
Where We Belong (VOst)
Samedi 25 juillet à 18h, en présence de la réalisatrice.
Après avoir consacré ses deux derniers films à des insomniaques en quête de repos (« Goodnight Nobody ») et à trois hommes en recherche de sens (« Almost There), la réalisatrice suisse Jacqueline Zünd a choisi de traiter le thème du divorce, mais à travers le regard et la parole exclusives des enfants.
Elle en a choisi cinq pour essayer de saisir ce qui se passe pour eux lorsque les parents se séparent. Face à sa caméra, ses jeunes protagonistes disent toute la difficulté de comprendre dans ces moments-là quelle est leur place (d’où le titre anglais du film qui, littéralement signifie « où nous appartenons »).
De façon admirable, la cinéaste ponctue ces entretiens avec des scènes de transition chargées d’émotion, saisissant par exemple toute la tension du « changement de parents » sous un soleil de plomb sur un parking d’autoroute.
Where We Belong (VOst) (en présence de la réalisatrice)
Samedi 25 juillet à 18h, en présence de la réalisatrice.
A Beautiful Day in the Neighborhood (VOst) (coup de cœur !)
Fred Rogers est un homme de télévision américain dont le programme éducatif Mister Rogers' Neighborhood a été suivi par des millions de téléspectateurs entre 1968 et 2001. À l’occasion d’un rendez-vous en vue d’écrire un article sur ce sujet, un reporter du magazine Esquire va découvrir un homme à l’opposé de ce qu’il en pensait a priori.
Avec une belle sensibilité, la cinéaste américaine Marielle Heller reconstitue cette rencontre qui voit un journaliste à la plume acérée perdre ses moyens face à un homme qui lui retourne ses questions avec une placidité paraissant à toute épreuve…
Par ce biais et le concours de Tom Hanks, imparable dans le rôle de Fred Rogers, la réalisatrice réussit un portrait nostalgique d’une Amérique fraternelle, très éloignée de celle que le sieur Trump est en train de réduire en cendres.