The Town
Chef d’un gang très organisé, Doug McRay (Ben Afflek) investit avec ses complices une grande banque de Boston. Souffrant d’hyperactivité, l’un des braqueurs tabasse un employé puis prend en otage la directrice de l’établissement (Rebecca Hall), le temps de semer la police.
Benda Bilili!
Samedi 13 novembre, dans le cadre de l’événement «Quand la vulnérabilité devient force…», le film sera précédé d’un repas et suivi d’une discussion.
Présenté à Cannes, en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs, le documentaire «Benda Bililli!» a créé l’évènement. Partis en 2004 en reportage à Kinshasa, les réalisateurs français Florent de la Tullaye et Renaud Barret découvrent dans la rue le Staff Benda Bilili, un groupe de musiciens incroyables.
Atteints de la poliomyélite, ces derniers se déplacent sur des tricycles de fortune et jouent devant les restaurants avec des instruments faits de bric et de broc. Instaurant un lien de confiance, les deux cinéastes vont les filmer sur plusieurs années, de leur premier enregistrement (dans le zoo abandonné de la capitale du Congo) à une tournée internationale retentissante.
Fasciné, le spectateur en oublie complètement la facture parfois sommaire du film pour s’éprendre de cette communauté improbable qui rassemble musiciens handicapés, adolescents perdus et enfants des rues, tirant du malheur une énergie vitale qui force l’admiration.
Adeline Stern
Yo, También
Samedi 13 novembre, dans le cadre de l’événement «Quand la vulnérabilité devient force…», le film sera suivi d’une discussion et d’un repas.
Daniel est né avec le syndrome de Down. A trente-quatre ans, il est le premier trisomique européen à avoir obtenu un diplôme universitaire. Licencié en psychopédagogie, il a trouvé un emploi dans un centre social de Séville. C’est là qu’il tombe amoureux de Lola, une collègue à l’âme rebelle…
Après avoir abordé la question des déficiences mentales dans leur court-métrage («Un de plus, un de moins»), les réalisateurs Alvaro Pastor et Antonio Naharro réussissent le pari risqué de tourner une fiction très documentée sur la trisomie, en évitant parfaitement l’écueil voyeuriste et sentimentaliste habituellement réservé aux films traitant ce genre de sujet.
Elu personnalité de l’année par le quotidien espagnol El Pais en 2004, Pablo Pineda interprète dans «Yo también» («Moi aussi») son propre rôle avec un talent remarquable d’expressivité. Il vient rappeler avec force que tout le monde mérite une place au sein de la société… Une œuvre émouvante et combien nécessaire!
Vincent Adatte
Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu
Sur le point de fêter ses septante-cinq ans, Woody Allen nous fait cadeau de son quarante-troisième long-métrage, une comédie réjouissante qui croque avec tendresse les aléas du troisième âge «moderne».
En couple depuis plus de quarante ans et retraités de longue date, Helena (Gemma Jones) et Alfie (Anthony Hopkins) vivent leur vieillesse de façon très différente. L’une s’efforce d’accepter son âge avec sérénité, alors que l’autre s’échine dans son club de gym pour conserver une forme hypothétique. Cédant au démon de midi, Alfie décide de divorcer d’Helena, très, trop confiant en ses capacités séductrices…
En miroir à cette séparation, qui réservera son lot de surprises, le cinéaste campe deux autres personnages, plus jeunes, mais aussi en proie au désabusement. Il s’agit de Sally (Naomi Watts), la fille d’Alfie et d’Helena, mariée à Roy (Josh Brolin), écrivain médiocre… Avec la sagesse acide de sa génération, Allen démontre que l’illusion et le mensonge aident parfois à bien vieillir!
Adeline Stern
Le voyage extraordinaire de Samy
A peine sortie de son œuf sur une plage californienne, une petite tortue rencontre l’âme sœur, en est aussitôt séparée, avant de la retrouver après un long et lent périple, dont le sous-titre qui apparaît au générique révèle toute l’ampleur («Le tour du monde en cinquante ans»).
Au cours de sa longue quête, notre charmant reptile de la famille des ectothermes (qui a la voix, reconnaissable entre toutes, de Dany Boon) va être confronté à bien des prédateurs, mais aussi aux dommages irrémédiables que l’homme inflige en toute irresponsabilité à l’océan: pêche à la baleine, marée noire, flottille de sac en plastique, pollution…
Deuxième long-métrage de son auteur, l’expérimenté cinéaste belge Ben Stassen, «Le voyage extraordinaire de Samy» allie intelligemment fable écologique et courses-poursuites très spectaculaires… En résulte un film d’animation bien mené, qui ne prend pas les enfants pour des imbéciles décervelés!
Adeline Stern
Cleveland contre Wall Street
Vendredi 29 octobre, le film sera présenté en présence du cinéaste et suivi d’une discussion et du verre de l’amitié.
Après avoir reçu un très bon accueil à Cannes, le quatrième long-métrage du cinéaste suisse Jean-Stéphane Bron été couvert d’éloges à sa sortie en France. C’est que son documentaire, d’une intelligence rare, s’attaque à un véritable fantasme: obtenir justice face aux puissants!
Rappelons l’enjeu: suite au scandale des «subprimes» qui l’a dévastée, au sens le plus littéral du terme, la ville de Cleveland a porté plainte contre vingt-et-une banques de Wall Street. Hélas, le procès n’aura sans doute jamais lieu… Jean-Stéphane Bron s’emploie alors à ce que le cinéma pallie la justice défaillante.
Formant un jury, convoquant sept témoins, un juge et deux avocats, Josh Cohen, à l’origine de la plainte, et Keith Fisher, défenseur du système, le réalisateur de «Mais im Bundeshuus» / Le génie helvétique» met alors en scène un «vrai faux» procès fascinant, où la fiction rejoint vraiment la réalité. Avec à la clef, un verdict qui laisse songeur!
Vincent Adatte
Entre ciel et terre
En 2006, Christian Labhart a consacré un documentaire sur une classe de l’école Steiner s’attaquant à l’exécution du Requiem de Mozart. Quatre ans plus tard, le réalisateur alémanique revient plus directement sur la question de l’anthroposophie avec «Entre ciel et terre».
Au cours d’un périple nous menant d'Egypte en Suède, en passant par l’Allemagne et la Suisse, le film rencontre en effet plusieurs personnes qui s'engagent activement dans l’anthroposophie ou, au contraire, ont quitté ce mouvement contesté, le considérant comme sectaire.
Entre fascination pour un univers parfois ésotérique et refus de cet univers, le cinéaste raconte l’histoire d’une ambivalence. En donnant la parole aux tenants des thèses éthiques et économiques de Rudolf Steiner, développées il y a plus d’un siècle, et (plus rarement) à ses contradicteurs, il laisse le spectateur se faire sa propre opinion…
Vincent Adatte
Le premier qui l’a dit
Ferzan Ozpetek est né en Turquie. Gay, il a quitté son pays natal peu ouvert à la différence sexuelle, pour se former au cinéma en Italie, une contrée à peine plus respectueuse en la matière. Cela ne l’empêche pas de signer depuis plus de dix ans des mélodrames et des comédies où il revendique le droit à vivre son homosexualité.
Etudiant en littérature dans une université romaine, Tommaso est en visite à Lecce, sa ville natale. De fait, il s’est décidé à faire son acting out lors du grand dîner familial où il est prévu de régler la succession paternelle. Las, à l’instant même où il va prendre la parole, Antonio, son frère aîné, le devance en annonçant aussi son homosexualité…
Indigné, le patriarche a juste le temps de bannir à jamais Antonio du clan, avant de subir une attaque cardiaque. Vu les circonstances, Tommaso choisit de différer son annonce… Avec générosité, Ozpetek recycle la comédie à l’italienne chère aux années septante pour en appeler à plus de tolérance.
Adeline Stern
Mange, prie, aime
Produit et interprété par Julia Roberts dont c’est le grand retour, «Mange, prie, aime» est adapté du livre autobiographique à succès de la journaliste et romancière Elizabeth Gilbert.
Modèle de réussite à l’américaine, Liz est pressée par son mari riche et aimant de fonder une famille. Désireuse de se réaliser autrement, l’écrivaine entre en crise, entreprend une procédure de divorce ruineuse, croit retrouver l’amour dans les bras d’autrui, avant de perdre le goût de vivre! Après un sursaut salvateur, elle se décide à prendre alors une année sabbatique, histoire d’essayer de se reconstruire.
Entreprenant un voyage qui l’entraînera tour à tour en Italie, en Inde et à Bali, Liz se soumet aux trois impératifs catégoriques énoncés par le titre. N’en disons pas plus, sinon qu’elle prendra dix ou douze kilos en trop en fréquentant les meilleures pizzerias transalpines, avant de les perdre en méditant dans un ashram…
Himalaya - Le chemin du ciel
Samedi 16 octobre, le film est précédé, dès 19h, par le vernissage de l’exposition « Tibet, ne pas oublier », œuvres de Roger Moret.
Parlant couramment le tibétain, l’ethnologue française Marianne Chaud a séjourné pendant trois mois dans une communauté de moines bouddhistes de la région isolée du Zanskar, à près de quatre mille mètres d’altitude. Elle en est revenue avec un documentaire passionnant, tout d’humilité et d’une grande beauté.
Centrant son propos sur les enfants du monastère de Phuktal, elle s’attache plus particulièrement aux pas de Kenrap qui, à huit ans, est considéré comme la réincarnation d’un vieux moine. Au quotidien, elle décrit les différentes activités de son jeune protagoniste, mélange paradoxal de sagesse et de spontanéité enfantine.
Assurant elle-même le commentaire, la cinéaste assume la dimension subjective de son entreprise, rendant le caractère à la fois universel et singulier du rapport au monde et à l’existence des membres de la «gompa», qu’elle filme avec respect, mais sans jamais verser dans l’hagiographie… Une réussite!
Vincent Adatte