Arthur (Terence Stamp) et Marion (Vanessa Redgrave) forment un couple de retraités londoniens très uni, en dépit de leurs caractères diamétralement différents. Alors que Marion se montre toujours positive et très sociable, Arthur râle contre tout et rien, fâché avec la terre entière!

Le vieux bougon sait toutefois se montrer dévoué en amenant sa femme, très affaiblie par un méchant cancer, aux répétitions d’une chorale dont il n’apprécie guère les reprises pop pleine de peps. Ce grognon invétéré semble aussi complètement insensible au charme d’Elisabeth (Gemma Arterton), la jeune femme qui dirige avec une bonne humeur pourtant très communicative cet ensemble vocal pas comme les autres.

N’en disons pas plus, sinon que des circonstances dramatiques vont l’obliger à sortir de sa carapace… Débordant d’émotions, ce mélo sensible et ponctué de chansons allègres nécessitera sans doute l’usage répété de quelques mouchoirs. Nous voilà avertis!

Vincent Adatte

Premier long-métrage de l’acteur Dustin Hoffman, «Quartet» constitue l’adaptation d’une pièce de théâtre, elle-même inspirée du documentaire «Il Bacio de Tosca» (1984) du regretté cinéaste suisse Daniel Schmid.

Paisible maison de retraite nichée au cœur de la campagne anglaise, Beecham House accueille des musiciens et chanteurs d’opéra à la retraite. Le quotidien de trois pensionnaires est bouleversé par l’arrivée de Jean Horton, une impétueuse diva. Reginald, Wilfred et Cissy ne la connaissent en effet que trop bien. Autrefois, ils formaient avec elle un ensemble vocal de réputation internationale.

Las, l’ambition démesurée de Jean avait ruiné leur amitié et mis un terme à leur collaboration. En dépit des blessures du passé, ils vont tenter de la convaincre de reformer leur quatuor, à l’occasion du gala annuel de Beecham House… A septante-cinq ans, Dustin Hoffman réussit à merveille son passage derrière la caméra, porté par une distribution étincelante!

Adeline Stern

Film muet accompagné en direct par Jean-Yves Poupin.

Presque entièrement raconté du point de vue d’un gosse de dix ans, une première dans l’Histoire du Septième Art, «Visages d’enfants» est sans conteste le chef-d’œuvre de la période muette de notre cinématographie helvétique.

Le cinéaste d’origine belge Jacques Feyder («Crainquebille», «La Kermesse héroïque») a réussi à maintenir ce point de vue inédit pour l’époque tout au long de l’intrigue, en faisant preuve d’un sens de la psychologie enfantine absolument sidérant! Traumatisé par la mort de sa mère, le petit Jean Amsler ne peut se résoudre à voir son père se remarier et refaire sa vie. Sa résistance désespérée va prendre des proportions dramatiques…

Tourné de juin à novembre 1923 et, pour sa plus grande partie, en extérieurs dans le Val d’Anniviers, ce témoignage inestimable de ce que pouvait être la Suisse montagnarde d’autrefois sera accompagné en toute émotion par le pianiste émérite et non-voyant Jean-Yves Poupin, nouvel habitant de notre belle commune.

Adeline Stern

Samedi 6 avril à 18h, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur puis du verre de l’amitié.

Lauréat du quartz du meilleur film de fiction suisse avec «Jeux d’été» en 2012, Rolando Colla a suivi pendant huit ans les trois protagonistes de son documentaire «Une vie meilleure est ailleurs». Ceux-ci ont pour point commun d’avoir essayer de changer d’existence en gagnant de nouveaux horizons.

Infirmière de son métier, Andrea a toujours voulu quitter la Suisse. Après avoir rencontré un Turc dont elle est tombée amoureuse, elle part avec lui en Turquie dans l’espoir d’ouvrir un petit hôtel… Soldat de l’armée bosniaque, Enver s’est retiré dans les montagnes de Sarajevo à la fin de la guerre. Vivant au milieu de ses moutons, il souhaite trouver une femme pour mettre fin à sa solitude…

Médecin-chef dans une clinique psychiatrique, Emilio veut quitter Cuba où il se sent opprimé. Un jour, cet amateur de hard-rock peut enfin partir en mission en Bolivie… Au fil des années, le cinéaste documente ces trois rêves d’un «meilleur ailleurs», mis à l’épreuve par la vie elle-même. Passionnant!

Vincent Adatte

A la fin du mythique «Magicien d’Oz» (1939), la petite Dorothy démasquait dans le Palais d’Emeraude la supercherie de l’enchanteur grâce à son chien Toto. Réalisateur talentueux, le cinéaste américain Sam Raimi en propose aujourd’hui une «préquelle» très jouissive.

Autrement dit, le réalisateur de la trilogie «Spider-Man» nous raconte ce qui a bien pu se passer avant que ne commence l’histoire imaginée par le romancier L. Frank Baum, en s’attachant plus particulièrement aux antécédents du personnage de l’imposteur.

Nous sommes en 1905 au Kansas, un médiocre prestidigitateur fuit l’ire d’un mari jaloux en se réfugiant dans une montgolfière. Pris dans une tornade, il atterrit dans une contrée inconnue. Il y rencontre alors une jeune femme persuadée qu’il est le magicien qui, selon la prophétie, libérera le monde d’Oz des maléfices d’une terrible sorcière! Comment vivre sans illusions, en sachant que tout est truqué, telle est la grande question que pose en creux le cinéaste…

Vincent Adatte

L’entrée est offerte aux cockers ainsi qu’à leur «maître» !

Publiée dès 1959 par le dessinateur Jean Roba, la bande dessinée «Boule et Bille» a fait rire des générations d’enfants, avec ses gags développés sur une page. Ex-scénaristes des «Guignols de l’info», Alexandre Charlot et Franck Magnier en ont imaginé la version cinématographique en situant les facéties du toutou bienaimé en 1976.

Dans sa cage certifiée SPA, un jeune cocker fait les yeux très doux à un petit garçon aussi roux que lui, selon l’adage qui se ressemble s’assemble… L’enfant unique a tôt fait de persuader papa (Frank Dubosc) et maman (Marina Foïs) d’adopter ce chien irrésistible et la petite famille agrandie s’en revient en Citroën deux chevaux à la maison…

Boule et Bill deviennent rapidement inséparables, comme peut en témoigner le malheureux facteur qui fait sa tournée dans le quartier… Destinée à toute la famille, cette aimable comédie fera japper de joie petits et grands. Et la tortue Caroline est une vraie star!

Vincent Adatte

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants… Pour son quatrième long-métrage, toujours écrit à quatre mains avec son ex mais toujours complice Jean-Pierre Bacri, la cinéaste Agnès Jaoui est parti de la conclusion canonique des contes de notre enfance qui, selon ses propres mots, «va un peu vite en besogne»!

Une fois que l’on a rencontré son prince ou sa princesse, que l’on a refermé le livre, «il se passe quoi?»… Pour répondre à cette question un brin douce-amère, la réalisatrice du «Goût des autres» (2000) a tourné «Au bout du conte», une comédie chorale qui s’interroge une fois encore sur la nécessité et l’absurdité de toute croyance.

Grand amour, destin tout tracé, signes annonciateurs, cette fantaisie contemporaine où Jaoui endosse le rôle d’une Fée des Lilas façon Jacques Demy («Peau d’âne») recèle plus d’une centaine de références à nos contes favoris, plus ou moins reconnaissables selon les cas, à l’exemple de Benjamin Biolay en loup irrésistible… En résulte un enchantement des plus lucides!

Vincent Adatte et Adeline Stern

Coréalisé avec Tom Twyker («Cours, Lola, cours»), le nouveau film des désormais frère et sœur Andy et Lana (ex-Larry) Wachowski est tiré du roman de David Mitchell, paru en français sous le titre «Cartographie des nuages». Animée par une ambition folle, cette épopée temporelle entraîne le spectateur à travers six aventures différentes, mais interprétées par les mêmes acteurs qui se réincarnent en autant de personnages ou presque.

Partant, le sixième long-métrage des auteurs de la trilogie «Matrix» nous enchevêtre par le biais d’un montage parallèle saisissant dans une expédition maritime esclavagiste en 1849, une enquête sur un sombre projet nucléaire en 1972, une rébellion de femme clones en 2144 en Corée du Sud, etc.

Chaque histoire est narrée par le protagoniste de la suivante. Distribués sur cinq siècles, acteurs et actrices rivalisent en maquillages, changeant même parfois de race, pour nous démontrer que chaque action, bonne ou mauvaise, conditionne toujours notre avenir!

Vincent Adatte

Auteur en 2010 d’un documentaire passionnant consacré à deux emblèmes du hard-rock devenus manutentionnaires («Story of Anvil»), le réalisateur Sacha Gervasi s’attaque aujourd’hui à une icône de l’histoire du cinéma pour son deuxième long-métrage de fiction: Sir Alfred Hitchcock (1899-1980) en personne, créateur du suspense au sens le plus pur de l’expression.

«Hitchcock» reconstitue une étape-clef de la carrière du réalisateur de «L’Ombre d’un doute». Nous sommes à la fin des années cinquante, le cinéaste anglaise impose à la Paramount l’adaptation de «Psychose», un roman de Robert Bloch. Avec un budget modeste, Hitchcock va délivrer une œuvre capitale, qui parachève son grand dessein: la maîtrise absolue du spectateur, dont découle la notion même de suspense.

Non sans jubiler, le cinéaste révèle tous les tenants et les aboutissants de ce chef-d’œuvre absolu avec un Anthony Hopkins qui ne laisse pas d’impressionner dans le rôle-titre!

Vincent Adatte

Comme il l’a déjà fait pour «Terre et cendres», son film précédent, Atiq Rahimi adapte ici l’un de ses propres romans, Prix Goncourt en 2008… Nous sommes à Kaboul. Un homme gît sur un matelas dans une chambre bleu ciel. Il est tombé dans le coma, fauché par une  balle qu’il a reçue en pleine colonne vertébrale.

Après avoir caché ses enfants dans la maison close de sa tante, sa jeune femme revient à son chevet à intervalles réguliers. Sans trop savoir pourquoi, elle commence à lui raconter ses secrets les plus intimes, comme à une «pierre de patience» qui, selon la légende, absorbe tous les dires avant d’exploser…

Le deuxième long-métrage du cinéaste et écrivain franco-afghan constitue un plaidoyer aussi vibrant que subtil en faveur des femmes musulmanes opprimées, servi par l’interprétation de l’actrice iranienne Golshifteh Farahani («A propos d’Elly»), laquelle confère une intensité extraordinaire à son personnage se libérant par la parole… Un grand coup de cœur!

Vincent Adatte