20 TÉMOIGNAGES DE CINÉASTES SUISSES
Fabienne Abramovich (réalisatrice)Il est vital de conserver des salles de cinéma de proximité avec à l'affiche des films suisse et des films du monde entier.
Lieu de rencontre convivial pour la population locale, le Cinéma Royal doit exister pour continuer à faire partager un art, une vision de la vie, loin de toute question mercantile.
Merci à l'énergie d'Adeline Stern !
Anne Gonthier (réalisatrice)Le pire, pour un film et son équipe, ce n’est pas de ne pas être aimé, c’est de ne pas être vu…
Combien en effet de projets, miraculeusement arrivés au bout du parcours d’obstacle que représentent chez nous la production et la réalisation d’un film, des projets rêvés et construits sur des années à force de conviction, de patience et d’obstination - et qui finalement n’ont pas l’occasion de rencontrer leur public, ou si peu, si furtivement… Le goulet d’étranglement, aujourd’hui, c’est bien les salles: il y a trop de films pour le nombre de spectateurs disponibles… Alors c’est la loi du plus fort, du plus « gros », du plus riche en moyens de production et de promotion - à ce jeu notre cinéma est trop souvent le grand perdant.
Heureusement, il existe des exploitants de salle passionnés et prêts à prendre le risque d’inviter, de défendre, de promouvoir nos oeuvres. Ce sont nos alliés essentiels, c’est grâce à eux, grâce à des salles comme le Royal de Ste-Croix, qu’un cinéma d’ici peut continuer à vivre dans le coeur et la tête des spectateurs - et pas seulement dans des statistiques annuelles de production…
Que vive le Royal, longtemps - et je reviendrai avec le même bonheur y présenter mon prochain film!
Thierry Spicher (producteur)On ne le dira jamais assez : voir un film ou aller au cinéma n’est pas la même activité... Allez au cinéma c’est prendre rendez-vous avec des inconnues pour partager des émotions intimes dans cet espace public protégé qu’est la salle. Allez au cinéma, c’est être accueilli, c’est pouvoir compter sur l’attention de toute une petite communauté qui a choisi le film, qui œuvre pour le projeter, qui maintient une salle ouverte et le fait savoir.
Rares sont aujourd’hui les espaces où, avec des inconnues ou des proches, il est possible de pleurer, rire, crier, s’écrier, s’étonner, s’énerver, s’indigner, s’émouvoir sans être pris pour un fou ou une folle...
Rares sont en fait les endroits où notre communauté peut se constituer au plein sens du terme...
Le Royal, depuis de nombreuses années et pour de nombreuses années, espérons-le, est l’une de ces salles où il fait bon passer, où il fait bon passer ses films, où il fait bon voir des films, où il faut bon rencontrer ses semblables.
Alors que sont généreusement octroyés des centaines de milliers de francs afin de soutenir des événements consuméristes ou de prestigieuses Institutions citadines, le manque d’aide auquel des équipes engagées comme celle du Royal doivent faire face est vraiment navrant. C’est injuste. C’est stupide. Et c’est humiliant pour celles et ceux qui se dépensent sans compter. Il est quelque peu déprimant de constater à quel point le bon sens manque actuellement aux décideurs.