Adaptant «Juliette, les fantômes reviennent au printemps, un roman graphique de Camille Jourdy, la réalisatrice de «Aurore» et de «Annie Colère» nous gratifie de l’un de ses films tendre et lumineux dont elle a le secret.

Filmé en prises de vues réelles, hormis une séquence d’animation, son quatrième long-métrage voit Juliette, jeune illustratrice de livres pour enfants, quitter la ville pour retrouver sa famille durant quelques jours.

Entre un père pudique, une mère artiste survitaminée, une grand-mère qui perd pied et une sœur débordée par un quotidien chronophage, Juliette ne sait plus où donner de la tête, d’autant que refont surface des secrets de famille…

Comédienne de cœur du cinéaste français Christophe Honoré, qui l’a déjà dirigée à six reprises, la trop rare Chiara Mastroianni est au centre de l’un des films les plus fascinants de la compétition cannoise.

Chiara est actrice. Fille bien réelle de Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve, elle décide un jour qu’elle devrait plutôt vivre la vie de son père disparu, se prêtant corps et âme au jeu, comme si elle était devenue son fantôme.

S’habillant comme lui, arborant une fine moustache, elle fait preuve d’un tel mimétisme que son entourage finit par y croire et se met à l’appeler «Marcello», sa mère y compris… Ô combien émouvant!

Projeté en ouverture à Cannes, «Le Deuxième acte» ne dépare en rien la folle filmographie de l’un des cinéastes les plus passionnants du moment.

Florence (Léa Seydoux) est folle amoureuse de David (Louis Garrel). Elle a hâte de le présenter à son père (Vincent Lindon). Las, David n’éprouve aucune attirance pour Florence et n’a de cesse de vouloir la jeter dans les bras de son ami Willy (Raphaël Quenard).

A partir de cette trame, qui fait penser à une piètre pièce de boulevard générée par quelque stupide intelligence artificielle, le cinéaste développe un propos déstabilisant au possible, nouant de façon inouïe autodérision et sens du tragique.

Dans les années 2000, à Khartoum. Alors que s’intensifie le conflit au Soudan, deux esseulées se rencontrent: Mouna, ancienne chanteuse nord-soudanaise musulmane empêchée de chanter par son mari, et Julia, jeune mère chrétienne venue du Sud.

Deux êtres, que tout semble séparer, mais qu’un drame va rapprocher. Peu à peu naît entre Mouna et Julia une complicité secrète, qui va faire fi des hommes, de leur autorité, de leur racisme et de leur sectarisme…

Rarement, on aura vu film plus subtil et saisissant de beauté sur ce qui peut exister à bas bruit dans une société patriarcale où les femmes n’ont pas voix au chapitre!

En 2015, George Miller avait sidéré la planète cinéma avec son époustouflant «Mad Max: Fury Road». L’Australien poursuit sa saga postapocalyptique pour narrer les origines de Furiosa, héroïne inoubliable du précédent opus.

Kidnappée lorsqu’elle était enfant par un redoutable seigneur de guerre, la jeune femme s’engage dans une odyssée vengeresse…

L’hypnotique Anya Taylor-Joy prend avec brio le relais de Charlize Theron dans le rôle-titre, tandis que Chris Hemsworth s’en donne à cœur joie en antagoniste frappadingue. Toujours aussi inventif à bientôt quatre-vingts ans, George Miller orchestre un spectacle total, d’une folie furieuse.

Quand le riche patron de Justine lui demande d’organiser un séjour romantique sortant de l’ordinaire, celle-ci y voit l’occasion de se faire de l’argent. Avec son mari et ses ami·es fauché·es, elle échafaude un plan malin.

En faisant mine de ne pas se connaître, la fine équipe propose aussitôt une croisière fluviale ponctuée d’astuces pour faire raquer un maximum le boss…

Fort de son regard à la fois caustique et plein de légèreté sur notre époque obnubilée par le profit, le réalisateur et acteur français Bruno Podalydès réussit une nouvelle comédie burlesque en digne émule du regretté Jacques Tati.

Second volet après «Sur l’Adamant» du sidérant triptyque documentaire que le réalisateur de «Être et avoir» a consacré à la folie, «Averroès et Rosa Parks» tire son titre de deux unités de soin de l’hôpital Esquirol, ex-asile de Charenton fondé en 1641.

Nicolas Philibert ouvre ce deuxième épisode avec une vision aérienne de l’établissement, filmée par un drone. Dès les plans suivants, il nous y enferme en auditeur·trices libres confronté·es à des patient·es qui s’échinent de façon bouleversante à mettre des mots sur leur mal-être.

Si «Sur l’Adamant» valorisait leur imaginaire et leur créativité, «Averroès & Rosa Parks» décrit leur quête désespérée d’une normalité hélas fantasmée... Intense!

Samedi 15 juin à 18h, Le chant de la baleine stellaire (concert), suivi du film.

Alliant technologie numérique et des instruments traditionnels, la musicienne et compositrice Ingrid Obled nous propose en solo une plongée musicale et imagée dans les profondeurs océaniques à la rencontre des baleines «stellaires».

Ce concert des plus envoûtants sera suivi de la projection du documentaire «Les Gardiennes de la planète», consacré à ces cétacé·es menacé·es d’extinction.

Une baleine à bosse s'est échouée sur un rivage isolé. Alors qu'un groupe d'hommes et de femmes s’efforce à la sauver, le film retrace l'histoire extraordinaire de ces mammifères essentiels à l’écosystème de notre planète depuis plus de cinquante millions d’années…

Relancée au début des années 2010, la franchise simiesque s’est donnée pour mission de raconter comment les singes ont réussi à dominer le genre humain, donc bien avant l’arrivée de Charlton Heston et de sa dramatique découverte de la Statue de la liberté ensevelie…

Ce «Nouveau Royaume» succède à une trilogie qui nous a narré la saga de César, un chimpanzé sage et avisé, celui-ci finissant par régner, et sur les hommes et sur ses congénères…

Trois cents ans plus tard, Proximus, singe cruel et tyrannique a pris sa place. Hommes et femmes sont revenu·es à l’état sauvage, perdant leur langage. Jusqu’au jour où Noa, un jeune primate aspirant à vivre en paix, croise une étrange humaine…

Mercredi 12 juin à 20h, en présence de Matthias Zschokke.

Réalisé par Matthias Zschokke, réalisateur et romancier suisse de grand talent, ce film historique très original restitue entre documentaire et fiction la vie mouvementée de son arrière-arrière-grand-père.

Né à Magdebourg en 1771, Heinrich Zschokke émigre à l'âge de vingt-quatre ans en Suisse, le pays de ses rêves. Ami de Kleist, pédagogue, écologiste avant l’heure, père de treize enfants et poète célébré à son époque, il va participer de manière prépondérante à la fondation de ce que l’on appelait alors la République suisse.

Non sans audace, son descendant cinéaste joue avec le passé et le présent, le film proprement dit et ses coulisses, pour nous en restituer la biographie méconnue.