dimanche, 30 novembre 2008 19:52

CLIENTE

Judith (Nathalie Baye) est en pleine réussite professionnelle, mais vit seule depuis son divorce. Productrice d’une émission de téléachat très lucrative, elle pallie sa solitude affective en se payant une à deux fois par mois les services de jeunes gens qu’elle recrute sur le Net. Ce caprice indispensable à son équilibre lui en coûte 300 euros l’après-midi. Judith assume parfaitement son «vice», au grand dam de sa sœur Irène (Josiane Balasko) réalisatrice de son émission et indécrottable romantique.

Tout se précipite le jour où Judith se met à fréquenter Patrick (Eric Caravaca), un nouveau gigolo rencontré à la terrasse d’un bistrot. S’appelant en réalité Marco, ledit Patrick éprouve en effet pour sa cliente une attirance grandissante, qui n’est pas sans troubler l’esseulée…

Pour la petite histoire, sachez que Balasko a eu l’idée de Cliente voilà déjà quelques années. A l’époque, les producteurs n’en avaient pas voulu, effarouchés par un argument jugé scandaleux. Nullement désarmée, l’ex-égérie de la troupe du Splendid en a fait alors son premier roman. Publié en 2004, l’ouvrage a remporté un tel succès que l’humoriste cinéaste a pu facilement financer sa transposition sur le grand écran.

Vincent Adatte

lundi, 17 novembre 2008 14:32

Darling

Dans le cadre de la journée internationale contre la violence faite aux femmes, le Cinéma Royal vous propose un film choc, suivi d’une discussion et précédé d’un repas concocté par le Zonta Club Sainte-Croix balcon du Jura.

Scénariste de ses films, la réalisatrice française Christine Carrière adapte avec Darling de façon très âpre le roman noir homonyme de Jean Teulé, hélas basé sur une histoire vraie. Ce faisant, elle change diamétralement de registre! Nous sommes en effet très loin de la tendresse aigre-douce de Rosine (1995), description attentionnée de la relation problématique entre une mère de trente ans et sa fille adolescente.

Dès l’enfance, Darling (Marina Foix) n’a vraiment pas été épargnée par la vie. Tour à tour fillette mal-aimée, adolescente boulotte, jeune femme battue, elle a pourtant lutté sans relâche pour décider de sa vie. Soucieuse d’échapper à un destin provincial assez désespérant, Darling tombe dans les bras d’un routier qui l’enlève dans son beau camion.

Las, le prince charmant se révèle être une ordure alcoolique de la pire espèce (Guillaume Canet), qui abuse d’elle et la frappe comme plâtre. Commence alors pour Darling un véritable chemin de croix, les événements se retournant régulièrement contre elle. A chaque fois, la malheureuse se relève pourtant et s’efforce encore de croire à sa bonne étoile avec une candeur digne d’Amélie Poulain, mais aussi une force vitale qui force l’admiration!

Adeline Stern

lundi, 17 novembre 2008 12:50

Quantom of Solace

Avis aux nostalgiques de l’espionite élégante, James Bond n’est plus ce qu’il était. Mais il n’est pas sûr que l’on perde au change! Depuis 1962, l’agent au service de sa Majesté rétablissait avec un flegme très british l’équilibre géopolitique menacé par des méchants grandioses. Même s’il cédait souvent à l’appel de la chair, 007 faisait preuve en toute circonstance d’un sens du devoir indéfectible. Cette époque rassurante est révolue.

La métamorphose coïncide avec l’apparition de Daniel Craig, sixième acteur à endosser l’identité de Bond, succédant aux Sean Connery, George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton et Pierce Brosnan. Entre nous, ce nouveau pli était déjà pris dans Casino Royale (2006) où Craig, mis à rude à épreuve, faisait montre de faiblesses inconnues de ses prédécesseurs, brûlant d’un amour sincère pour une belle qui le trahissait avant de mourir dans un palais vénitien dévasté.

D’emblée, le numéro 22 de la série transgresse l’un des principes de la saga née de la plume de Sir Ian Fleming, en s’inscrivant comme une suite directe à Casino Royale, du jamais vu, dans le sens où, naguère, chaque film valait pour lui-même. Pleurant la mort de son aimée, Bond devient pure vengeance, voué à la seule réalisation de son dessein, au risque de se faire désavouer par sa hiérarchie.

Vincent Adatte 
lundi, 17 novembre 2008 12:18

La Forteresse

Le cinéaste suisse d’origine espagnole Fernand Melgar a passé deux mois au Centre d’enregistrement et de procédure de Vallorbe. Sans commentaire ni interviews, le réalisateur capte des instants de l’existence des demandeurs d’asile dont le séjour ne dépasse pas soixante jours, le temps d’une procédure qui leur permettra peut-être d’obtenir un statut de réfugié. D’une grande profondeur, son documentaire a l’immense mérite de restituer cette problématique dans toute sa complexité, sans angélisme, ni parti pris.

Léopard d’Or à Locarno, La forteresse fait apparaître à la deuxième vision tout le bien-fondé de la démarche d’un réalisateur qui, enfant, avait rallié la Suisse de façon clandestine, avec ses parents travailleurs saisonniers. Avec une caméra toujours à hauteur des hommes et des femmes qu’il filme, Melgar construit son document comme une fiction nuancée, n’opposant jamais les requérants et les «fonctionnaires» chargés de déterminer leur destin.

Certaines séquences, absolument authentiques, resteront longtemps gravées dans la mémoire, à l’exemple de la visite du Père Noël ou celle, cruelle, du fauteuil roulant qu’il faut bien reprendre, donnant matière à un final dont le symbole ne laissera personne indemne!

Vincent Adatte

lundi, 17 novembre 2008 12:12

Le crime est notre affaire

Cinéaste français de talent, Pascal Thomas tourne depuis plus de trente ans des films à l’humour narquois, d’une légèreté de ton qui n’exclut pas la profondeur, à l’exemple de Pleure pas la bouche pleine (1972) ou  Les Maris, les femmes, les amants (1989) brillant marivaudage estival. Féru de littérature policière, Thomas est un passionné d’Agatha Christie. Après Mon petit doigt m’a dit (2005) et L’Heure zéro (2007), il adapte pour la troisième fois l’un des ouvrages de la créatrice de l’ineffable Hercule Poirot.

Le colonel Bélisaire Beresford (André Dussollier) et sa femme Prudence (Catherine Frot) prennent du repos dans leur château. Lorsqu’une tante belge un peu toquée (Annie Cordy) leur raconte le crime dont elle a été témoin, Bélisaire reste sceptique, alors que Prudence commence l’enquête, n’hésitant pas à se faire embaucher comme cuisinière dans une inquiétante demeure! Commis aux taches ménagères (dont le repassage) et un brin jaloux de son épouse très entreprenante, le mari popote ne tarde pas à se mêler de l’affaire…

Multipliant les clins d’œil au spectateur, le cinéaste se moque affectueusement des polars d’antan, avec un mauvais esprit de très bon aloi. Un divertissement plein de finesse et de fantaisie à déguster comme un pur malt…

Adeline Stern

mardi, 28 octobre 2008 13:21

Faubourg 36

Guitariste classique, Christophe Barratier a abandonné la musique pour travailler dans la maison de production de son oncle Jacques Perrin où il œuvre sur des films comme Microcosmos ou Le peuple migrateur. En 2004, Barratier passe à la réalisation et décroche la timbale avec Les choristes. Le temps de digérer ce succès monumental, il nous revient avec Faubourg 36, un éloge chanté et dansé de la solidarité.

Trompé et quitté par sa femme, le brave Pigoil (Gérard Jugnot) perd son job de régisseur de théâtre puis la garde de son fils. Mais l’arrivée du Front populaire de Léon Blum en 1936 ranime toutes les convictions… Sus à la mouise! Menés par Milou (Clovis Cornillac), syndicaliste pur et dur, Pigoil et des ouvriers au chômage occupent le music-hall racheté par un truand cynique et xénophobe.


Unis dans l’espoir, Pigoil et sa troupe de déshérités font lors le pari de relancer la salle en créant un nouveau spectacle. Suant sang et eau pour y parvenir, ils peuvent compter sur la fraternité des habitants du faubourg et le talent d’une jeune chanteuse, belle comme un cœur à prendre… Une comédie en chansons qui rend hommage aux poètes du vieux Paris (Carné, Prévert, Brassaï) et redonne foi en notre avenir.


Adeline Stern

mardi, 28 octobre 2008 13:17

Vicky Cristina Barcelona

Après avoir tourné trente-huit films à New York, le septuagénaire Woody Allen a pris le chemin de l’Europe, un exil qui s’assimile pour notre plus grand plaisir à un véritable bain de jouvence. Quittant les frimas londoniens, où il a tourné ses trois derniers longs-métrages, le réalisateur de Manhattan (1979) rallie aujourd’hui la péninsule ibérique pour nous narrer une espagnolade irrésistible.

Un beau matin, à l’aéroport de Barcelone, débarquent deux belles jeunes femmes. Elles ont été invitées par des parents éloignés à passer l’été dans la ville. Brune élégante, Vicky (Rebecca Hall) est une étudiante réservée et fiancée, qui termine un mémoire sur l’identité catalane. Blonde explosive, Cristina (Scarlett Johansson) est nettement plus épidermique, en quête d’expériences nouvelles.


A peine arrivées, les deux voyageuses voient les événements s’accélérer, suite aux avances troublantes de Juan Antonio (Javier Bardem) un peintre ténébreux et exalté, mais encore très lié à son ex-femme Maria Elena (Penélope Cruz), bien que celle-ci a pourtant failli le trucider… Jouant sur l’accumulation des péripéties et le retournement des situations, Allen nous propose une nouvelle fantaisie douce-amère mais terriblement vivante sur l’inconstance des sentiments.


Adeline Stern

mardi, 28 octobre 2008 13:09

Retour à Gorée

Cinéaste documentaire de talent, Pierre-Yves Borgeaud a jadis rédigé un mémoire de licence en lettres intitulé Le jazz dans le roman. Passé au cinéma, Borgeaud a consacré plusieurs films à cette musique. Primé aux Visions du Réel de Nyon, ovationné à Locarno, Retour à Gorée a été initié par Youssou N’Dour, star éclairée du m’balax sénégalais.


Le point de départ du film est des plus symboliques: Gorée, un îlot au large de Dakar, qui fit office pendant plus de trois cents ans de centre de transit pour des millions d’esclaves en partance pour l’Amérique. Ce n’est un secret pour personne, le jazz puise ses racines dans cette tragédie d’une ampleur terrible…


Partant de ce lieu chargé de malheur, Youssou N’Dour remonte aux sources. De Gorée, à Atlanta en passant par La Nouvelle-Orléans et New York, il revisite l’histoire de la musique dite «noire», s’engloutit dans la mémoire de la culture afro-américaine, affronte le paradoxe d’un métissage qui rappelle de façon impérieuse (pour qui sait écouter) ses origines dramatiques. Dans ses bagages, le prodige sénégalais ramène à Gorée une pléiade de musiciens avec lesquels il joue un concert emblématique, qui constitue l’apothéose de ce «road-movie» musical souvent bouleversant.


Adeline Stern

mardi, 28 octobre 2008 13:03

Œil ouvert en prison

5 courts-métrages réalisés par des détenus de l'Etablissement de la Plaine de l'Orbe (VD). Atelier animé par la cinéaste Denise Gilliand.


"Gros cauchemar" un film de Pedro Toledo
Art et essai. 3 minutes 36. Version française.
"La vie d’une patate" un film de Hervé Barbezat
Documentaire. 16 minutes 31. Version française.
"A l’époque" un film de Jean Anken
Documentaire. 7 minutes 40. Version française.
"Pourquoi Bernhard, pourquoi !» un film de Bernhard Baeriswyl
Documentaire. 8 minutes 07. Version française.
"La liberté c’est..." un film de Olivier
Art et essai. 5 minutes 50. Version française.
mardi, 28 octobre 2008 12:54

Article 43

A la précieuse initiative de l’Association Prélude, qui s’efforce de favoriser la culture en prison, la cinéaste documentaire Denise Gilliand a animé un atelier «cinéma» pendant une année aux établissements pénitentiaires de la plaine de l’Orbe. Deux soirs par semaine, elle a initié à la technique cinématographique neuf détenus qui ont pu tourner cinq courts-métrages dans ce cadre.


Avec pudeur et sensibilité, la réalisatrice des Bas-fonds (2000) a documenté cette expérience exceptionnelle, en s’imposant comme règle de ne pas chercher à connaître les délits commis par les participants à l’atelier. Mais certains d’entre eux ont fait l’objet d’une condamnation assortie d’un article de loi, qui les contraint à un internement d’une durée indéterminée…


Après la projection de Article 43, le public pourra découvrir les cinq courts-métrages réalisés dans le cadre du projet Œil ouvert en prison. Le résultat est parfois inattendu, et témoigne souvent d’une sincérité bouleversante, à l’exemple de l’aigle allégorique de Pedro, enfermé derrière ses barreaux. D’autres ne laissent rien transparaître de leur condition, comme Hervé qui, travaillant dans les champs, raconte «La vie d’une patate» avec la rigueur et le détachement d’un vrai professionnel.


Vincent Adatte

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