Nicolas
Chris the Swiss
Le samedi 22 septembre à 18h, le film sera suivi d’une discussion avec la réalisatrice puis du verre de l’amitié.
Formée à la Haute école d’Art et de Design de Lucerne, la réalisatrice suisse Anja Kofmel a réalisé avec « Chris The Swiss » un premier long-métrage d’animation documentaire absolument remarquable.
En janvier 1992, son cousin, un jeune journaliste suisse, est retrouvé mort en Croatie, revêtu d’un uniforme de mercenaire. Des carnets de notes sont rapatriés avec son corps…
Mêlant dessins animés, prises de vues réelles et images d’archives, la cinéaste s’efforce de percer le mystère de sa disparition, malgré les années qui ont passé. En résulte une enquête passionnante, véritable thriller de la mémoire, à la beauté funèbre.
Vincent Adatte
Blakkklansman
C’est peu dire que Spike Lee réussit un formidable retour avec « BlacKkKlansman » : Grand Prix du Jury, ovationné à Cannes, Prix du public à Locarno, son 23e long-métrage constitue une vraie réussite pulsée par la colère et une ironie assassine.
De fait, ce brûlot est tiré d’un fait-divers à peine croyable ! En 1978, Ron Stallworth (John David Washington, fils de Denzel) est le premier officier de police afro-américain à intégrer la police de Colorado Springs.
Le jeune flic reçoit alors pour mission d’infiltrer un groupuscule lié aux Black Panthers. Généreux dans l’effort, le pied-tendre décide de faire de même avec l’antenne locale du Ku Klux Klan, en proposant son adhésion… Une tragi-comédie aux échos hélas très contemporains !
Vincent Adatte
Every Day
Adapté d’un best-seller « Young adult » de David Levithan, « Every Day » raconte l’histoire de Rhiannon, une adolescente timide (Angourie Rice), qui tombe amoureuse d’A, un être qui se déplace à travers le corps de plusieurs habitants de la région.
À l’âge du premier amour, A doit changer de corps tous les jours, fille ou garçon, asiatique ou afro-américain, sans qu’il n’en ait le choix, gardant la mémoire de toutes ses enveloppes corporelles grâce à Instagram… Mais comment l’expliquer à Rhiannon ?
Tout comme le livre de Levithan, le film déploie une jolie méditation sur la différence qui ne devrait jamais constituer un frein au sentiment…
Adeline Stern
Amori che non sanno stare al mondo
Fille d’un cinéaste italien légendaire, Francesca Comencini adapte avec « Les amours qui ne peuvent appartenir à ce monde » l’un de ses propres romans, non sans brio.
Universitaires, Claudia et Flavio se sont aimés, longtemps et avec passion. Hélas, leur couple a fini par éclater. C’est Flavio qui a provoqué ce séisme. Pour Claudia, leur histoire n’aurait jamais dû s’arrêter ! Confrontée à l’inéluctable, elle s’efforce alors de se reconstruire, de croire en la possibilité d’un nouveau départ…
Une comédie sentimentale empreinte de féminisme, toute d’ironie et de lucidité.
Adeline Stern
L’envol de Ploé
Brrr, le terrible hiver islandais approche ! Pour les pluviers (plus communément appelés les oiseaux de pluie), il est grand temps de commencer la grande migration vers le sud.
Hélas, le petit Ploé ne sait pas encore voler. Abandonné par les siens, il décide de traverser à pied, pardon à patte, la « terre de glace » pour tenter de rejoindre un lieu plus hospitalier.
En chemin, l’émouvant volatile va se lier d’amitié avec un compagnon d’infortune dont les ailes ont été abîmées… Un film d’animation à plumes tout mignon et accessible aux plus jeunes.
Adeline Stern
My Lady (The Children Act)
Juge très respectée à la Haute Cour de Londres, Fiona Maye s’attache à faire primer l’intérêt de l’enfant, comme le stipule le Children Act voté au Royaume-Uni en 1989.
À la veille d’un week-end, elle reçoit une requête urgente : un médecin demande à la justice de l’autoriser à soigner de force un adolescent atteint de leucémie. Témoin de Jéhovah, Adam refuse en effet toute transfusion sanguine. Fiona va devoir trancher…
Un film d’une grande finesse psychologique où Emma Thompson, sidérante dans le rôle de Madame la juge, prouve qu’elle est bien l’une des plus grandes actrices de notre temps.
Vincent Adatte
Burning
Adapté d’une nouvelle de Murakami, « Burning » consacre le grand retour de Lee Chang-dong, immense réalisateur sud-coréen s’il en est ! Depuis le sublime « Poetry » (2010), cet écrivain et homme politique passé au cinéma n’avait plus rien tourné…
Partant pour l’Afrique, une jeune femme confie son chat à son voisin, un simple coursier amoureux d’elle et aspirant à devenir écrivain. À son retour, elle lui présente son petit ami très friqué qui a un curieux passe-temps : il est pyromane !
Peu après, la jeune femme disparaît, laissant les deux jeunes gens face à face. Et le triangle amoureux de se transformer en un sidérant thriller existentiel… Sans conteste, l’un des plus beaux films vus à Cannes cette année !
Vincent Adatte
L’espion qui m’a larguée
Embrigadées malgré elles par les services secrets comme espionnes, deux copines malchanceuses reçoivent pour mission de mettre à l’abri un objet mystérieux qui pourrait entraîner la fin du monde.
Embarquées dans un périple à travers l’Europe, Audrey (Mila Kunis) et Morgan (Kate McKinnon) sont poursuivies par une armada de mâles violents et survoltés, à laquelle elles échappent grâce à leur maladresse endémique…
Réalisé par Susanna Fogel, « L’espion qui m’a larguée » constitue une parodie féministe du film d’espionnage, dont la drôlerie repose sur l’inadaptation de ses deux protagonistes à l’univers ô combien macho de ce genre cinématographique.
Adeline Stern
Photo de famille
Deuxième long-métrage de Cécilia Rouaud, « Photo de famille » est une comédie chorale plus aigre que douce, sur une famille en état de décomposition avancée, jugez plutôt…
Gabrielle, Elsa et Mao sont frères et sœur, mais font tout pour s’éviter. Gabrielle (Vanessa Paradis) fait la statue pour les touristes, à la grande honte de son fils adolescent. Elsa (Camille Cottin) peste urbi et orbi, désespérant de tomber enceinte. Mao (Pierre Deladonchamps) noie sa dépression dans l’alcool et la psychanalyse.
Leurs parents (Jean-Pierre Bacri et Chantal Lauby) ? Mieux vaut ne pas en parler ! Un triste événement va pourtant forcer les uns à renouer avec les autres… pour le meilleur ou pour le pire ?
Vincent Adatte
La tierra y la sombra
Premier long-métrage d’un jeune cinéaste colombien pétri de talent, « La Tierra y la Sombra » (à traduire par « la terre et l’ombre ») est un film admirable, dont le final se révèle tout simplement prodigieux.
Sur une route caillouteuse, enserrée par des plantations de canne à sucre s’étendant à perte de vue, un homme chemine, une valise à la main. Dix-sept ans après avoir abandonné sa famille, Alfonso revient pour revoir son fils malade…
Par le biais de plans-séquences d’une beauté confondante, le cinéaste va peu à peu révéler les raisons qui ont incité Alfonso à pareil exil, alors que gronde une révolte de coupeurs…
Vincent Adatte