mardi, 21 avril 2009 16:00

Le Déjeuner du 15 août

Cetterésurgence de la mythique «comédie à l’italienne» constitue le premier long-métrage du co-scénariste de Gomorra. Prix de la première œuvre au dernier Festival de Venise, Le déjeuner du 15 août inscrit son action dans la Rome désertée de la Fête de l’Assomption. Vidée de ses habitants qui profitent de cette journée de congé pour aller à la plage ou à la campagne, la Ville Eternelle n’abrite plus que ses laissés-pour-compte…

Vieux garçon, Gianni (joué par le réalisateur) fait partie du lot. Sans emploi, il habite avec sa vieille mère. Dans la mouise, Gianni et sa maman ont accepté d’accueillir chez eux des personnes âgées, en échange de rabais substantiels sur quelques factures restées en souffrance. Délaissées par leurs familles en ce beau jour férié, ces petites vieilles s’attablent donc chez Gianni pour déguster un vrai repas de fête…

Par petites touches assassines, le réalisateur croque avec une tendre méchanceté ses mamies superfétatoires, dressant un réquisitoire subtil contre une société minée par l’individualisme. Ce faisant, il renoue non sans bonheur avec les traditions acerbes de la «comédie italienne» dont les Risi, Comencini, Monicelli et autre Scola furent les rieurs inoubliables.

Adeline Stern

mardi, 21 avril 2009 15:57

The Reader

Réalisateur de Billy Elliott (2000), le Britannique Stephen Daldry a transposé à l’écran le best-seller de Berhnard Schlink. Publié en Allemagne en 1995, Le liseur constitue une tentative passionnante et controversée de conjurer l’oubli de la Shoah par le biais de la littérature.

Divorcé et amer, Michael Berg (Ralph Fiennes) essaye de renouer avec sa fille. Hanté par un secret qui lui pèse, il se livre via un retour en arrière qui nous ramène en 1958. Alors âgé de quinze ans, Michael (David Kross) a un malaise en pleine rue. Il est secouru par une inconnue de trente-six ans, Hannah Schmitz (Kate Winslet), qui travaille comme contrôleuse de tram. L’adolescent revient chez elle pour la remercier. Loin de le congédier, Hannah l’initie à l’amour et à la sexualité.

De son côté, à la demande sans cesse renouvelée de son amante, Michael lui fait régulièrement la lecture, lui lisant aussi bien les grands classiques que des bandes dessinées. Mais leur liaison prend fin de façon brutale, par la disparition de la jeune femme. Huit ans plus tard, Michael étudie le droit et suit le procès retentissant intenté contre des anciennes gardiennes des camps de concentration nazis. Bouleversé, il reconnaît alors Hannah au banc des accusées…

Adeline Stern

mardi, 21 avril 2009 15:55

Face au juge

Vendredi 15 mai, ce film sera projeté en présence du réalisateur et suivi d’un débat.

Pour la première fois en Suisse, une équipe de tournage a pu filmer le travail en audience d’un juge d’instruction. Tourné sur plus d’une année, entre novembre 2007 et janvier 2008, à Lausanne et Yverdon, le premier long-métrage documentaire de cinéma du réalisateur Pierre-Alain Sauter se déroule dans sa totalité ou presque en huis clos dans le bureau du juge d’instruction vaudois Jean-Claude Gavillet.

Avec l’accord des justiciables, le cinéaste a pu couvrir 83 audiences dont il nous propose la synthèse par le biais d’un montage toujours respectueux de la réalité. Pour mémoire, le juge d’instruction a pour mission d’établir les faits découlant des plaintes et arrestations. A cette étape de la procédure, il est en relation directe avec les prévenus, avec juste la greffière qui prend le procès-verbal de l’audience.

Notamment réalisateur pour la remarquable série belge «strip-tease», Pierre-Alain Sauter tire de ce réel brut la matière à une comédie humaine où l’émotion la plus vive côtoie l’humour involontaire, traduisant l’absurdité ou le malheur attachés à certaines existences. Une plongée mémorable dans notre système de justice présenté en première mondiale aux Visions du Réel à Nyon.

Vincent Adatte

mardi, 21 avril 2009 15:53

Harvey Milk

Samedi 9 mai : Soirée thématique. Ce film sera précédé d’un repas et suivi d’un débat en présence d’invités.

Cinéaste américain farouchement indépendant, Gus Van Sant sort du bois, sans doute ulcéré par la récente et calamiteuse votation qui a interdit le mariage entre homosexuels en Californie. Portant ce projet en lui depuis une décennie, il passe à l’acte en retraçant les huit dernières années de la vie d’un héraut impavide de la cause gay.

A la fois portrait d’une génération et d’un individu mû par l’idée d’un destin, le nouveau film du réalisateur de Paranoïd Park (2007) commence en 1970, au moment où Harvey Milk simple agent d’assurance, croise dans le couloir du métro new-yorkais le regard de Scott Smith (James Franco). S’exilant avec son partenaire à San Francisco, une ville déjà plus clémente avec les homosexuels, il va devenir là-bas un véritable emblème…

Six ans plus tard, Milk est élu au conseil municipal de San Francisco et devient le premier homme politique revendiquant ouvertement son homosexualité. Un an plus tard, il tombera sous les balles d’un collègue, père de famille et élu d’une circonscription ouvrière… Avec une belle révérence, Gus van Sant met en évidence la force de conviction, l’humanité et la fragilité de son protagoniste, auquel Sean Penn prête ses traits et son immense talent.

Vincent Adatte

mardi, 21 avril 2009 15:49

X-Men Origins : Wolverine

«Spin off» cinématographique (produit dérivé) de la fameuse saga transformiste X-Men Origins: Wolverine lève le voile sur la genèse de l’un des protagonistes les plus acérés du groupe des mutants éduqués par le défunt professeur Xavier, expert en télépathie. Après avoir intégré le programme militaire Weapon X, qui transforme les mutants en armes vivantes, Wolverine (Hugh Jackman) n'a de cesse de retrouver les crapules qui ont tué son père et la femme qu'il a aimée plus que tout… Gare aux coups de griffes!

Adeline Stern

mardi, 21 avril 2009 15:46

Marcello Marcello

Samedi 2 mai «Rencontre d’un Cinéaste» : Denis Rabaglia. Le film sera précédé d’un repas et suivi d’une discussion.

Présenté sur la Piazza Grande à Locarno, le troisième long-métrage de fiction du réalisateur valaisan Denis Rabaglia a suscité des critiques élogieuses, louant les audaces romantiques d’une comédie baignée de couchers de soleils. Quand on le cuisine un peu, le réalisateur d’Azzuro (2000) s’irrite de cette réduction flamboyante, à raison, car cette fable, sous ses oripeaux idylliques, dresse un réquisitoire que ne saurait adoucir son ancrage imaginaire…

Sur une île italienne, les garçons qui désirent gagner le cœur d’Elena, la fille du maire, doivent se soumettre chaque année à une bien étrange pratique. Au prétendant qui lui offrira le plus beau des présents, ce père despote daignera accorder un rendez-vous galant avec sa fille. Fou amoureux d’Elena, Marcello croit avoir trouvé le parfait cadeau, le coq du voisin, dont le chant réveille chaque matin l’édile furax.

Pour obtenir le bruyant volatile, Marcello se lance alors dans une course au troc et contre la montre pleine de saveur. Il n’empêche, les relations intergénérationnelles dépeintes par Rabaglia ne sont pas des plus roses. Au-delà du trompe-l’œil de la carte postale insulaire, du côté vintage «années 50», le spectateur perçoit un vrai malaise, à mettre en relation avec les errements de l’Italie actuelle.

Vincent Adatte

mardi, 21 avril 2009 15:26

OSS 117 : Rio ne répond plus

Créé par l’écrivain Jean Bruce en 1949, Hubert Bonnisseur de la Bath, alias OSS 117 constitue le prototype du héros franchouillard typique des «trente glorieuses»: chauvin, machiste et infatué de sa propre personne, ersatz risible de la mentalité empreinte de colonialisme de l’époque.

En 2006, le réalisateur français Michel Hazanavicius l’a fait renaître tel un phœnix ridicule dans OSS 117, Le Caire, nid d’espions, pastiche admirable de la sottise incurable de l’homme d’action. Dans le rôle de l’agent secret, Jean Dujardin n’était pas en reste, parodiant à la perfection la dégaine et la diction des acteurs virils «à la française», chers aux années soixante!

Avec OSS 117 : Rio ne répond plus, le cinéaste et son acteur remettent aujourd’hui le couvert, en poussant le bouchon encore un peu plus loin… Nous sommes en 1967. Au service du Premier ministre Pompidou, l’intraitable Hubert Bonnisseur pourchasse toujours les anciens criminels nazis, mais flanqué cette fois d’une belle équipière œuvrant au Brésil pour le Mossad. Après les musulmans, c’est au tour des juifs de passer au crible de la bêtise crasse de OSS 117… Un véritable régal où le sexisme et le racisme sont déjoués avec une rare élégance!

Adeline Stern


Samedi 28 mars à 9h50 au Royal de Sainte-Croix


Séance exceptionnelle "POP-CORN"! Un événement proposé par la TSR et le club de cinéma La Lanterne Magique!

Y seront présentés une douzaine de courts-métrages dont celui qui vient de recevoir le quartz 2009 (Tôt ou tard de Jadwiga Kowalska) en présence des cinéastes et de nombreux invités.

Des invitations pour l’événement TSR de samedi 28 Mars à 9h50 sont disponibles sur simple demande :

  • à la papeterie Crayonnage (Sainte-Croix)
  • au Journal de Sainte-Croix

Ou en téléphonant au secrétariat du journal la Région du Nord Vaudois au 024 424 11 55

Et pour en savoir encore plus : 079 797 26 15

mardi, 17 mars 2009 16:38

Welcome

Après avoir marché quatre mille kilomètres, un jeune kurde irakien arrive à Calais et grossit le flux des clandestins qui rêvent de gagner la terre promise, en l’occurrence l’Angleterre. Avec quelques compagnons d’infortune, Bilal (Firat Ayverdi) tente de passer le Channel caché dans un camion. Leur tentative échoue, par sa faute.

Traumatisé par les tortures qu’on lui a fait subir, Bilal ne supporte pas le sac en plastique qu’il doit mettre sur la tête pour tromper les détecteurs de CO2. Arrêté puis relâché, il reste coincé, comme tant d’autres, dans le cul-de-sac de Calais, au milieu d’une population souvent hostile… Philippe Lioret filme ce prologue de manière quasiment documentaire, posant d’emblée les conditions et l’enjeu de son sixième long-métrage.

Pour toucher le public, le réalisateur de Je vais bien, ne t’en fais pas relève ensuite le pari risqué du romanesque, de l’affectif. En fait, Bilal a une bonne raison d’aller à Londres: amoureux, il veut sauver sa belle du mariage forcé auquel elle est promise. Décidé à traverser la Manche à la nage, il convainc Simon (Vincent Lindon), un maître-nageur, de lui enseigner le crawl. En instance de divorce, Simon accepte, dans l’espoir de reconquérir sa femme (Audrey Dana), très engagée dans l’aide aux migrants…

Vincent Adatte

mardi, 17 mars 2009 16:36

Gran Torino

De la projection du vingt-neuvième long-métrage de Clint Eastwood, l’on émerge étreint par une émotion identique à celle qui nous avait saisis au sortir de Million Dollars Baby, à la différence près que ce cinéaste bientôt octogénaire a administré à Gran Torino une sacrée dose d’autodérision.

Le film commence dans une église de la banlieue de Détroit: vétéran de la guerre de Corée, ouvrier à la retraite des Usines Ford, Walt Kowalski enterre sa femme. Droit dans ses bottes, Walt grogne des imprécations contre ses petits-enfants délurés, le trop jeune curé en charge de l’oraison. Plus tard, sur la terrasse de sa baraque où flotte la bannière étoilée, il déverse sa bile sur ses nouveaux voisins, des «bridés», des «faces de citron», morigénant ce quartier «américain» devenu un ghetto pour immigrants démunis.

L’opinion du spectateur sur ce «Polak mal torché» semble faite: infréquentable, fait d’un bloc de haine et de ressentiment! En un peu moins de deux heures, le réalisateur d’Impitoyable va alors accomplir une démonstration éblouissante, en amenant ce personnage irrécupérable à une rédemption insoupçonnée… On n’en dira pas plus, sinon que ce chef-d’œuvre se termine par un climax dévastateur pour le spectateur, conférant à ce drôle de drame une dimension crépusculaire.

Adeline Stern

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