lundi, 27 janvier 2014 12:41

12 Years a Slave

Après l’impressionnant «Hunger» (2008), qui retraçait la grève de la faim de l’activiste irlandais Bobby Sands, et «Shame» (2011), chronique exacerbée de l’addiction sexuelle, le cinéaste Steve McQueen aborde avec «12 Years Slave» le thème de l’esclavage.

Loin des fastes vengeurs du «Django Unchained» de Tarantino, McQueen a adopté une approche de son sujet très différente, s’appuyant sur une reconstitution historique minutieuse et d’autant plus dénonciatrice! Inspirée d’une histoire vraie, son troisième long-métrage narre les infortunes d’un jeune afro-américain né libre dans un état abolitionniste.

Nous sommes en 1841, soit vingt ans avant le début de la guerre de Sécession. Solomon Northup (Chiwetel Ejiofor) vit paisiblement avec sa famille dans l’Etat de New York. Violoniste, il est un jour engagé par un cirque en tournée. Alors qu’il joue à Washington, Solomon est enlevé. Le lendemain, il se retrouve enchaîné, en partance pour la Louisiane où il doit être vendu comme esclave…

Vincent Adatte

lundi, 27 janvier 2014 12:33

L’Escale

Samedi 8 février à 20h30, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur et un représentant d’Amnesty International.

A l’appel de son cousin Mohsen, le cinéaste irano-suisse Kaveh Bakhtiari se rend à Athènes. Mohsen sort de prison où il a passé quatre mois pour être entré illégalement en Grèce. Il fait alors découvrir au cinéaste la «pension» d’Amir, une ancienne buanderie où s’entassent sept migrants iraniens et une réfugiée arménienne, dans l’expectative d’un hypothétique départ pour l’eldorado nord-européen…

Un an durant, Bakhtiari va devenir pour ces parias «le type à la caméra», filmant leur attente dramatique. A intervalles réguliers, l’un d’entre eux, conseillé par Amir qui a vécu leur enfer, va tenter sa chance à l’aéroport. Certains, découragés, finiront par rentrer au pays ou s’astreindront à des grèves de la faim inutiles.

Chronique imparable de l’invisibilité forcée, «L’Escale» dénonce la faillite éthique d’une société qui n’a plus d’autre recours que celui de criminaliser la pauvreté et la persécution. L’un des meilleurs documentaires suisses de la décennie, sinon le plus poignant!

Vincent Adatte

lundi, 27 janvier 2014 12:30

Ne m’oublie pas

Après un premier et excellent documentaire en 2010 sur le mouvement «New Age» dit de la Méditation transcendantale «David Wants to Fly», David Sieveking a trouvé un nouveau sujet d’inspiration en filmant sa propre mère, Gretel, atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Pour soulager son père, Sieveking revient chez ses parents pour veiller sur Gretel. Dans l’espoir de retarder la progression de la maladie, il se met à la filmer, l’incitant sans cesse à exercer sa mémoire… Du fait de la personnalité de la malade, «Ne m’oublie pas», malgré la modestie de ses moyens, prend alors une ampleur extraordinaire!

Par le passé, Gretel a été une militante très engagée dans la lutte pour l’égalité entre les femmes et hommes, œuvrant pour l’avènement utopique d’une société plus solidaire. La destruction opérée par la maladie neurodégénérative prend alors valeur de symbole, la déréliction de la malheureuse personnifiant de façon bouleversante l’oubli de certains idéaux!

Vincent Adatte

lundi, 27 janvier 2014 12:27

Jamais le premier soir

Premier long-métrage de la réalisatrice française Mélissa Drigeard, «Jamais le premier soir» est une comédie romantique qui décrit avec une tendresse complice les déboires sentimentaux de trois grandes amies.

Continuellement malheureuse en amour, Julie (Alexandra Lamy) ne désespère pourtant pas de trouver enfin l’âme sœur. Lectrice trop assidue de savants ouvrages prônant «la pensée positive», elle en applique à la lettre les préceptes primaires, ce qui laisse plus que sceptiques Louise (Mélanie Doutey) et Rose (Julie Ferrier) dont les vies amoureuses ne sont guère plus enviables.

Louise entretient en effet une relation clandestine avec son patron, qui est très loin de l’épanouir, alors que Rose, malgré tous ses efforts, voit son couple s’étioler de manière inéluctable… Au final, la cinéaste réussira à guérir ses trois protagonistes de leur «dépression au féminin», reste à découvrir comment!

Adeline Stern

lundi, 27 janvier 2014 12:20

Tel père tel fils

Après le merveilleux conte initiatique «I Wish – Nos vœux secrets» (2011), le cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda poursuit avec «Tel père tel fils» son exploration à nulle autre pareille des liens et fractures familiales.

Admirable de complexité, travaillé par un humour feutré, son neuvième long-métrage raconte l’histoire d’un couple japonais aisé dont tous les repères volent en éclats le jour où ils apprennent que leur garçon de six ans n’est pas leur fils. Et pour cause, leur petit Keita a été échangé à la naissance avec un autre nourrisson!

Architecte obsédé par l’idée de réussite, Ryota Nonomya a alors ces mots terribles à propos de celui qui n’est plus son fils: «Tout s’explique donc!» Et de prendre contact avec le couple qui a hérité de leur enfant pour faire un échange, un couple qui est l’antithèse du sien. Qu’est-ce qui doit prévaloir: les liens du sang ou ceux du cœur? En nous confrontant à cette question fondamentale, Kore-eda atteint des sommets d’émotions!

Vincent Adatte

lundi, 27 janvier 2014 12:17

Philomena

Ecrit et produit par l’acteur anglais Steve Coogan, qui en joue aussi le rôle principal masculin, le vingt-deuxième long-métrage de Stephen Frears s’inspire de faits réels pour nous narrer les malheurs de Philomena (Judy Dench), une vieille dame irlandaise imbibée de romans à l’eau de rose, qui veut retrouver son fils.

Adolescente, Philomena est tombée enceinte. Par peur du scandale, son père l’a claustrée dans un couvent. Après avoir accouché, elle a trimé à la blanchisserie, n’étant autorisé à voir son enfant qu’une heure par jour. A trois ans, le bambin lui est enlevé. Depuis lors elle n’en a plus jamais entendu parler…

Après avoir eu vent de ce fait-divers, un journaliste sans travail se lance dans une enquête qui va surprendre Philomena à plus d’un titre… Avec maestria, le réalisateur de «The Queen» fait lever la pâte du mélo en accommodant divers ingrédients: satire sociale, critique des media, dénonciation de pratiques abjectes, sans oublier un zeste de comédie aigre-douce!

Vincent Adatte

lundi, 27 janvier 2014 12:08

La vie rêvée de Walter Mitty

Humoriste déjanté, Ben Stiller s’est fait connaître pour ses rôles de loser dans des comédies  parfois scabreuses comme «Mary à tout prix» (1998) des frères Farrelly. Dès 1994, il réalise aussi ses propres films («Disjoncté», «Zoolander» et le très corrosif «Tonnerre sous les tropiques»).

Son cinquième long-métrage constitue le remake d’un film culte déjà intitulé «La vie rêvée de Walter Mitty» datant de 1947. On y découvrait un correcteur de magazines populaires en proie à des rêves éveillés, au cours desquels il s’imaginait sauver comme au cinéma une superbe blonde…

Dans sa nouvelle mouture, Stiller joue le rôle d’un simple employé de la rédaction de LIFE commis au département photo. Toujours prénommé Walter, il rêve d’une histoire d’amour avec sa très jolie collègue. Hélas, en lieu et place d’une liaison torride, le pauvre doit subir les brimades de son manager qui veut arrêter la publication papier du célèbre magazine…

Adeline Stern

mercredi, 15 janvier 2014 13:52

Himalaya, le temps des filles

Un vent de modernité souffle sur Digoli, un village isolé où l’on pratique encore la magie, les sacrifices d’animaux et les mariages arrangés. L’exode masculin vers les grandes villes est devenu la solution privilégiée pour nourrir les familles qui ne parviennent plus à vivre de l’agriculture et dont l’activité de tissage du chanvre s’est éteinte. Au village, restent surtout des vieux, des enfants et  des femmes qui se battent pour la survie.

Un jour, Avani, une association créée par un couple d’indiens venus de la plaine, répond au rêve des habitants : avoir de  la lumière dans les maisons grâce à l’énergie solaire. Mais pour accéder à ce développement, il faut que les villageois puissent payer la maintenance des équipements. Le petit pécule demandé leur fait défaut. Alors Avani propose de restaurer l’activité textile disparue : les fibres resteront naturelles et les teintures seront exclusivement végétales. Le processus de fabrication n’aura aucun impact négatif sur l’environnement.   Les femmes saisissent la perche, se forment et acquièrent ainsi leur autonomie sociale et financière. Notamment les femmes rejetées de leur société parce que veuves, divorcées, célibataires ou physiquement inaptes aux durs travaux des champs.

Parmi elles, Hema, jeune adulte, illettrée et célibataire (elle a « raté l’heure du mariage » à cause d’une maladie mystérieuse ). Hema cherche son équilibre entre tradition profonde et modernité pressante. Tisserande expérimentée, travaillant notamment avec un fil de soie « magique », naturellement doré, elle prend le train pour la première fois de sa vie et se rend à Delhi. Elle y vend avec succès les châles Avani. Mais bien vite, elle revient à la montagne et à son style de vie où elle alterne quotidiennement les gros travaux agricoles et le fin tissage de la soie.
Peu après son retour, toute une série d’évènements bousculent son existence: contre toute attente, on la marie ! Le mari n’a ni terres, ni emploi. Alors Avani offre à Hema l’opportunité de créer, dans son nouveau village, un petit centre de tissage donc une nouvelle économie pour ce milieu défavorisé. Hema, l’illettrée, se retrouvera donc enseignante pour ses voisines… et pour son mari qui deviendra son apprentis. Une vraie révolution dans une culture  largement dominée par les hommes !

Catherine, la réalisatrice, est présente dans le film et y mêle ses peintures, telles des respirations  en musique. Durant 5 ans, elle a suivi le parcours surprenant d’Hema, de ses voisines et d’Avani.  

lundi, 06 janvier 2014 11:40

Suzanne

Après le remarquable «Un poison violent» (Prix Jean Vigo en 2007), la jeune réalisatrice française Katell Quillévéré confirme tout son talent avec «Suzanne», son nouveau long-métrage, qui raconte vingt-cinq années de la vie d’une famille à l’équilibre fragile, sur quatre périodes.

Suzanne (Sara Forestier) vit en province avec sa sœur (Adèle Haenel) et son père (François Damien), veuf et routier de métier, attentionné mais un brin débordé par sa progéniture. A dix-sept ans, elle tombe enceinte, sans l’avoir souhaité… Trop jeune, déterminée à croquer la vie à pleines dents, elle prend le large…

Cette anti-héroïne, d’une justesse bouleversante, va mettre longtemps avant de réussir à recoller auprès des siens les morceaux de sa vie éclatée, chaotique. Procédant par ellipses qui incitent le spectateur à remplir de lui-même les blancs, la cinéaste a réussi un magnifique récit choral dont la résilience constitue le principe merveilleusement actif.

Vincent Adatte

lundi, 06 janvier 2014 11:38

Angélique

«Il n’y a pas une femme au monde, qui n’ait rêvé d’être Angélique. Il n’y a pas un homme au monde, qui n’ait rêvé d’Angélique…». Tel était le slogan irrésistible accompagnant les cinq films que le cinéaste français Bernard Borderie tira de la saga romanesque d’Anne et Serge Golon entre 1964 et 1967, récoltant un immense succès populaire…

Ariel Zeitoun ranime aujourd’hui notre fibre chevaleresque en proposant sa propre lecture du premier tome de la série des époux Golon. Il revient à la fougueuse Nora  Amezeder (Angélique) et à l’impétueux Gérard Lanvin (Joffrey Du Peyrac) de reprendre les rôles tenus naguère par Michèle Mercier et Robert Hossein.

Mariée de force à Joffrey de Peyrac, un homme à la réputation sulfureuse et beaucoup plus âgé qu’elle, la belle Angélique ne va pas s’en laisser conter… Modernité oblige, la damoiselle est plus indomptable que jamais et ne craint pas de jouer de tous ses charmes… En garde, palsambleu!

Adeline Stern

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