Vivant à Paris depuis vingt ans, Maya est une styliste d’origine marocaine promise à un brillant avenir. Alors qu’elle est sur le point de décrocher son premier emploi contrat à durée indéterminée dans la maison de haute couture où elle travaille, la jeune femme fait l’objet d’un contrôle de police inopiné, aux conséquences dévastatrices.

Arrêtée à cause d’un permis de séjour périmé, ce qu’elle ignorait, la pauvre Maya est renvoyée en moins de vingt-quatre heures au fin fond du Maroc caillouteux. De retour au bled et dans une famille qu’elle voulait oublier, la malheureuse va tout faire pour rentrer le plus vite possible à Paris…

Ecrite et réalisée par la comédienne Reem Kherici, qui en interprète aussi le rôle principal, cette comédie très grinçante se rit du choc des cultures, épinglant bien des préjugés, à commencer par ceux de son héroïne sans papier, chaussée de «Louboutin» devenus dérisoires!

Adeline Stern

Diplômé en économie, musicien, enseignant, chroniqueur, Mohamed Hamidi passe aujourd’hui à la réalisation avec la complicité de Jamel Debbouze dont il est le collaborateur artistique. Sur le mode de la comédie sociale, ce réalisateur frais émoulu nous narre des mésaventures inspirées à n’en pas douter de sa propre expérience!

Farid (Tewfik Jallab) est un jeune étudiant en droit dont le père, moribond, exige qu’il se rende en Algérie pour veiller sur la maison qu’il a construite de ses propres mains. La bâtisse est en effet menacée de destruction, la faute à des travaux d’intérêt public plutôt douteux…

Plus français que nature, Farid traîne d’abord les pieds puis tombe sous le charme du pays qu’il déniait être le sien, jusqu’au jour où un cousin roublard (J. Debbouze) lui vole ses papiers pour partir en France… Mohamed Hamidi a consacré sa vie à dessouder les clichés attachés aux jeunes issus de l’immigration. Il persiste et signe avec les moyens du cinéma. Chaleureux et si vivant!

Adeline Stern

Transie d’amour, Fanny (Victoire Belezy) apprend qu’elle attend un enfant de Marius qu’il l’a abandonnée pour prendre la mer. Se sentant incapable d’assumer l’avenir de fille-mère qui se dessine pour elle, la jeune femme accepte de se marier avec Honoré Panisse (Jean-Pierre Darroussin), commerçant honorable prospère du Vieux-Port, de trente ans son aîné!

Cependant, durant son périple au long cours, Marius prend conscience de son «égarement». Quelques mois après le mariage de Fanny et la naissance de Césariot, il revient à Marseille, décidé à reconquérir son aimée et à reprendre son enfant.

Avec une humilité sincère, mais sans verser pour autant dans la copie béate, Daniel Auteuil continue à servir le texte sans égal de Pagnol, tout en endossant de façon remarquable le rôle écrasant de César. Avis aux admirateurs de la Trilogie, le tournage du troisième volet («César», justement) dépendra du succès remporté par «Marius» et «Fanny»…

Adeline Stern

Après «La fille du puisatier» en 2011, Daniel Auteuil s’est donné un nouveau défi pagnolesque, à savoir la réalisation du remake de la fameuse Trilogie marseillaise que l’auteur de «La femme du boulanger» porta à l’écran entre 1931 et 1936, avec le concours des plus grands comédiens de l’époque, les inoubliables Raimu, Pierre Fresnay, Orane Demazis et autre Fernand Charpin.

Dans le quartier du Vieux-Port, Marius (Raphaël Personnaz) rêve d’embarquer sur l’un des bateaux qui passent devant le Bar de la Marine que tient son père César (Daniel Auteuil). Le jeune homme est pourtant partagé, car il est amoureux de Fanny (Victoire Belezy), jeune et jolie marchande de coquillages. Las, les deux jeune gens n’ont jamais osé s’avouer ce sentiment pourtant réciproque…

Plutôt que de surjouer la faconde méridionale d’antan, Auteuil cinéaste a privilégié une approche plus vériste de l’intrigue, débouchant sur un presque huis-clos qui épingle un milieu familial étouffant à force de protection.

Adeline Stern

Née à Abidjan, l’Ivoirienne Marguerite Abouet immigre au seuil de l’adolescence en France avec son grand-frère. Quelques dix-huit ans plus tard, alors qu’elle travaille comme assistante juridique, elle écrit une série de romans graphiques illustrés par Clément Oubrerie dont les albums évoquent le quartier populaire de Yopougon, où elle a passé son enfance.

Grâce à la société qui a produit «Le Chat du Rabbin» de Joann Sfarr, auquel elle a d’ailleurs prêté sa superbe voix, Abouet a pu donner vie, toujours avec la complicité de son dessinateur, à l’univers tendre et naïf de ses bd.

Jeune fille de dix-neuf ans, Aya habite Yopougon. Rêvant de devenir médecin, elle sort peu, privilégiant ses études, au contraire de ses deux meilleures amies, Adjoua et Bintou, qui n’hésitent pas, le soir venu, à aller «gazer» avec des garçons, ce qui ne sera pas sans conséquences… Un film d’animation chamarré, mais qui n’hésite à pas à s’aventurer sur le terrain social, sans misérabilisme.

Vincent Adatte

Pour son dixième long-métrage, Boyle a voulu renouer avec la veine trash et déjantée de ses débuts, celle de sa fameuse trilogie sur le manque de fric («Petits meurtres entre amis», «Trainspotting», «Une vie moins ordinaire»).

Collaborateur d’un commissaire-priseur, Simon Newman (James McAvoy) s’acoquine avec un criminel prénommé Frank (Vincent Cassel). Grâce à sa complicité, ce chef de gang redouté et redoutable réussit à dérober en pleine vente aux enchères un tableau de Goya, «Le Vol des sorcières», d’une valeur inestimable.

Selon le plan établi, Simon met en lieu sûr l’œuvre d’art, avant de recevoir un coup sur la tête qui le rend amnésique. Pour le forcer à se souvenir du lieu où il a caché le tableau, Frank a recours aux services d’une hypnothérapeute (Rosario Dawson) qui va se perdre dans les méandres de l’esprit troublé du pauvre Simon… Goyesque, Boyle mêle de façon jouissive fantastique trouble et thriller violent, sans oublier une touche d’érotisme!

Vincent Adatte

Avis aux cinéphiles, le huitième long-métrage de Noah Baumbach possède un charme fou auquel il est difficile de ne pas succomber!  A l’occasion scénariste pour Wes Anderson («Fantastic Mr Fox»), le réalisateur de «Greenberg» (2010) réalise avec «Frances Ha» un vrai chef-d’œuvre magnifié par l’usage d’un noir et blanc si doux au regard.

Danseuse dans une troupe de New York, Frances partage un logement avec Sophie, sa meilleure amie. Peu avant d’en renouveler le bail, cette dernière lui annonce qu’elle va s’installer chez son amoureux. Désorientée, Frances essaye de parer à cette soudaine solitude, notamment par le biais d’une escapade à Paris…

Sur cette trame d’une simplicité trompeuse, Baumbach réussit le plus beau portrait de (jeune) femme vu depuis longtemps, un portrait parcouru par la grâce, moucheté de vérités difficiles à s’avouer, que le cinéaste fait passer via une tendresse qui n’est jamais feinte… Sans oublier la performance éblouissante de Greta Gerwig dans le rôle de Frances!

Vincent Adatte

Le réalisateur souvent spectaculaire de «Danny The Dog» (2005), de «L’incroyable Hulk» (2008) et du «Choc des Titans» (2010) nous propose un nouveau thriller à tiroirs, qui entraîne le spectateur consentant dans un jeu de faux-semblants étourdissant!

Un groupe de brillants illusionnistes moqueurs s’adonne à des tours de magie d’un genre inédit. C’est ainsi qu’ils parviennent à braquer à distance une grande banque située sur un autre continent, avant de transférer la fortune d’un financier véreux sur les comptes de simples pékins comme vous et moi.

Interpol et le FBI mettent leurs deux meilleurs agents sur l’enquête, histoire d’arrêter ces Arsène Lupin d’un nouveau genre, avant qu’ils n’offrent au monde entier pantois leur clou final. Bénéficiant d’une distribution étincelante (Michael Caine, Jesse Eisenberg, Morgan Freeman Woody Harrelson, Mélanie Laurent, Mark Ruffalo, excusez du peu!), un grand spectacle grisant dont les «trucs» restent… insaisissables!

Vincent Adatte

Une femme rencontre un homme dans un train. Pendant quelques heures, Alix (Emmanuelle Devos), une comédienne de théâtre dont le couple est en crise, va vivre une histoire passionnelle qui va l’aider à se séparer… Entre travail du deuil et reconstruction courageuse de soi, le cinéaste français Jérôme Bonnell nous gratifie d’un beau film, aussi intense que généreux, traversé de ces éclats burlesques dont il a le secret!

Vincent Adatte

Après «Before Sunrise» (1995) et «Before Sunset» (2005), le cinéaste américain Richard Linklater poursuit son cycle romantique intimiste avec ce très réussi «Before Midnight». Quadragénaires, Jesse et Céline sont désormais mariés et parents de jumelles ravissantes. En vacances d’été chez des amis dans le Sud du Péloponnèse, Jesse (Ethan Hawk) et Céline (Julie Delpy) s’efforcent de croire encore à un avenir commun…

Vincent Adatte