L’amour dure trois ans
Critique littéraire et chroniqueur mondain, Marc Marronnier (Gaspard Proust) vient de divorcer d’Anne. En guise de thérapie, il pond un roman intitulé «L’amour dure trois ans», théorisant qu’une relation amoureuse digne de ce nom ne peut excéder cette durée. Peu après, cet homme désillusionné fait la connaissance d’Alice qui ébranle vite ses convictions d’auteur.
Après une cour très soutenue, la jeune femme finit par succomber à son charme. Pour Marc, les choses se compliquent le jour où, à sa grande surprise, un éditeur apprécie son livre. Publié sous pseudonyme, «L’amour dure trois ans» remporte un succès inattendu… Mais comment avouer à sa nouvelle conquête, dont il est très épris, qu’il est l’auteur de ce pamphlet parfaitement désabusé?
Premier long-métrage de l’écrivain Frédéric Beigbeder («99 francs»), cette comédie acide, placée sous les bons auspices de Sacha Guitry et Blake Edwards, cultive une autodérision lucide, parsemée de bons mots au cynisme revigorant.
Adeline Stern
My Week with Marilyn
A l’été 1956, Marilyn Monroe est une star. Le monde entier vient de l’applaudir dans «Sept ans de réflexion» de Billy Wilder. Norma Jeane Mortenson, de son vrai nom, est aussi en pleine lune de miel avec le dramaturge Arthur Miller.
Marilyn accepte pourtant de se rendre en Angleterre pour tourner une bluette romantique, «Le prince et la danseuse», avec Sir Laurence Olivier, véritable légende du théâtre britannique, mais dont la carrière cinématographique décline (de même que son mariage avec l’actrice Vivien Leigh). A presque cinquante ans, Olivier espère rebondir en s’affichant avec «la déesse blonde platine».
Las, le tournage s’avère chaotique. Les relations entre «le prince» et «la danseuse» sont très tendues. En détresse, Marilyn cherche le réconfort auprès de Colin Clark, jeune et obscur assistant de plateau qui va dès lors passer une semaine mémorable… C’est l’actrice Michèle Williams («Shutter Island», «Wendy et Lucy») qui prête ses traits à l’«icône».
Vincent Adatte
Les hommes préfèrent les blondes
«Les hommes préfèrent les blondes» (1953) est signé Howard Hawks, réalisateur très au fait de la psychologie féminine. L’action de ce chef-d’œuvre du genre est située dans le milieu des danseuses de revues. Vedettes, mais amies, Lorelei (Marilyn Monroe) et Dorothy (Jane Russel) diffèrent du tout au tout: l’une est une blonde naïve que font rêver les diamants et les hommes riches qui vont avec, l’autre, une brune pleine de répartie, attirée par les hommes honnêtes, hélas sans le sou…
Le Milliardaire
Réalisé en 1960 par le féministe Georges Cukor, «Le Milliardaire» est l’avant-dernier film de Marilyn. Apprenant qu’il va constituer la victime de choix d’une revue satirique de Broadway, Jean-Marc Clément (Yves Montand), séducteur français richissime, vient assister incognito à une répétition. C’est ainsi qu’il rencontre Amanda Dell (M. Monroe), la meneuse de la troupe…
Café de Flore
Après l’ahurissant «C.R.A.Z.Y.» (2006), une chronique familiale pleine de vitalité, débordante de vérités très bonnes à dire, le cinéaste québécois Jean-Marc Vallée change complètement de registre avec «Café de Flore», dont le thème caché est la métempsychose, autrement dit la réincarnation.
C’est donc à dessein que le cinéaste raconte les destins croisés, à quelque cinquante ans d’intervalle, de Jacqueline (Vanessa Paradis), une jeune Parisienne esseulée qui tente d’élever «normalement» son enfant trisomique au début des années soixante, et d’Antoine (Kevin Parent), DJ canadien de réputation mondiale, qui vient de quitter sa femme pour une amie d’enfance.
Par le biais d’un montage virtuose se jouant des écarts temporels, le cinéaste met peu à peu en exergue ce qui relie les deux protagonistes du film: le désir si humain d’aimer et d’être aimé en retour, qu’il s’agisse de la femme de notre vie ou d’un enfant «pas comme les autres »…
Adeline Stern
Take Shelter
Révélé en 2007 grâce à «Shotgun Stories», le jeune cinéaste américain indépendant Jeff Nichols confirme tout son talent avec «Take Shelter» («Trouver refuge»). De façon impressionnante, Nichols décrit dans ce second long-métrage hypnotique l’emprise croissante de la folie sur un bon père de famille, qui travaille dans une entreprise de forage.
Victime de cauchemars récurrents, Curtis La Forche (Michael Shannon) est obsédé par l’idée qu’une tornade va s’abattre sur les siens. Il s’évertue à protéger sa femme Samantha (Jessica Chastain) et sa petite fille sourde-muette (Tova Stewart), jusqu’à se ruiner pour leur construire un abri souterrain dans le jardin de sa maison…
Primé au dernier Festival de Cannes, «Take Shelter» ancre son intrigue déstabilisante dans les plaines rassurantes de l’Ohio rural. Avec un art saisissant de la mise en scène, le cinéaste distille le soupçon sur la réalité qu’il donne à voir au spectateur, en l’enfermant peu à peu dans la folie de son protagoniste.
Vincent Adatte
Reconciliation : Mandela’s Miracle
Proche de Clint Eastwood et de Martin Scorsese, le très cinéphile Michael Henry Wilson a consacré des documentaires à ces deux monstres sacrés qui ont aussi joué un rôle dans la genèse et la réalisation de «Reconcilation: Mandela’s Miracle».
C’est en effet après avoir découvert son film sur le tournage de «Kundun» de Scorsese que le dalaï-lama a suggéré à Wilson d’en tourner un autre sur le thème de la réconciliation avec, comme protagoniste incontournable, Nelson Mandela… De façon efficace, le cinéaste décrit l’action de cet homme providentiel pour l’Afrique du Sud, prix Nobel de la paix en 1993, sans occulter les difficultés que rencontre aujourd’hui la nation «arc-en-ciel».
Dans le processus de réconciliation mené par Mandela, la victoire en coupe du monde de l’équipe de rugby sud-africaine (où ne figurait pourtant qu’un seul joueur de couleur) a constitué un moment-clef. Par le biais d’extraits d’«Invictus» de son ami Eastwood, Henry lui restitue toute son importance.
Vincent Adatte
Albert Nobbs
Attention, pour contenter tout le monde, la séance de vendredi est en version française et celle de dimanche en version originale sous-titrée.
Le nouveau film du fils de l’écrivain Gabriel García Márquez est adapté d’une nouvelle de l’écrivain irlandais George Moore parue en 1918 et dont l’action est située à Dublin, en 1898.
«Albert Nobbs» retrace le destin contrarié d’une femme obligée de se travestir, non par plaisir, mais pour exercer le métier de majordome et assurer sa survie. Amassant un pécule qu’il dissimule sous le plancher de sa chambre, Albert rêve d’ouvrir un magasin de tabac. Mais tout bascule lorsque la directrice de l’hôtel où travaille cet employé modèle lui demande de partager pour une nuit sa chambre avec un peintre en bâtiments…
C’est Glenn Close qui est à l’origine du film. Depuis 1982, au théâtre, l’actrice se métamorphose régulièrement en Albert Nobbs. Habitée par ce rôle, elle a proposé à Rodrigo García de tourner une version cinématographique. Il est vrai que sa composition est phénoménale, exprimant à la perfection le dilemme de son protagoniste, révélateur d’une société injuste et mutilante.
Adeline Stern
La Colline aux coquelicot
En 1963 le Japon est à nouveau prospère. Elève au lycée, Umi vit dans une maison réservée aux femmes, surplombant le port de Yokohama. Tous les matins, la jeune fille hisse un pavillon, à la fois pour faire signe aux bateaux qui passent en contrebas et rendre hommage à son père qui n’est jamais revenu de la Guerre de Corée.
Ce signal adressé à un fantôme est intercepté par un autre lycéen, très vivant lui, figure charismatique d’un foyer d’étudiants. Les deux jeunes gens sympathisent, jusqu’au jour où leur amour naissant est contrarié par la révélation d’un secret de famille…
Le scénario de la nouvelle production des studios Ghibli a été écrit par Hayao Miyazaki, d’après un «shojo» (manga destiné aux filles). Le réalisateur du «Voyage de Chihiro» en a confié la réalisation à son fils Goro («Les contes de Terremer»). Ce dernier l’a mené à bien en pleine catastrophe de Fukushima, l’imprégnant d’un sentiment de nostalgie indicible pour un Japon des années soixante qui n’est plus…
Adeline Stern