mardi, 14 juillet 2009 16:28

Country Teacher

Dimanche,ce film sera précédé d’une petite restauration thématique dès 19h.
Réservation conseillée au 079 290 43 42.


Dans les années soixante, le cinéma tchèque contribua de façon décisive au Printemps de Prague, en faisant fleurir un merveilleux bouquet de films libres et insolents, signés Milos Forman, Ivan Passer, Jiri Menzel et autre Vera Chytilova. Au jour d’aujourd’hui, de nouveaux auteurs laissent espérer un retour de cette belle saison, à l’instar du réalisateur Bohdan Sláma qui signe avec «Country Teacher» une jolie réussite!

Jeune homme plutôt taiseux, Petr a mystérieusement quitté un prestigieux lycée pragois pour aller enseigner les sciences naturelles dans une modeste école de campagne. Par petites touches, le cinéaste révèle les raisons qui ont poussé ce brillant scientifique à un pareil exil, le fait est qu’il a quelques comptes à régler avec sa famille, son métier et, aussi, lui-même!

Procédant par plans-séquences d’une belle fluidité, le cinéaste immerge son protagoniste dans un monde rural qu’il décrit sans aucune mièvrerie. Nouant des liens avec les «autochtones», dont une fermière esseulée qui ne s’en laisse pas conter, Petr trouvera l’apaisement, à défaut de la sérénité… Une chronique pastorale au charme indéniable, qui échappe à la caricature, sans tomber pour autant dans l’idéalisme bucolique!

Adeline Stern

mardi, 14 juillet 2009 16:25

Là-haut

Aprèsla robotique sublime de «Wall•E» (2008), les studios Pixar humanisent de façon décisive leur univers 3D en confrontant dans «Là-haut» un vieillard bougon à un petit garçon à la capacité d’enthousiasme inépuisable. Jusque-là, l’animation digitale a surtout fait la part belle aux jouets, aux engins mécanisés ou aux animaux, réduisant l’être humain à un rôle secondaire ou à une caricature parodique, sans doute dans la crainte, justifiée ou non, que le numérique ne nous rende guère justice!

Présenté (et ovationné) en ouverture à Cannes, «Là-haut» narre l’histoire de Carl Fredricksen, un veuf grincheux qui, à septante-huit balais, décide de réaliser le rêve que son épouse aurait tant voulu réaliser avec lui. Attachant des milliers de ballons à sa maison, le vieillard atrabilaire s’envole vers l’Amérique du Sud. Mais ce que Carl ne sait pas encore, c’est qu’il a embarqué un passage clandestin, Russel, gamin bigleux et tenace de neuf ans, rêvant d’exploration aérienne…

Avec une maîtrise formelle fabuleuse, Pete Docter et Bob Petersen plongent ce couple improbable dans une aventure délirante qui réinvente l’art poétique du cinéma d’animation, pas moins! Un émerveillement à découvrir en famille!

Vincent Adatte

mardi, 14 juillet 2009 16:23

Maman est chez le coiffeur

Dimanche, ce film sera précédé d’une petite restauration thématique dès 19h. Réservation conseillée au 079 290 43 42.

Née en Suisse, Lea Pool est l’une de nos réalisatrices parmi les plus prolifiques, avec plus de vingt-cinq films à son actif, au détail près qu’elle a mené toute sa carrière ou presque au Canada dont elle a aussi la nationalité! Féministe, la cinéaste a réalisé plusieurs longs-métrages de fiction qui constituent autant de portraits de femmes, à la pudeur subversive en regard de l’exhibitionnisme ambiant.

Depuis «Lost and Delirious» (2001) et «Le papillon bleu» (2004), Lea Pool vise cependant un plus large public. Un virage confirmé par «Maman est chez le coiffeur» dont l’action est située en 1966. Au début des grandes vacances, Elise, douze ans, surprend un téléphone ambigu entre son père et un partenaire de golf. En pétard avec sa mère, l’adolescente lui passe la communication!

L’épouse outragée abandonne alors le domicile conjugal, Elise et ses deux petits frères. Leur père se claustrant dans le non-dit, les trois enfants sont laissés à eux-mêmes et vont réagir chacun à leur façon… La cinéaste traite ce sujet audacieux en dirigeant ses acteurs de façon subtile: aux adultes qui surjouent leur détresse, elle oppose des gosses stupéfiants de naturel avec, à la clef, un effet de contraste révélateur du sujet profond du film, soit la perte de l’innocence.

Vincent Adatte

mardi, 14 juillet 2009 16:20

Harry Potter et le Prince de sang mêlé

Aprèsla déception causée par le quatrième volet des aventures cinématographiques de l’apprenti sorcier, le numéro cinq va sans doute réconcilier tous les aficionados de la saga «Potter» version papier. Responsable de la précédente déconvenue, le réalisateur britannique David Yates se rachète ici de manière plutôt convaincante et donne ainsi raison aux producteurs qui lui ont gardé leur confiance.

Fidèle à la romancière J. K. Rowling, le cinéaste a pris acte du vieillissement des protagonistes, ne faisant plus mystère de leur maturité sexuelle, créant un chassé-croisé empreint de désir, de non-dit et de frustration bien de leur âge. Outre ces «désordres» post-pubertaires, «Harry Potter et le Prince de sang-mêlé» fait sourdre une angoisse à la mesure des interrogations morales qui taraudent cette belle jeunesse sur le point de basculer dans le monde ambigu des adultes.

Comme tous les initiés de l’épopée «pottérienne» le savent, Harry ne fait pas que dans la bagatelle dans ce cinquième épisode à l’atmosphère très sombre. Avec l’aide de son maître Dumbledore, il s’efforce aussi de contrer définitivement l’infâme Lord Voldemort dont l’emprise se fait toujours plus grande. Pour preuve, ses séides, les «Mangemorts» viennent de pulvériser le pont du Millénium à Londres…

Vincent Adatte

mardi, 14 juillet 2009 16:16

Fausta, La Teta Asustada

Dimanche, ce film sera précédé d’une petite restauration thématique dès 19h. Réservation conseillée au 079 290 43 42.

En 2006, la cinéaste péruvienne Claudia Llosa avait réalisé un premier long-métrage déjà médusant. Procédant de l’anthropologie fictive, «Madeinusa» narrait sur un mode baroque un rituel imaginaire. A trente-trois ans, la jeune réalisatrice récidive avec «La Teta asustada» (littéralement «le sein effrayé»), mais en ancrant cette fois son propos dans un contexte bien réel.

Ours d’or du dernier Festival de Berlin, ce second long-métrage retrace la renaissance difficile d’une jeune femme traumatisée. «Fruit» d’un viol perpétré sur sa mère par les guérilleros du Sentier lumineux, Fausta a été nourrie au «lait de la peur». Elle en a conçu une peur panique de la vie et des hommes.

Après la mort de sa mère, Fausta va devoir pourtant sortir de sa coquille mortifère. Pour payer les funérailles, elle devient bonne au service d’une femme aisée, concertiste de talent. Entre ces deux êtres, se noue une relation ambiguë, mais qui se révélera salvatrice pour Fausta… De ce drame véridique, la réalisatrice tire matière à une fiction de la résilience sublime, habitée par le chant et d’une pudeur jamais prise en défaut.

Adeline Stern

Apparue au début de l’ère du numérique, la saga de «l’Age de glace» a connu d’emblée un succès planétaire, tant public que critique. Après un numéro deux très réussi, qui recyclait  le délire nonsensique et joyeusement régressif d’as du cartoon d’antan comme Tex Avery (1908-1980) ou Chuck Jones (1912-2002), le troisième volet se veut plus «mature», pointant le désir de descendance de ses protagonistes à poil.

Terriblement envieux de Manny et Ellie, ses compères mammouths en attente d’un heureux événement, Sid le paresseux a la très mauvaise idée d’emprunter trois œufs anonymes dont il se propose d’adopter tendrement la progéniture. La portée qui en résulte se révèle un brin encombrante, puisqu’il s’agit de trois charmants petits tyrannosaures dont la maman, plutôt énervée, ne tardera pas à venir réclamer la garde…

De son côté, l’écureuil Scrat, véritable mascotte de la série, continue à vivre ses aventures en parallèle au récit principal, mais se laisse aussi aller à éprouver de «nobles» sentiments. Preuve en est que notre sciuridé hystérique va jusqu’à abandonner la chasse au gland fatidique, pour poursuivre de ses assiduités une femelle enjôleuse, laquelle est malheureusement de la famille des anomaluridés, autrement dit un écureuil volant!

Vincent Adatte

mardi, 14 juillet 2009 16:06

Etreintes brisées

Dimanche, ce film sera précédé d’une petite restauration thématique dès 19h. Réservation conseillée au 079 290 43 42.

Autant «Volver» (2006), son film précédent, nous réconciliait avec la vie, autant le dix-septième long-métrage de Pedro Almodóvar frappe par son pessimisme. Au-delà des intenses plaisirs formels procurés par ces «Etreintes brisées», c’est l’autoportrait déguisé d’un auteur en proie au doute, guetté par le manque d’inspiration, qui émeut au plus profond!

Devenu aveugle après un accident de voiture, le réalisateur Mateo Blanco (Lluis Homar) poursuit sa carrière en écrivant des scénarios sous le pseudonyme jamais levé d’Harry Caine. Un concours de circonstance l’entraîne à confier au fils de son ancienne et fidèle directrice de production le passé qui le hante. Vingt ans auparavant, Mateo s’est compromis en acceptant la proposition de Ernesto (José Luiz Gómez), un vieil homme d’affaires qui, en échange d’un financement conséquent, lui a demandé d’engager sa maîtresse Lena (Penélope Cruz sidérante) comme actrice principale de son prochain film…

Déployant une virtuosité narrative confondante, qui le désigne de plus en plus comme le seul et vrai héritier d’Alfred Hitchcock, Almodóvar épure de façon extraordinaire la structure «du film dans le film», sans renoncer à une complexité étourdissante… Un mélo noir vertigineux à voir absolument!

Adeline Stern

mardi, 14 juillet 2009 16:00

Erreur de la banque en votre faveur

Œuvrant en duo depuis d’une décennie, Michel Munz et Gérard Bitton aiment à faire rire des méfaits de notre système économique.Troisième comédie long-métrage des réalisateurs de «Ah si j’étais riche» (2002), «Erreur de la banque en votre faveur» surfe habilement sur la récente crise financière en faisant du délit d’initié son principal ressort comique.

Julien Foucault (Gérard Lanvin) travaille comme maître d’hôtel dans le restaurant privé d’une banque d’affaires très réputée. Las, la firme va externaliser son établissement de luxe. Sur le point d’être licencié après des années de loyaux services, Julien fait une demande de prêt auprès de ses employeurs pour ouvrir le bistrot de ses rêves avec Etienne (Jean-Pierre Darroussin), son meilleur ami, cuisinier de génie et pétri d’idéal communiste.

Catastrophe, les banquiers lui opposent une fin de non-recevoir méprisante. Humilié, Julien pique la mouche et se met à pratiquer sans vergogne le délit d’initié. Grâce à un conduit de chauffage reliant sa cuisine à la salle à manger, il peut en effet capter des  confidences qui vont lui permettent d’anticiper certaines opérations boursières… Avec leur férocité coutumière, Munz et Bitton décapent le vernis trompeur de la «bourse attitude». Jouissif!

Vincent Adatte

lundi, 08 juin 2009 17:44

Tulpan

Alors qu’il était ingénieur radio pour la compagnie Aeroflot, le réalisateur kazakh Sergey Dvortsevoy a survolé à maintes reprises les steppes de son pays d’origine. Formé à l’école du documentaire, il leur a consacré dès 1996 plusieurs films remarqués qui ont fait le tour des festivals. Avec «Tulpan», primé à Cannes l’an passé, Dvortsevoy a réussi de main de maître son passage à la fiction, mais sans pour autant se départir de son goût pour le réel.

Après avoir accompli son service militaire en Russie, Asa revient sur son lieu de naissance, bien décidé à élever des moutons, dans une tradition nomade qu’il n’a guère connue. Pour espérer réaliser son rêve, le jeune homme doit absolument trouver une femme à marier, ce qui n’est pas aisé en ces contrées arides et  très peu peuplées. Avec l’accord de la belle-famille, il jette son dévolu sur Tulpan («tulipe» en kazakh).

Las, la promise rejette sa demande, raillant les oreilles trop décollées de son prétendant, qu’elle compare à celles du Prince Charles dont le portrait trône dans sa yourte. Asa ne se décourage pas et s’efforce de conquérir quand bien même l’effrontée, tout en se persuadant de sa vocation de berger… Une merveilleuse ode à la patience et à l’inconfort, vibrante d’humanité!

Vincent Adatte

lundi, 08 juin 2009 17:40

Coco avant Chanel

Après le thriller «Entre ses mains» (2005) et la comédie dramatique «La fille de Monaco» (2008), la réalisatrice française Anne Fontaine accomplit sa première incursion dans le film biographique. Dans «Coco avant Chanel», la cinéaste s’attache à restituer les années de jeunesse de la mythique couturière, avant qu’elle ne devienne l’icône de la mode que l’on sait.

Après un prologue à l’orphelinat, Gabrielle Chanel apparaît sous les traits d’Audrey Tautou qui réussit enfin à nous faire oublier Amélie Poulain. En quelques scènes, elle compose de façon très convaincante la silhouette vulnérable mais indestructible d’une jeune femme résolue à échapper au destin étriqué de «petite main» qui lui est promis.

Contrairement à sa sœur qui rêve d’épouser un homme fortuné, Gabrielle s’efforce de conserver son indépendance, au grand dam de Balsan (Benoît Poolverde), un officier dont elle devient la maîtresse. Elle le quittera pour Boy Capel (Alessandro Nivola), un jeune industriel anglais, le seul grand et tragique amour de sa vie, qui financera son premier atelier… Par petites touches subtiles, Fontaine révèle les signes avant-coureurs de la révolution Chanel, qui expédia au musée les crinolines de la Belle Epoque.

Adeline Stern

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