2 days in New-York
Actrice talentueuse, réalisatrice de films très personnels («La Comtesse», «Skylab»), Julie Delpy a conçu son quatrième long-métrage comme une suite à «2 Days in Paris» qui a sacré ses débuts de cinéaste en 2007.
Toujours photographe, Marion (Julie Delpy) est désormais installée à New York où elle vit avec Mingus (Chris Rock), un journaliste de radio, leurs deux enfants nés de relations antérieures et un chat. Un brin plus mature, la jeune femme prépare le vernissage de son exposition, auquel elle a convié son père et sa sœur qui doivent venir de Paris. Au jour dit, ces derniers débarquent chez elle, avec, en invité surprise, l’ex de Marion, soi-disant amouraché de sa petite sœur…
Avec un bel entrain, Delpy signe une comédie totalement débridée, multipliant les situations loufoques, décuplée par la maîtrise très approximative de la langue anglaise dont fait preuve sa petite famille envahissante. Avec Barack Obama en guest-star, enfin presque!
Adeline Stern
Balkan Mélodie
Depuis plus de quinze ans, le réalisateur suisse Stefan Schwietert excelle dans l’art du documentaire musical. Musique yiddish, yodle, cumbia, accordéon… Schwietert sillonne la planète «musique» pour mettre en relation les instruments, les voix et les êtres humains qui en sont les dépositaires…
Après les formidables «El Accordeón del Diablo», «Accordion tribe» et «Heimatklänge», ce cinéaste mélomane s’attache avec «Balkan Melodie» aux pas d’un couple de découvreurs mythiques, Marcel et Catherine Cellier. Passant le rideau de fer, arpentant les pays de l’Est, ils ont notamment révélé au monde Gheorghe Zamfir et le chœur «Le Mystère des voix bulgares».
Cinquante ans plus tard, les Celliers évoquent devant la caméra leurs périples inoubliables, repartent «là-bas» par films interposés pour redécouvrir encore et toujours de nouveaux trésors en ces contrées musicales enchantées… Un grand voyage dont le guide est la passion pour la musique.
Vincent Adatte
Les pirates, bon à rien, mauvais en tout (3D)
Sept ans après le sublime «Wallace et Gromit: le Mystère du Lapin-Garou», les studios d’animation Aardman reviennent enfin à leurs fondamentaux, soit la pâte à modeler, le latex et la plastiline, de quoi nous faire oublier quelques incursions pixellisées un brin moins réussis!
Malgré son enthousiasme, le Capitaine Pirate peine à se faire passer pour une terreur des mers. Secondé par un équipage calamiteux, il rêve d’être désigné «Pirate de l’année». Pour arriver à ses fins, le flibustier va devoir rallier Londres pour affronter la Reine Victoria en personne, qui voue une haine féroce aux forbans de son espèce…
Avec un luxe de détails inouï, Peter Lord a orchestré une parodie irrésistible du genre. Renouant avec un humour nonsensique typiquement british, l’animateur en chef des studios Aardman (avec David Sproxton et Nick Park) hisse le pavillon noir à des sommets de drôlerie. Grands et petits y trouveront leur compte!
Vincent Adatte
John Carter (3D)
Réalisateur du «Monde de Nemo» (2003) et de «WALL-E» (2008), deux fleurons des studios Pixar, le réalisateur Andrew Stanton s’est attaqué à l’adaptation du premier épisode du «Cycle de Mars», publié en magazine dès octobre 1912 par le romancier Edgar Rice Burroughs, célèbre pour avoir créé le personnage de Tarzan.
Le dénommé John Carter (Taylor Kitsch) est un héros de la guerre de Sécession qui se voit soudain catapulter sur la planète Mars, que ses habitants appellent curieusement Barsoom. Capturé par les Martiens, Carter se retrouve alors mêlé à une guerre civile autrement spectaculaire, au cours de laquelle il devra prendre parti…
La recréation de la mythologie martienne chère à Burroughs ne manquera pas d’impressionner le spectateur. Mêlant prises de vues réelles et des effets spéciaux numériques stupéfiants, le sieur Stanton a su en effet ourdir de grandes visions futuristes qui renouvellent complètement le genre.
Adeline Stern
L’enfant d’en Haut
A douze ans, Simon (Kacey Mottet Klein) mène une double vie. L’hiver venu, il quitte quotidiennement la plaine industrielle où il vit avec Louise (Léa Seydoux) pour emprunter la télécabine qui le mène dans une station de ski friquée.
Là-haut sur la montagne, alors qu’il ne sait pas skier, Simon s’invente une identité de gosse de riches. Déambulant chaussé de godasses de ski, il dérobe les lattes et autres accessoires de sport qu’il s’ingénie à revendre en bas, aux mômes de sa cité. Sans travail, Louise profite de son trafic et en devient même peu à peu dépendante…
Avec une sensibilité bouleversante, la réalisatrice de «Home» (2008) dévoile la fracture sociale sur fond d’or blanc, faisant de son frêle protagoniste un «travailleur saisonnier» d’un genre inédit. Jouant magistralement entre le «haut» où tout ne semble n’être que luxe et volupté et le «bas», boueux et crotté, Ursula Meier file tout schuss une métaphore de l’inégalité imparable.
Vincent Adatte
Cloclo
Cinéaste très doué, le Français Florent Emilio Siri est peut-être comme vous et moi. De sa vie, il n’a jamais acheté un disque de Claude François (1939-1978), mais est capable de fredonner plusieurs de ses chansons («Je suis le mal-aimé», «Le téléphone pleure», «Comme d’habitude»…)!
A l’entendre, c’est ce qui l’aurait incité à tourner un biopic de ce chanteur de variétés énervant certes, mais fascinant dans sa volonté de faire carrière, avec l’obsession d’en contrôler le moindre aspect, jusqu’à malencontreusement manipuler une lampe installée de travers!
Le réalisateur de «L’ennemi intime» (2007) commence par le début, soit l’enfance déracinée et malheureuse, du petit Claude en Egypte, dominée par un père autoritaire. A un train d’enfer, qui traduit bien la vitalité maladive de son protagoniste, il poursuit le récit de son ascension, restituant de façon remarquable ce plan de carrière infernal, décalqué sur le modèle du showbiz des «Américains».
Quant à Jérémie Rénier, sa troublante ressemblance avec Cloclo et l’énorme travail de préparation qu’il a fourni, transforme son interprétation en véritable incarnation !
Adeline Stern
Elena
Après «Le Retour» (2003), qui décrivait les rapports d’autorité et d’amour entre un père et ses fils retrouvés après des années d’absence, et «Le Bannissement» (2007), un drame d’une tenue extraordinaire, opposant un homme à son épouse enceinte d’un autre, Andreï Zviaguintsev persiste dans la même veine avec son troisième long-métrage.
Dans la lignée d’un Tarkovski, «Elena» décrit le quotidien d’un riche septuagénaire et de sa seconde épouse, une infirmière dévouée au confort de son mari. De son précédent mariage, il a une fille qu’il préserve de tout besoin financier, tandis qu’elle a un fils chômeur qui erre dans la cité.
Dès lors, la disparition du patriarche va soumettre les liens de cette famille recomposée à l’épreuve du pouvoir de l’argent. Métaphorique, le deuil précipite un constat politique désillusionné sur une société russe dans laquelle règne l’arbitraire et l’injustice. Un nouveau chef-d’œuvre cinglant, à la beauté déchirante!
Vincent Adatte
Miracle en Alaska
Une famille de baleines grises est prise au piège dans la glace implacable de l’Arctique. Les trois malheureux cétacés ne disposent que d’une petite ouverture pour respirer et sont donc promis à une mort lente, mais certaine…
Inspiré d’un fait authentique remontant à octobre 1988, le nouveau film de Ken Kwapis («Permis de mariage») retrace comment une militante de Greenpeace, son ex-petit copain journaliste et un jeune Inuit ont réussi à sensibiliser l’opinion publique à ce triste sort, à une époque où le Net n’avait pas encore tissé sa toile mobilisatrice.
Alertées, les télévisions du monde entier dépêchent leurs équipes. Solidaires, les Etats-Unis envoient leurs hélicoptères, alors qu’un brise-glace soviétique brave la guerre froide pour ouvrir un canal salvateur, avec l’aide de nombreux volontaires… Un grand spectacle familial, empli de nobles sentiments, sur fond de paysages polaires alaskiens grandioses!
Vincent Adatte
Liberté (KORKORO)
Samedi 31 mars, soirée spéciale Tzigane : ce film sera précédé du documentaire « Notre Ecole » de Miruna Coca-Cozna, d’un buffet, de contes, de musiques et de discussions sur le thème.
Né d’une mère gitane, le réalisateur de «Gadjo Dilo» a consacré à sa communauté la plupart de ses films. Pour son dix-septième long-métrage, Tony Gatlif persiste et signe en évoquant le sort du peuple rom durant la dernière guerre mondiale, une tragédie dont le cinéma ne s’est jamais vraiment fait l’écho.
En 1943, dans un petit village français situé en zone occupée, un groupe de tziganes s’installent comme chaque année pour aider aux vendanges... Las, les nomades doivent déchanter. Certains habitants manifestent sans gêne leur racisme, se promettant de rameuter les sbires de la Gestapo qui ont décrété leur extinction. Seuls deux «justes», le maire et l’institutrice, elle-même membre de la résistance, vont venir en aide aux «vagabonds»…
Servi par une musique qui va chercher dans les profondeurs de notre cœur, ce film décrit magistralement « l’Ame Tzigane » et son profond besoin de Liberté… Sans oublier l’interprétation hallucinante de James Thiérrée qui, à elle seule, mérite toute notre attention.
Adeline Stern
Notre école (SCOALA NOASTRA)
Samedi 31 mars, soirée spéciale Tzigane : Ce documentaire, projeté en présence de Miruna Coca-Cozma, sera suivi d’une discussion, d’un buffet, d’un spectacle et du film « Liberté » de Tony Gatlif. Forfait soirée 40.-, renseignements au 079 375 75 65.
Coproduit par la Télévision Suisse Romande, primé dans plusieurs festivals internationaux, le premier long-métrage des réalisatrices roumaines Miruna Coca-Cozma et Mona Nicoara aborde de front un sujet encore tabou dans nos sociétés démocratiques, lesquelles se réclament pourtant des droits de l’homme (et des enfants)…
Sans pathos, mais avec l’empathie nécessaire, Miruna Coca-Cozma (chroniqueuse à la Radio Romande) et sa complice s’attachent aux pas de trois gosses de la Transylvanie rurale. Ces derniers ont été choisis pour intégrer un programme de scolarisation des enfants roms, un programme mis sur pied par le gouvernement roumain suite aux exhortations des autorités européennes.
Mais, comme le montre ce documentaire profondément humain, la partie est loin d’être gagnée! Les trois gamins se retrouvent en effet très vite confrontés aux préjugés, victimes d’un ostracisme généralisé qui ne tarde pas à mettre à mal leur joie de vivre…
Vincent Adatte