mercredi, 27 mai 2009 18:56

Liens de sang

Chorégraphe réputée, Fabienne Abramovich mène en parallèle une carrière de cinéaste documentaire passionnante. Après «Dieu sait quoi» (2004) où la réalisatrice franco-suisse questionnait des retraités en promenade dans le parc parisien des Buttes-Chaumont sur le sens de la vie, elle a investi pendant trois ans la «Cité des Schtroumpfs» à Genève.

Au cœur de cet ensemble d’immeubles très particulier, qui semblent sortir d'une BD avec leurs volumes asymétriques, leurs lignes biscornues et leurs halls en colimaçon, Abramovich a suivi quatre familles qui semblent constituer une seule et grande tribu. Procédant à une immersion assez unique, la cinéaste entre dans l’intimité des Oppliger, Lhôte, Pasquier et Armbruster-Elafati avec un respect infini, sans interviews, ni commentaire, à des années-lumière du voyeurisme de la «télé réalité».

Pendant ces trois ans, la cinéaste accompagne ces familles de la classe moyenne, à travers les étapes marquantes du grand cycle de la vie: naissance, mort, anniversaires, départs… Plus particulièrement, elle explore avec une acuité renouvelée les rapports entre parents et enfants, donnant cours à un récit humaniste intergénérationnel, remarquable de pudeur retenue.

Adeline Stern

mardi, 21 avril 2009 16:35

Le Fate ignoranti

Samedi 9 mai : Soirée thématique. Ce film sera suivi d’un repas.

De nationalité turque, le réalisateur Ferzan Ozpetek s’est formé en Italie. Depuis lors il poursuit dans ce même pays une œuvre passionnante, par trop méconnue. Tourné en 2001, Tableau de famille (Le fate ignoranti) constitue son troisième long-métrage. Mariés depuis dix ans, Massimo (Stefan Accorsi) et Antonia (Margherita Buy) mènent une existence heureuse jusqu'au jour où Massimo décède dans un accident de voiture. Antonia découvre alors que son mari entretenait depuis sept ans une liaison secrète avec un homme…

Vincent Adatte

mardi, 21 avril 2009 16:29

Grossesse nerveuse

Samedi 2 mai «Rencontre d’un Cinéaste» : Denis Rabaglia. Cette comédie sera suivie d’une discussion puis d’un repas.

Né en 1966, de nationalité suisse et italienne, le cinéaste Denis Rabaglia s’est fait connaître du grand public avec l’excellent Grossesse nerveuse (1994), comédie de mœurs du genre irrésistible, tournée six ans avant l’émouvant Azzuro. Lauréat du prestigieux Prix Max Ophüls, ce premier long-métrage a suscité l’hilarité des téléspectateurs romands de l’époque.

«Créatif» chez Floppy, une entreprise d'aliments pour chiens, Martin (inégalable Tom Novembre) voue à la gente canine une haine féroce. Il exprime sa détestation des cabots en concoctant des campagnes publicitaires qui scandalisent la direction. Mais le pire est à venir, le jour où une jeune Anglaise au pair lui annonce qu’elle est enceinte de ses œuvres… Fille au caractère bien trempé, Sally est déterminée à garder l’enfant!

Mu par un sentiment de paternité inattendu, Martin va s’efforcer de reconquérir le cœur et l’estime de la jeune femme. Avant cela, le malheureux devra affronter sa mère, une tiers-mondiste prônant l’avortement, et les menées de son ex-femme, à laquelle il a toujours refusé le «bonheur» de la maternité. Au terme d’une grossesse plutôt frénétique, Martin finira par atteindre, à trente-cinq ans passés, l'âge de raison.

Vincent Adatte

mardi, 21 avril 2009 16:23

Au loin des Villages

Séance unique le jeudi 30 avril en présence du réalisateur. Ce film, précédé par l’assemblée générale des Amis du Royal (ouverte à tous), est offert à nos membres.

Très remarqué au prestigieux festival international du film documentaire de Marseille, loué dans les colonnes de Libération et de Télérama, le deuxième long-métrage du cinéaste suisse Olivier Zuchuat nous entraîne dans un camp de «déplacés» situé à l’est du Tchad. Depuis avril 2006, 13'000 rescapés de la guerre du Darfour s’y sont réfugiés.

Persécutés par les milices arabes, ces survivants sont tchadiens et appartiennent à l’ethnie Dajo. Ils ont organisé leur camp de façon sauvage, dans l’espoir que des ONG leur viennent en aide… Monteur de formation, le réalisateur s’est laissé enfermer dans «cette prison sans murs», pour tenter de capter «l’interminable et absurde temps de l’attente». Au gré de son immersion, il a réussi l’impensable: faire advenir le témoignage.

Avec un dispositif formel qui est la simplicité même (une cinquantaine de plans fixes et frontaux), Zuchuat a attendu que la parole naisse d’elle-même, représente l’irreprésentable. En résulte un film d’une puissance extraordinaire, quasiment hypnotique, dont les protagonistes, assis à même le sol, s’astreignent avec une dignité infinie au devoir de mémoire, tel cet homme qui égrène les quarante-six noms de ses pairs massacrés.

Vincent Adatte

Séance offerte aux membres de l’association des Amis du Royal

mardi, 21 avril 2009 16:17

Tokyo Sonata

Cinéaste-phare de la nouvelle génération japonaise, Kiyoshi Kurosawa abandonne les fantômes qui ont fait de lui l’un des chefs de file du cinéma d’épouvante. A travers un portrait de famille, il livre une formidable allégorie du Japon actuel… Licencié en une phrase, sans aucun sentiment, un père n’a pas la force d’avouer à sa femme et à ses deux enfants qu’il est désormais un cadre sans travail.

Soucieux de donner le change, l’homme part chaque matin, son attaché-case à la main, pour aller pointer au chômage et manger à la soupe populaire. Alors que le fils aîné rêve de s’engager en Irak et que le cadet prend des leçons de piano en secret, la mère assiste impuissante à la lente désagrégation de la famille…

Le drame familial est une tradition ancrée dans le cinéma japonais, mais Kurosawa lui confère un aspect nouveau, très contemporain, qui n’est pas si éloigné de ses films fantastiques. Somme toute, ses laissés-pour-compte de la crise prennent une dimension quasi spectrale, comme s’ils étaient en proie à une mutation humaine dont on ne mesure pas encore les conséquences. Dans un final sublime de lyrisme, la musique laisse espérer le retour de l’harmonie… Un chef-d’œuvre à ne rater sous aucun prétexte!

Vincent Adatte
mardi, 21 avril 2009 16:14

Anges et Démons

En 2006, Ron Howard avait suscité l’ire de la papauté en adaptant le «Da Vinci Code» de Dan Brown qui accréditait de bien sombres machinations du côté du Vatican. Trois ans plus tard, malgré une interdiction de tourner in situ, Howard récidive en transposant à l’écran les premières aventures de Robert Langdon, expert en religions et professeur à Harvard.

Toujours interprété par Tom Hanks, le sieur Langdon vole cette fois au secours du Saint-Siège. Alors que le pape vient de mourir, le collège des cardinaux se réunit en conclave pour élire son successeur. Une missive inquiétante annonce non seulement l’enlèvement des quatre cardinaux favoris pour l’élection dans les vingt-quatre heures, mais aussi leur assassinat et la destruction de la Ville éternelle, pas moins!

Dans le même temps, un scientifique meurt assassiné au CERN à Genève. Le meurtrier a emporté avec lui assez d’antimatière pour fabriquer une bombe terrifiante. Appelé à la rescousse, Langdon se rend dare-dare à Rome pour tenter d’empêcher la catastrophe. Commence une véritable course contre la monte au cours de laquelle l’universitaire débusque la marque des «Illuminati», une société secrète de libres-penseurs, qui se serait constituée au moment du procès de Galilée…

Adeline Stern
mardi, 21 avril 2009 16:11

LOL (LAUGHING OUT LOUD)

Sophie Marceau a fait ses débuts d’actrice à l’âge de treize ans dans «La boum» (1980) de Claude Pinoteau qui coloriait au pastel le conflit des générations. Aujourd’hui, la belle quadra donne l’impression de boucler la boucle en interprétant le rôle d’Anna, la mère de Lola dans le deuxième long-métrage de Lisa Azuelos, la réalisatrice de «Comme t’y es belle» (2006).

Anna est une mère compréhensive et donc tolérante. Architecte, elle loge dans un duplex en pierres apparentes, fume un joint de temps à autre et, surtout, se montre plutôt très «cool» avec sa fille un brin rebelle. Le film commence à la rentrée des classes, Lola (Christa Theret), surnommée Lol par ses camarades (une abréviation de «laughing out loud», «mort de rire» en langage SMS), se prend de bec avec son petit copain Arthur (Félix Moati) qui lui fait croire qu’il l’a trompée pendant les grandes vacances.

Furieuse, Lol lui rend la pareille en inventant un mensonge de la même eau… Vingt-huit ans après «La Boum», cette comédie sur l’adolescence a fait mouche, au point de devenir un véritable phénomène de société… En France, plus de trois millions spectateurs s’y sont pressés, dont une bonne moitié avait moins de vingt-cinq ans!

Vincent Adatte

mardi, 21 avril 2009 16:08

Frozen River

Primé dans plusieurs festivals, couvert d’éloges par Quentin Tarantino en personne, le premier long-métrage de la réalisatrice indépendante Courtney Hunt allie chronique sociale et thriller avec une efficacité redoutable… Entre les Etats-Unis et le Québec, coule le fleuve Saint-Laurent. Gelé en hiver, il permet aux immigrants clandestins de passer la frontière côté américain.

Plaquée par son mari accro au jeu, Ray (Melissa Leo) a deux fils à nourrir et des dettes qu’elle n’est plus en mesure de rembourser. Pour sauver la mise et s’acheter un mobile home, elle fait alliance avec Lila (Misty Upham), une jeune Mohawk au caractère bien trempé. De nuit, les deux femmes vont faire passer le Saint-Laurent gelé à des clandestins qu’elles cachent dans le coffre d’une voiture. Entre la glace qui menace de se rompre et une police sur pied de guerre, l’entreprise n’a rien d’une promenade de santé!

Servi par deux actrices épatantes, «Frozen River» est un film d’action féministe qui prend à bras le corps la réalité contemporaine américaine, évoquant de façon très frontale les crédits toxiques, les préjugés tenaces sur les minorités et la problématique insoluble de l’immigration… Une réussite haletante qui nous entraîne au cœur de l’hiver de la pauvreté!

Vincent Adatte

Grand Prix du Jury du Festival Sundance 2008 / Prix de la Meilleure interprétation féminine du Festival de San Sebastián 2008

mardi, 21 avril 2009 16:05

La Véritable histoire du Chat Botté

L’originalité de «La véritable histoire du Chat botté» tient à une alliance inédite entre le théâtre et les effets spéciaux. Ce dessin animé numérique a été mené sous la houlette de Pascal Hérold, monteur et truquiste de formation, fondateur de la société française de postproduction Duran Dubois. Mais il porte la griffe des metteurs en scène Jérôme Deschamps et Macha Makeïef.

Avec un entrain très communicatif, le couple créateur de la fameuse famille Deschiens a fait subir une cure de jouvence au conte de Perrault. A partir du personnage de félin goguenard et manipulateur que l’on connaît, le film raconte en effet une histoire qui fusionne des registres classiques et contemporains.

Poussé par son complice, le Chat botté, un jeune meunier timide se lance à la conquête d'une princesse qui rêve d'échapper à un mariage arrangé pour embrasser une carrière de danseuse pop. Déguisée, elle se produit le soir dans les caves de la ville, virevoltant sur des remix d’airs classiques. Dans des décors inspirés de l'esthétique de Gaudi, au gré des musiques décalées du groupe Moriarty, cette adaptation se la joue volontiers iconoclaste, avec l’aide de la gouaille de Yolande Moreau, vraiment impayable dans le rôle de la Reine!

Vincent Adatte

mardi, 21 avril 2009 16:03

Ponyo sur la falaise, près de la mer

Le treizième long-métrage du magicien Hayao Miyazaki est un merveilleux retour à l’enfance. Avec la simplicité qui sied aux grands conteurs, le Maître délivre un nouveau chef-d’œuvre, dans la lignée de Mon voisin Totoro (1988). Princesse poisson rouge, la protagoniste de son dernier film vit enfermée au fond de la mer avec ses sœurs multiples mais parfaitement identiques. Ambitionnant de devenir singulière, elle rêve de prendre apparence humaine.

Maître en métamorphoses, le réalisateur du Voyage de Chihiro (2004) va alors exaucer son vœu… Pêchée par Sosuke, un petit garçon qui lui donne le nom de Ponyo, elle va échapper à sa condition aquatique en devenant successivement un étrange gallinacé puis une petite rouquine adorable. Las, sa transgression va créer un déséquilibre naturel à l’effet tsunami…

Par chance, Miyazaki n’a jamais été un «père la morale», façon Disney. Soucieux de voir les enfants s’accomplir, malgré leurs parents, il défend la volonté d’autonomie de son héroïne, fidèle à son éthique du choix et de la responsabilité qui lui a donné une stature exceptionnelle pour un cinéaste d’animation, et dont la fréquentation fait plus sûrement grandir, que de manger quotidiennement sa soupe… Tout simplement prodigieux!

Vincent Adatte

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