lundi, 28 janvier 2013 12:46

Django Unchained

Après le film de guerre «Inglorious Basterds» (2009), variation très libre des «Douze salopards» (1967) de Robert Aldrich, qui dédommageait par la seule puissance du septième art les victimes juives de la barbarie nazie, Quentin Tarantino, en grand amateur du cinéma bis, récidive cette fois avec le fantôme de «Django», héros en série du défunt western-spaghetti!

Dentiste de profession, le docteur Schulz (Christoph Waltz) est aussi un chasseur de primes redoutable. Peu avant la guerre de Sécession, il libère un esclave noir (Jamie Foxx) qu’il rebaptise Django et en fait un acolyte pour le moins dévastateur…

De fait, «Django Unchained»  est sans doute le film le plus engagé de son auteur, avec une reconstitution sans fard de l’état d’esclavage qui présida à la prospérité scandaleuse des Etats confédérés d’Amérique. Comme dans son film précédent, Tarantino use du cinéma à des fins vengeresses et symboliquement réparatrices, dont la froide ironie ne trompera personne. Du grand art!

Vincent Adatte

lundi, 28 janvier 2013 12:43

Une Estonienne à Paris

Au cœur de l’hiver estonien, Anna (Laine Mägi) assiste aux derniers instants de sa mère. Après l’enterrement, auquel sont venus furtivement assister ses deux grands enfants, la voilà désormais confrontée à une solitude pesante.

Guettée par la dépression, elle accepte alors un travail à Paris, une ville dont elle a beaucoup rêvé dans sa jeunesse, sans jamais pouvoir y séjourner. Elle entre alors au service de Frida (Jeanne Moreau), une riche compatriote exilée de longue date. D’emblée, Frida (Jeanne Moreau) se montre odieuse à son égard. De fait, la vieille dame ne rêve que de reconquérir son «jeune» amant Stéphane (Patrick Pineau) qu’elle soupçonne d’avoir engagé Anna pour prendre ses distances!

Contre toute attente, les deux femmes commencent à pactiser, conjuguant leurs solitudes respectives… Venu de la télévision, le cinéaste estonien Ilmar Raag maîtrise parfaitement l’art de la nuance, jouant sur les silences qui laissent deviner les blessures intimes de l’être… A déguster.

Adeline Stern

lundi, 28 janvier 2013 12:40

Renoir

En 1915, le futur grand cinéaste Jean Renoir (Vincent Rottiers) n’a que vingt-et-un ans. Blessé, il revient du front pour passer sa convalescence dans la propriété familiale située à proximité de Cagnes-sur-Mer. Il y retrouve son père Auguste (Michel Bouquet) qui, malgré son grand âge et ses infirmités, continue à peindre inlassablement.

Entouré de femmes pleines de sollicitude, le vieux peintre impressionniste s’évertue à créer d’après nature, en quête d’harmonie, ignorant de la guerre et de son cortège d’horreurs. Sauvageonne pleine de vie, Andrée (Christa Théret) vient poser nue sur un divan paré d’étoffes. C’est ainsi que la découvre Jean qui s’en éprend immédiatement…

Dans une lumière sublime, digne des tableaux de l’auteur des «Grandes Baigneuses», le réalisateur Gilles Bourdos apparie de façon très heureuse la vocation naissante du fils Renoir et la verve créative sans déclin de son père… Un film qui ravit les yeux et réconcilie avec la vie!

Vincent Adatte

lundi, 28 janvier 2013 12:38

Tabu

Distingué à Berlin, «Tabou» nous baigne dans l’aube virginale d’un cinéma retrouvé, comme on n’en rêvait plus! Inspiré d’un film de Murnau, estimé comme l’un des derniers chefs-d’œuvre du cinéma muet, le troisième long-métrage du réalisateur portugais Miguel Gomez laisse sans voix!

Par le biais d’un prologue sublime, le cinéaste nous entraîne tout d’abord dans un mélo exotique d’antan, qui raconte comment un explorateur désespéré propage à un crocodile son dépit amoureux… Ce n’était qu’un film! Nous sommes au cinéma, à Lisbonne. Sort de la salle Madame Pilar, une brave femme qui occupe sa retraite en fréquentant sa voisine Aurora.

Cette vieille dame excentrique cache un secret qui nous ramène dans les années soixante au Mozambique… Narré par la propre voix de Gomez, qui pallie les voix estompées du passé, ce condensé de romanesque fusionne alors dans une Afrique fantôme, frustrations coloniales indolentes et romantisme échevelé… Un must!

Vincent Adatte

lundi, 28 janvier 2013 12:29

Jack Reacher

Enquêteur militaire chevronné en Irak, Jack Reacher (Tom Cruise) est retourné à la vie civile, en se fondant dans l’anonymat. Mais il est obligé de reprendre du service le jour où un ancien tireur d’élite de l’armée américaine est accusé d’avoir abattu cinq innocents, en pleine ville!

Tout paraît désigner l’ex-sniper, d’autant que Reacher a déjà eu affaire à lui par le passé, à Bagdad. Arpentant la scène du crime, il ne tarde pas à découvrir quelques anomalies suspectes. Convaincue par la très séduisante avocate (Rosamund Pike) du suspect, Reacher commence à investiguer et établit un lien troublant entre le massacre perpétré et un inquiétant survivant du goulag sibérien, auquel le cinéaste Werner Herzog prête ses traits de manière assez jubilatoire…

Adapté des romans en série de l’écrivain Lee Child, «Jack Reacher» est un film d’action trépidant qui sacre le retour d’un vrai héros d’antan, incorruptible et impénétrable!

Adeline Stern

lundi, 07 janvier 2013 13:07

Les Bêtes du Sud Sauvage

Premier long-métrage sidérant de Benh Zeitlin, un cinéaste new-yorkais de tout juste trente ans, «Les bêtes du sud sauvage» s’attache aux pas de Hushpuppy, une gamine de six ans, qui tente de se débrouiller en Louisiane, dans un bayou peuplé de marginaux s’efforçant de survivre en marge de la société.

Abandonnée par sa mère, dont on ne sait ce qu’elle est devenue, flanquée d’un père alcoolique et malade du cœur, la fillette va affronter avec sa communauté improbable les rigueurs de l’ouragan Katrina, dont les plus démunis payeront le prix fort…

Récompensé au Festival de Sundance et à Cannes où il a remporté la prestigieuse Caméra d’or, un prix attribué à la meilleure première œuvre, toutes sections confondues, Zeitlin reste constamment à hauteur d’enfant, pliant le réel à l’imagination tourmentée de sa protagoniste… En résulte un film déchirant qui exalte la capacité de survie de sa jeune héroïne, alors même que tout semblait anéanti. Une révélation!

Adeline Stern

lundi, 07 janvier 2013 13:05

L’homme qui rit

Grand cinéaste par la taille et le talent, le réalisateur des «Emotifs anonymes» adapte magistralement le célèbre roman de Victor Hugo, un chef-d’œuvre de la littérature, aux accents sociaux prémonitoires… Enlevé et mutilé alors qu’il n’était qu’un enfant, Gwynplaine (Marc-André Grondin) arbore une cicatrice qui lui vaut d’être surnommé «l’homme qui rit».

Recueilli par le forain Ursus (Gérard Depardieu), il s’exhibe dans un spectacle qui fascine les foules, jusqu’au jour où il apprend la vérité sur ses origines, pour le plus grand malheur de sa partenaire, une jeune aveugle dont il est profondément épris…

Très réussie, cette quatrième adaptation cinématographique de l’ouvrage de l’auteur des «Misérables» adopte délibérément le mode du conte, en recréant de toutes pièces dans les studios de Prague un univers fantastique et baroque que n’aurait pas renié le Tim Burton de «Sleepy Hollow et «Edward aux mains d’argent»!

Vincent Adatte

lundi, 07 janvier 2013 13:02

Trois frères à la carte

Dimanche 27 janvier, ce film sera projeté en présence de la réalisatrice et suivi d’une discussion.

Depuis des décennies, le cinéma suisse de genre documentaire est admiré dans le monde entier. Ainsi, en 1966, les cinéastes Walter Marti et Reni Mertens réalisaient avec «Ursula ou la vie inutile», l’un des premiers films osant faire du handicap son vrai sujet…

Sans conteste, la réalisatrice suisse alémanique Silvia Häselbarth s’inscrit dans ce bel héritage cinématographique, tout de respect et de pudeur, en nous faisant entrer dans une auberge familiale assez extraordinaire. En effet, dans la cuisine, trois frères participent à confectionner de bons petits plats.

Jusque-là rien d’exceptionnel, sinon que deux d’entre eux  souffrent du syndrome de Down, autrement dit, ils sont trisomiques. Très éloigné du témoignage larmoyant qu’il aurait pu être, «Trois frères à la carte» exprime au plus haut degré ce que signifie une intégration réussie de personnes «différentes»… Au restaurant Hirschen, on ne se contente pas de servir des mets gastronomiques, on y propose aussi une part d’humanité!

Adeline Stern

lundi, 07 janvier 2013 12:59

Les mondes de Ralph (3D)

La nouvelle production Disney s’ancre dans l’univers des jeux d’arcades, ces jeux vidéo payants d’autrefois, insérés dans des bornes installées dans les bars ou les galeries commerciales. Dans ce monde très «low-tech», les couleurs primaires et les gros pixels sont de mise!

Doté de mains énormes, Ralph est la «grosse brute» de l’un de ces jeux d’un autre âge. Comme il le confie à une réunion de méchants anonymes, il en a sa claque de démolir un immeuble qu’un petit maçon reconstruit en un clin d’œil, sous les vivats des locataires.

Déterminé à se trouver un rôle plus charismatique, le malaimé se glisse dans d’autres «games». Après quelques déboires, il croit enfin trouver l’âme sœur dans un jeu de course rose bonbon, en la personne d’une adorable petite fille, laquelle est hélas interdite de compétition car elle souffre d’un «bug»… Bourré de jolies trouvailles et de gags référentiels à rendre nostalgiques tous les ex-zélateurs de Pac-Man, Sonic, Mario et Cie!

Vincent Adatte

lundi, 07 janvier 2013 11:51

La Chasse

Lucas est un éducateur irréprochable, quoique divorcé. Il travaille à l’école maternelle d’un village reculé. Tout bascule le jour où une fillette laisse entendre à la directrice de l’établissement que son employé lui aurait montré son sexe. Clamant son innocence, Lucas subit alors l’opprobre de toute une communauté qui sera très prompte à confondre chasse au cerf et chasse à l’homme…

Réalisé par le réalisateur de «Festen» (1998), «La Chasse» est un plaidoyer rude et exemplaire, qui prend la forme d’un thriller psychologique qui stigmatise à juste titre une société hantée par la peur de la pédophilie. Prix d’interprétation à Cannes, Mads Mikkelsen exprime à la perfection sa condition d’homme blessé, toujours plus isolé et en danger.

A l’instar du «Carnage» de Roman Polanski, le drame trouve son origine dans le dysfonctionnement des cellules familiales. Une vision certes pessimiste de l’humanité, mais combien salutaire!

Vincent Adatte

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