Madagascar 3 : Bons baisers d’Europe (3D)
Rêvant toujours de rentrer chez eux, Alex le lion, Marty le zèbre, Gloria l’hippopotame et Melman la girafe font cette fois un détour par l’Europe. Engagés dans un cirque ambulant, ils vont assurer le spectacle… Irrésistible, le troisième volet de leurs aventures indomptables est à découvrir en 3D!
Le grand soir
Ouf, le duo Delépine-Kervern poursuit ses méfaits cinématographiques! Après avoir dénoncé le sort réservé aux tétraplégiques («Aaltra»), les mauvais traitements infligés aux canidés («Avida»), l’obscénité des délocalisations d’entreprises («Louise-Michel») et le scandale des retraites («Mammuth»), les voilà qu’ils prônent la révolution sur le mode «no future»!
Bien que cinglés, les parents Bonzini tiennent le restaurant «La Pataterie» dans une zone commerciale, tandis que leur fils aîné, Not (Benoît Poelvoorde), se targue d’être le plus vieux punk à chien d’Europe! Plus actif, son petit frère Jean-Pierre (Albert Dupontel) trime comme vendeur dans un magasin de literie.
Las, Jean-Pierre est licencié et pète un câble. Arborant « la crête » et le mot «Dead» sur le front, il épouse alors la cause perdue de son frangin. En famille, ils se promettent de déclencher une insurrection générale devant l’hypermarché… Rires très jaunes garantis!
Vincent Adatte
C’était un géant aux yeux bruns
Dimanche 17 juin à 20h30 le film sera projeté en présence de la réalisatrice, puis suivi d’une discussion et du verre de l’amitié.
Après deux courts-métrages de fiction remarqués, la cinéaste Eileen Hofer s’est lancée, sans filet, dans la réalisation de «C’était un géant aux yeux bruns». En résulte un premier long-métrage documentaire, empreint d’une sensibilité rare qui lui a valu d’être sélectionné aux «Visions du Réel» de Nyon et au prestigieux Festival de Rotterdam.
Après le divorce de ses parents, au sortir de l’enfance, Sabina a dû quitter son pays natal pour s’installer en Suisse avec sa mère. Cinq ans plus tard, elle revient en Azerbaïdjan à l’occasion des vacances d’été et renoue avec sa sœur aînée et son père, «ce géant aux yeux bruns» dont elle n’aurait jamais voulu être séparée!
Avec une équipe réduite, la réalisatrice accompagne Sabina dans ce voyage qui va susciter des émotions et des sentiments très mélangés. Son père va en effet se remarier, mettant fin à son illusion de ressouder la famille. Dans le même temps, elle se découvre des attaches insoupçonnées pour la terre qui l’a vue naître…
Vincent Adatte
El Chino
Vendredi 15 juin, dans le cadre de la Journée mondiale des réfugiés, le film sera précédé, dès 18h30, du vernissage de l’exposition collective «Un autre regard» et d’un apéritif dînatoire offert.
Succès absolument phénoménal en Argentine, «El Chino» est un «feel-good-movie» très agissant sur le thème de la rencontre improbable, mais quand bien même rédemptrice.
Collectionneur de fait-divers sinistres, un quincaillier acariâtre est contraint d’héberger un jeune Chinois égaré et saugrenu, égaré à Buenos Aires, par la faute d’une vache littéralement tombée du ciel. Dans l’incapacité de communiquer, les deux hommes développent petit à petit une amitié taiseuse qui va extirper le commerçant vieux garçon de sa misanthropie ronchonne, jusqu’à l’ouvrir au sentiment et donc aux autres…
Comédie humaniste douce-amère et pleine de charme, le troisième long-métrage du cinéaste Sebastiàn Borensztein essaime moult gags surréels et pince-sans-rire dignes du Finlandais Kaurismäki. Dans le rôle du commerçant revêche, le très séduisant acteur Ricardo Darin («Dans ses yeux», «Carancho», «El Aura») fait à nouveau montre de son immense talent!
Adeline Stern
Le Tableau
Pour une raison mystérieuse, le peintre n’a pas terminé son tableau, créant sans le savoir une grave injustice. Les «Toupins» se moquent en effet des «Pafinis» et traitent les «Reufs» (à peine esquissés) comme des moins que rien. Refusant cette fatalité, un «Toupin» et une «Pafini» énamourés partent à la recherche de l’artiste pour qu’il finisse son travail… Cinéaste d’animation encore confiant en les vertus de l’intelligence et de la beauté, Jean-François Laguionie a réussi avec «Le Tableau» une pure merveille du genre.
Adeline Stern
Dark Shadows
Enfant, Tim Burton raffolait de «Dark Shadows», une série télévisée très populaire dans les années soixante, mixture inénarrable de sitcom familiale et de fantastique bricolé. Il lui rend aujourd’hui un hommage très cinématographique, avec le concours mordant de Johnny Depp, son acteur fétiche.
Arrivé aux Etats-Unis avec ses parents en 1760, Barnabas Collins grandit dans l’opulence, jusqu’au jour où son amour pour la diaphane Josette lui vaut l’inimitié féroce d’une sorcière ancillaire qui, de dépit, le métamorphose en vampire…
Quelque deux cents ans plus tard, des ouvriers poissards renversent par mégarde le cercueil dans lequel Barnabas dormait d’un sommeil profond. Réveillé, le vampire étanche aussitôt sa soif puis revient dans le château familial, pour renouer avec ses descendants plutôt décatis… Complètement retrouvée, la furia baroque et parodique du réalisateur de «Edouard aux mains d’argent» est un véritable régal!
Vincent Adatte
I Wish - Nos voeux secrets
Le nouveau film du cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda est un véritable trésor qui nous fait renouer avec l’esprit d’enfance… Après le divorce de leurs parents, Koichi et Ryunosuke ont été séparés, l’un est parti avec sa mère vivre chez ses grands-parents, l’autre restant avec son père, un guitariste de rock bohême.
Communiquant par le biais de leurs mobiles, les deux gosses rêvent d’être à nouveau réunis. A l’occasion de l’arrivée du Shinkansen (le TGV nippon) dans la région, ils s’inventent une légende urbaine digne de la plus grande foi, qui va être à l’origine d’une sublime équipée…
A ce qu’il paraîtrait, quand deux trains rapides se croisent à plus de 260km à l’heure, la vitesse est telle que tous les vœux se réalisent! Accompagnés de leurs camarades de classe et de moult désirs secrets loin d’êtres enfantins, les deux mômes se mettent en route… Le réalisateur de «Nobody Knows» et de «Still Walking» atteint à une simplicité merveilleuse, de l’ordre du conte initiatique.
Vincent Adatte
Cosmopolis
Adapté du roman déjà prodigieux de Don de Lillo, le vingtième long-métrage du cinéaste canadien David Cronenberg («La mouche», «Crash», «History of Violence») constitue un terrifiant portrait en coupe du capitalisme dématérialisé qui, désormais, nous tient lieu de réalité…
Jeune et fortuné, Eric Packer (Robert Pattinson) s’engouffre dans une limousine blanche, avec l’idée de se faire couper les cheveux (qu’il a déjà parfaitement coupés). Nous sommes à New York, aujourd’hui, en un temps de catastrophe économique, guettés par le chaos.
Se croyant à l’abri dans son véhicule royal, Packer, souverain de pacotille, traverse notre société exsangue en une journée où tout peut basculer, faute d’avoir parié sur la chute du yen ou du yuan. Amateur des peintures de Rothko, possesseur de deux ascenseurs, l’un diffusant du Satie, l’autre du rap soufi, ce fantôme d’être humain va prendre en pleine figure un retour du réel fulgurant… Un grand film choc!
Vincent Adatte
Le prénom
Après le triomphe de leur pièce de théâtre éponyme, les metteurs en scène et cinéastes Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte ont choisi de la porter à l’écran, tout en en conservant sa distribution étincelante.
Elisabeth, Babou pour les intimes, (Valérie Benguigui) et Pierre (Charles Berling) habitent un grand appartement parisien situé dans le neuvième arrondissement. Des invités sont attendus et Babou s’affaire à préparer son fameux couscous. Arrive d’abord Claude (Guillaume de Tonquédec), un ami musicien placide et si discret que personne ne sait qui il est vraiment…
Puis Vincent (Patrick Bruel), le frère de Babou, fait son entrée avec une bouteille de bordeaux rarissime. La quarantaine proprette et triomphante, il pavoise car il va être père. Toujours en retard, sa femme enceinte (Judith El Zein) débarque enfin dans une bonne humeur générale, jusqu’à ce que le choix du prénom du bébé ne fasse l’effet d’une bombe…
Adeline Stern
Ceci n’est pas un film
Pour saisir l’importance de ce film d’une puissance émotionnelle inouïe, il convient d’en préciser le contexte. Condamné en mai 2010 par la «justice» de son pays à six ans de prison et à vingt ans d’interdiction de tourner, Jafar Panahi, l’un des réalisateurs emblématiques de la nouvelle vague iranienne («Le Ballon blanc», «Le Miroir», «Le Cercle», «Sang et Or»), a été libéré sous caution.
Assigné à résidence chez lui à Téhéran, en attendant de purger sa peine, cet immense cinéaste, qui s’est engagé comme personne pour la démocratie, ne désarme pas et décide de faire un film sur sa condition, avec son seul téléphone portable (que son complice enverra à Cannes via une clef USB cachée dans un gâteau d’anniversaire).
Avec un humour désespéré, Panahi prend alors au pied de la lettre l’interdiction de filmer et la détourne en un plaidoyer poignant sur la résistance et le refus de toute résignation. Pour citer derechef Magritte, ceci n’est pas un cinéaste en danger!
Vincent Adatte