Avec Jake GYLLENHAAL, Heath LEDGER, Michelle WILLIAMS
Age légal 14 ans / suggéré dès 14 ans * VO sous-titrée * Lion d'or au dernier Festival de Venise, 8 nominations aux Oscars 2006, 4 Golden Globes 2006 : Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Scénario et Meilleur chanson de film

Lion d’Or au dernier Festival de Venise, Le secret de Brokeback Mountain est notre premier coup de cœur printanier. Contrairement à ce que des journalistes simplificateurs ont écrit, il ne s’agit pas d’un western «gay». Le nouveau film d’Ang Lee est bien plus que cela: une œuvre filmée à fleur de peau, empreinte d’un profond respect, qui nous invite à suivre sur près de vingt ans des personnages attachants pris au piège d’une société américaine rétrograde, figée sur elle-même.

Wyoming, 1963, c’est l’été. Deux jeunes cow-boys sont engagés pour garder un troupeau de moutons à Brokeback Mountain. Isolés au milieu d’une nature sauvage, Jack (Jake Gyllenhall) et Ennis (Heath Ledger) se découvrent une complicité qui se transforme lentement en une attirance aussi irrésistible qu'inattendue.

A la fin de la transhumance, les deux hommes doivent se séparer. Ennis épouse Alma (Michelle Williams), sa fiancée, tandis que Jack se marie avec Lureen (Anne Hataway). Quatre ans plus tard, les deux hommes se revoient… Un seul regard suffit pour raviver l'amour né à Brokeback Mountain.

Adapté d’une nouvelle de la romancière Annie Proulx, ce film profondément humain est de notre avis l’une des plus belles histoires d’amour jamais racontée au cinéma. C’est aussi le sommet de l’œuvre du cinéaste américain originaire de Taiwan, Ang Lee, qui, par le passé, avait déjà su nous convaincre avec Garçon d'honneur, Raison et sentiments ou encore Tigre et Dragon.

Avec Charlotte RAMPLIG, Karen YOUNG

Après deux premiers films réalisés en France, le réalisateur des très remarqués Ressources humaines et L’emploi du temps, a élargi son horizon en allant tourner à Haïti son troisième long-métrage. Adapté d’un ensemble de nouvelles de l’écrivain haïtien Dany Laferrière, Vers le Sud est un film fort et dérangeant qui montre que prostitution n’exclut pas toujours la tendresse, voir le sentiment amoureux, sans évincer le racisme hélas…

Au début des années quatre-vingt, Haïti vit sous la coupe du dictateur Duvalier et de ses sbires, les tristement célèbres tontons macoutes. A Port-au-Prince, dans la quiétude paradisiaque de l’Hôtel La Petite Anse, trois clientes américaines se disputent les faveurs de Legba (Mémothy César), un garçon de dix-huit ans «beau comme un dieu».

Après un prologue à l’aéroport, qui introduit crûment le thème du tourisme sexuel, le film décrit la rivalité opposant ces femmes d’âge différent (jouées à la perfection par Charlotte Rampling, Karen Young et Louise Portal). Faisant office de médiatrice, l’une des trois réussit à ramener un peu de sérénité… Las, entre-temps, la réalité haïtienne faite de bruit et fureur aura tragiquement rattrapé leur bel ange.

Avec Uma THURMAN, Meryl STREEP, Bryan GREENBERG
Age légal 10 ans / suggéré dès 14 ans

Six ans après le thriller Les initiés, le réalisateur et scénariste Ben Younger signe un deuxième long-métrage inspiré et inattendu, nous faisant passer constamment du rire aux larmes, avec, à la clef, un beau film d’amour porté par deux actrices au sommet.

Sous le coup d’un douloureux divorce, Rafi (Uma Thurman) consulte le Dr Lisa Metzger (Meryl Streep), une psychanalyste. Très compétente, cette dernière aide Rafi à redéfinir son rapport aux hommes, de manière à lui permettre de renouer une relation satisfaisante avec un sujet du sexe opposé. Les efforts conjugués de la patiente et de la psy ne tardent pas à porter leurs fruits, puisque Rafi tombe amoureuse de David (Bryan Greenberg). Rencontré par hasard, ce jeune homme est un séduisant artiste peintre qui a vingt ans de moins qu’elle… Seule ombre à ce tableau idyllique, il apparaît bientôt que David n’est autre que le fils unique du Dr. Metzger!

Très légère au premier abord, cette comédie atteint vite à une profondeur insoupçonnée. Avec sensibilité, son auteur y dresse le portrait d’une femme très actuelle: tiraillée entre l’espérance de vivre une grande passion et le désir de trouver un partenaire à la hauteur, angoissée à l’idée de ne pas mettre la main sur le bon mari et la perspective de devoir se satisfaire d’un simple géniteur…

Avec Matthias SCHOCH, Alexandra VANDERNOOT, Didier FLAMAND
Age légal 10 ans / suggéré dès 12 ans

Le jour de ses dix-huit ans, Sebastian Zollweger (Matthias Schoch) annonce une nouvelle qui horrifie son père et fait sourire sa sœur: alors que tout le monde le voyait commencer à travailler dans l’imprimerie paternelle, Sebastian part à Genève travailler comme garçon au pair! Arrivé dans la cité chère à Calvin, le «jeune homme» du titre se met au service de la famille Dumoulin. Vraiment «bon à tout faire», il saura rapidement se rendre indispensable, d’autant plus que ses très respectables employeurs sont en pleine crise conjugale.

Cette comédie de mœurs nullement moralisatrice et bien jouée allie pour notre plus grand plaisir le français parfois approximatif de Sebastian et le «schwyzerdütsch» que ce dernier utilise comme une arme secrète lui permettant de dire son fait à ses «patrons» en toute impunité.

Encore peu connu sous nos latitudes romandes, Christoph Schaub (Stille Liebe, Sternenberg), est pourtant l’un des cinéastes suisses les plus en vue du moment. Dans Jeune Homme, il a su démontrer avec subtilité qu’un garçon peut très bien maîtriser une activité jusque-là réservée aux filles, suscitant même des vocations… Pour preuve, quelques semaines après la sortie du film, l’on a enregistré une nette recrudescence de candidatures de jeune homme au pair!

Avec Eric BANA, Daniel CRAIG, Ciaran HINDS
Age légal 14 ans / suggéré dès 14 ans

Pour son vingt-quatrième long-métrage, le grand Spielberg nous propose une adaptation libre d’un roman écrit par le Canadien Georges Jonas et constitué en grande partie de révélations faites par un ex-agent du Mossad.

Munich commence par une reconstitution des premières heures de l’action terroriste qui a endeuillé les Jeux Olympiques de 1972. Un commando de fedayins palestiniens, nommé «Septembre Noir», s’introduit dans le village olympique et séquestre onze athlètes israéliens. L’issue est meurtrière: dans la confusion, tous les otages sont tués, ainsi que cinq de leurs ravisseurs. Sous l’impulsion de Golda Meir, alors première ministre d’Israël, le Mossad entreprend de terribles représailles en Europe, en décidant d’éliminer onze Palestiniens soupçonnés d’avoir trempé dans cette dramatique affaire.

De Rome à Paris en passant par Athènes, Spielberg reconstitue cette traque impitoyable en focalisant notre attention sur le chef du commando, prénommé Avner (Eric Bana) et chargé de mener à bien cette application absolument illégale de la peine du talion. Au fur et à mesure qu’il accomplit son atroce mission, Avner commence à douter de son bien-fondé, d’autant plus que les services secrets américains et russes jouent un jeu des plus ambigus…

On l’aura compris, Spielberg, outre qu’il renvoie dos-à-dos terroristes et justiciers nous démontre l’inutilité de la vengeance, pour preuve la situation qui perdure plus de trente ans après...

Avec Nathalie BAYE, Jalil LESPERT, Roschdy ZEM
Age légal 14 ans / suggéré dès 16 ans * 5 nominations aux César 2006 dont meilleur film français et meilleur réalisateur

Quatrième long-métrage du cinéaste français Xavier Beauvois, Le petit lieutenant est une grande réussite qui répond de façon magistrale à la sempiternelle question: mais que fait donc la police?
Fraîchement diplômé de l’école de gendarmerie, Antoine Derouère (Jalil Lespert) monte à Paris où l’attend un poste à haut risque. De retour dans son service après avoir surmonté son problème d’alcoolisme, Caroline Vaudieu (Nathalie Baye) intègre le «petit lieutenant» dans son équipe de la Criminelle. Le jeune provincial fait alors l’expérience du quotidien sans grâce de la police judiciaire parisienne. Souriant, gentil et crédule, il apprend à connaître ses collègues, des types ordinaires avec leurs défauts et leurs qualités. Tous revenus du «fantasme d’être flic», ces derniers poursuivent leur métier avec une lucidité désenchantée.

Enquêtant sur le meurtre d’un sans domicile fixe, le «petit lieutenant» va payer très cher son inexpérience… Mais n’en disons pas plus, car Beauvois a parfaitement réussi à faire l’équilibre entre une approche quasiment documentaire du labeur de la police et une enquête dont les péripéties, aussi banales soient-elles, tiennent le spectateur en haleine.

Avec Robert REDFORD, Jennifer LOPEZ
Age légal 10 ans / suggéré dès 12 ans

Après avoir débuté sa carrière dans son pays d’origine, le réalisateur suédois Lasse Hallström a cédé aux sirènes hollywoodiennes au début des années nonante. Avec le facétieux Gilbert Grape (1993), Hallström assoit définitivement sa réputation. Comme Ang Lee avec Le secret de Brokback Mountain, l’auteur de Chocolat (2001) revisite le western, genre cinématographique américain par excellence. Bien loin de ressusciter ses splendeurs d’autrefois, Hallström en propose plutôt une vision contemporaine très intéressante.

Le Wyoming, de nos jours. Fermier à la retraite, Einar Gilkyson (Robert Redford) est un homme taciturne qui a enfoui au plus profond une vieille blessure qui ne se refermera jamais: la mort de son fils, survenue dix ans plus tôt. Solitaire, Einar a tiré un trait définitif sur son passé. Seul Mitch (Morgan Freeman), son vieil ami et employé, trouve encore grâce à ses yeux…

Cet équilibre fragile, fait de non-dits douloureux, va être complètement bouleversé par le retour de Jean (Jennifer Lopez), sa belle-fille qu’il tient pour responsable de la mort de son fils… Grands espaces, grizzlis mythiques, hommes laconiques aux visages burinés, tout y est… Avec cette fêlure en plus qui fait du «western» moderne de Hallström une œuvre particulièrement attachante.

Avec Nicolas CASALE, Mohamed MAJD
Age légal 10 ans / suggéré dès 12 ans

Le plus important n’est pas le but en soi, mais le chemin parcouru pour y parvenir… De la plus belle des manières, Le grand voyage, premier long-métrage du cinéaste d’origine marocaine Ismaël Ferroukhi, réactualise ce vieil adage inhérent à toute véritable expérience humaine.

A quelques semaines du bac, un jeune maghrébin est obligé de conduire son père à la Mecque en voiture. Du sud de la France à l’Arabie saoudite, le voyage s’annonce difficile, tant le fossé des générations semble illimité!

Au fil des kilomètres, père et fils vont pourtant se rapprocher…

Avec une sensibilité peu commune, Ferroukhi évite toutes les ornières du genre (le road-movie) et des thèmes abordés – la reconnaissance de la différence, l’intégration, la tolérance, la question religieuse, le conflit intergénérationnel, etc. Ce faisant, il réussit un premier film intense, d’une rare hauteur de vue, dont ne sont jamais exempts la poésie et l’imaginaire. Signalons que Ferroukhi est le premier cinéaste à avoir été autorisé à tourner à La Mecque, durant le pèlerinage.
A l’issue de leur assemblée générale (ouverte à tous), l’ «Association des Amis du Royal» offre ce très beau film réconciliateur à toute la population!

Le commerce des armes ne s’est jamais si bien porté… Tant pis pour les victimes! D’emblée, le générique du nouveau film explosif de l’auteur de Bienvenue à Gattaca (1997) donne le ton: interloqué, le spectateur assiste en vision subjective à la «destinée» impitoyable d’une balle de fusil, de la chaîne de fabrication dans l’usine jusqu’au front d’un enfant africain!

Fils désœuvré d’émigrés ukrainiens, Yuri Orlov (Nicolas Cage) délaisse le restaurant familial de ses parents pour se lancer dans un commerce clandestin autrement lucratif. En quelques années, cet homme audacieux et très habile négociateur devient l’un des plus puissants vendeurs d’armes de la planète. Fortune faite, Yuri peut épouser la ravissante femme de ses rêves qu’il se garde bien de mettre au parfum. Bientôt père de famille, il mène tranquillement une double vie parfaitement réglée.

Sur un ton parfois proche de la farce, Niccol dénonce de façon très brillante un scandale qui est hélas d’actualité. Tout ce que nous apprend ce réquisitoire implacable est en effet tiré de faits véridiques et cela fait vraiment froid dans le dos… Un grand film d’action hollywoodien qui dénonce le cynisme occidental, tout en s’intéressant de très près au désastre africain, c’est suffisamment rare pour que l’on s’y précipite!

Avec Nicolas CAGE, Ethan HAWKE, Jared LETO * Age légal 16 ans / suggéré dès 16 ans

Avec Thierry LHERMITTE, Gérard JUGNOT, Josiane BALASKO