Fleur du Désert
Dimanche 20 juin, suivant la tradition, pour la journée des réfugiés, le film sera précédé d’un repas offert à tous. Un véritable partage dans un climat de fête !
Promise à un mariage forcé, une adolescente somalienne âgée de treize ans ne craint pas de traverser le désert, au péril de sa vie. Réfugiée chez des proches à Mogadiscio, Waris est ensuite placée comme bonne à tout faire chez son oncle, ambassadeur de Somalie à Londres. Corvéable à merci, sans défense, elle reste pendant six ans à son service, avant de se décider à prendre la fuite.
Alors qu’elle s’échine à faire les à-fonds d’un établissement de restauration rapide, la jeune femme est repérée par un photographe sensible à sa beauté qui se cache sous ses oripeaux de nettoyeuse. Le destin va alors enfin sourire à cette émule de Cendrillon, jusqu’à en faire un top model d’envergure internationale, qui restera hélas toute sa vie meurtrie dans sa chair!
Absolument véridique, ce conte de cinéma est tiré du livre autobiographique de Waris Dieris qui, depuis lors, bat campagne pour faire cesser une atteinte insupportable à la dignité de la femme.
Adeline Stern
Precious
New York, dans le quartier de Harlem, dans ces années quatre-vingt où sévit le néolibéralisme cher au président Reagan… L’existence de Precious Jones (formidable Gabourey Sidibe) ne respire pas le bonheur, c’est le moins que l’on puisse dire!
Gamine de seize ans rêvant d’être blonde et mince, Precious vit un calvaire. Elle est noire, obèse, illettrée et a été violée par son père, avec à la clef un enfant trisomique. De nouveau enceinte, Precious doit en plus affronter la violence de sa mère hystérique. Cerise sur le gâteau, elle est renvoyée du lycée qui ne tolère pas sa seconde grossesse, ce qu’elle vit comme un véritable drame, car elle comptait sur les études pour s’en sortir!
La «grosse» se tire alors de chez elle. Animée par une volonté farouche de vivre, Precious fréquente une école alternative de Harlem… Tiré du roman choc de la poétesse Sapphire, publié en 1996, «Précious» n’est en rien une exagération, hélas!
Vincent Adatte
Robin des Bois
Les aventures bondissantes de Robin des Bois ont été portées à l’écran à plus de septante reprises. A juste titre, le cinéaste anglais Ridley Scott en a laissé de côté les péripéties les plus connues, s’intéressant plutôt à établir la genèse des exploits du bandit d’honneur qui prend ici les traits de Russel Crow.
En premier lieu, le réalisateur de «Gladiateur» (2000) dépossède le héros légendaire de ses fameux collants verts. C’est ainsi qu’on le découvre en simple archer au service du roi Richard qui revient des croisades. Prenant des libertés avec l’Histoire, Scott fait mourir prématurément le souverain au pied d‘un sinistre château limousin.
Par un concours de circonstances, le futur justicier est alors conduit à usurper l’identité d’un gentilhomme anglais tué par les Français, Sir Robin de Locksley, qui laisse en Angleterre une veuve prénommée Marian (Cate Blanchett)… Le mythe est en marche!
Vincent Adatte
Léman-Mékong
Samedi 5 juin à 20h30, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur.
Il y a plus d’une année, le réalisateur Frédéric Gonseth est venu présenter au Royal «Mission en enfer» et «La Citadelle humanitaire». Il revient à Sainte-Croix pour nous faire découvrir son dernier documentaire, «Léman-Mékong», qu’il a coréalisé avec sa compagne Catherine Azad.
Toujours sur le thème de l’entraide, qui était déjà au cœur des deux films susnommés, ce nouveau long-métrage s’attache à décrire la collaboration menée par des praticiens vaudois avec le personnel hospitalier de l’hôpital de Can Thò, la ville principale du delta du Mékong.
Depuis plusieurs années, ces médecins font des séjours réguliers dans cette région rurale du sud du Vietnam, pour transmettre leur approche de la médecine, une tâche parfois délicate en regard des différences de mentalité. Tout en faisant preuve d’empathie, Gonseth n’élude pas certaines difficultés. En contradiction avec le modèle communiste dont se prévaut toujours l’Etat vietnamien, l’accès aux soins est loin d’être garanti pour tous.
Vincent Adatte
Comment j’ai fêté la fin du monde
Dimanche 6 juin, la section de Sainte-Croix du PS offre ce film clin d’œil à la population ainsi que le repas qui le précède dès 19h. Ambiance garantie !
Depuis le milieu des années 2000, une «nouvelle vague» de jeunes réalisateurs roumains truste les palmarès des plus grands festivals. Partis de zéro, œuvrant dans des conditions de production minimales qui décuplent leur créativité, ses représentants n’hésitent pas à revenir sur l’histoire récente de leur pays, histoire d’exorciser les vieux démons.
Avec l’ironie grinçante qui caractérise les œuvres de ses pairs (les Cristian Mungiu, Cristi Puiu et autre Corneliu Porumboiu), Catalin Mitulescu met en miroir l’intime et le collectif en s’attachant aux pas d’une adolescente turbulente, dans les derniers mois du règne absurde du Conducator Ceausescu.
Amoureuse d’un «fils de flic», flanqué d’un petit frère qui veut abattre l’hydre totalitaire à la fronde, Eva rêve de quitter la Roumanie. Ses plans d’évasion vont être contrecarrés le jour son petit ami pulvérise le buste de Ceausescu qui trône dans le lycée…
Adeline Stern
Green Zone
Cinéaste très engagé, le Britannique Paul Greengrass a redonné au film d’action ses lettres de noblesse en lui appliquant un traitement réaliste, souvent proche du reportage. Le réalisateur du premier et du troisième volet de la saga Jason Bourne («La mort dans la peau» et «La vengeance dans la peau») vient cette fois fouailler les dessous peu reluisants de la deuxième guerre «préventive» d’Irak.
Officier de l’armée américaine, l’adjudant-chef Roy Miller (Matt Damon) est ce que l’on appelle un bon soldat. Au printemps 2003, il accepte sans rechigner de partir à la recherche de très hypothétiques armes de destruction massive, histoire de légitimer l’intervention américaine. L’enjeu est donc de taille!
Ratissant le désert irakien, Miller et ses hommes passent au peigne fin et non sans bravoure des sites tous plus piégés les uns que les autres, sans obtenir de résultats flagrants, sinon d’éprouver la désagréable impression d’être constamment sous surveillance…
Adeline Stern
Complices
Mercredi 26 mai, la séance aura lieu en présence du réalisateur et suivi d’une discussion.
Dans ses courts-métrages, dont «Rachel» nominé aux Césars en 2008, le cinéaste Frédéric Mermoud avait déjà su rendre avec une acuité admirable les émois liés au temps troublé de l’adolescence.
Passé au long-métrage avec «Complices», le réalisateur d’origine valaisane a su non seulement préserver cette attention portée à la jeunesse, mais aussi l’amplifier par le biais d’un «effet miroir» qui fait tout le prix de ce premier long métrage de cinéma récompensée par le Quartz du meilleur scénario. Tourné à Lyon, ce faux polar s’ouvre sur le cadavre d’un jeune homme, retrouvé dans le Rhône. L’inspecteur Hervé Cagan (Gilbert Melki) et sa coéquipière Karine Mangin (Emmanuelle Devos) sont chargés de l’enquête.
Au fur et à mesure que ce duo plutôt désillusionné progresse dans ses investigations, des retours en arrière nous éclairent sur la fin tragique de Vincent (Cyril Descours) et du couple intense que ce dernier formait avec Rebecca (Nina Meurisse), une jeune fille rencontrée dans un cybercafé…
Vincent Adatte
A Single Man
«A Single Man» («Un célibataire») est adapté d’un roman de l’écrivain britannique Christopher Isherwood (1904-1986), publié en 1962 et sans doute l’un des plus accomplis de l’auteur subtil de «Monsieur Norris change de train», dont l’un des ouvrages a donné matière au célèbre «Cabaret» (1972) de Bob Fosse.
Très prenant, le premier long-métrage de cinéma du créateur de mode Tom Ford s’attache aux pas d’un homme désespéré. Professeur d’université homosexuel d’origine anglaise, qui n’a jamais su se faire au prosaïsme étasunien, Georges Falconer a perdu l’être qui lui était le plus cher.
Le film développe son action sur une journée d’automne flamboyante, au cours de laquelle Georges pense sérieusement au suicide, hanté qu’il est par la mort de son compagnon, victime d’un accident de voiture… Pour son interprétation bouleversante du désespéré, Colin Firth a décroché à Venise un prix d’interprétation nullement usurpé!
Vincent Adatte
Camping 2
Tous aux abris! Patrick Chirac, alias Franck Dubosc, est de retour dans le camping des Flots Bleus. Rassurez-vous, le super ringard de Dijon n’a pas changé d’un iota, porte toujours son inénarrable slip moulant, sauf qu’il veut tomber à tout prix amoureux!
Sophie (Mathilde Seigner), Paulo (Antoine Duléry), Jacky (Claude Brasseur) rivé à son Ricard et à sa femme Laurette, (Mylène Demongeot)… Tous les habitués sont sous tente ou dans leur caravane, exception faite de Richard Lanvin, avantageusement remplacé par Richard Anconina, parfait dans la peau d’un employé d’assurance plutôt psychorigide!
Déjà réalisateur du numéro un, Fabien Onteniente est resté derrière la caméra pour filmer la tentative véreuse de promoteurs espagnols qui veulent raser les Flots Bleus pour construire à la place et avec la complicité du maire un complexe de luxe… Par chance, Patrick Chirac et la France profonde veillent au grain!
Adeline Stern
Teza
Dimanche 16 mai soirée spéciale : Afrique terre de douleur. Le film sera suivi d’une discussion autour de ce thème.
Né en 1946, Haile Gerima a donné au cinéma éthiopien son premier chef-d’œuvre avec «Une moisson de trois mille ans» (1976), qui rend justice à son peuple opprimé, un film salué par Martin Scorsese comme un chef-d’œuvre.
Opposant à Hailé Sélassié, le réalisateur n’a guère goûté la dictature militaire qui a suivi, au point de se faire naturaliser «américain». En exil, Gerima manque de moyens. Il a passé dix ans à réunir l’argent nécessaire à la production de «Teza» («la rosée»), qui brasse trois décennies d’histoire éthiopienne, tout en dessinant la trajectoire «universelle» du militant piégé par son idéalisme.
1990, de retour d’Allemagne, Anberber retrouve les siens. Amnésique, il est ramené dans son village natal. Il retrouve alors sa mémoire par bribes, tandis que les enfants désertent la communauté pour ne pas finir en chair à canon. Avec un lyrisme désolé, qui serre la gorge, Gérima retrace le destin contrarié du seul pays du continent africain à ne jamais avoir été colonisé!
Vincent Adatte