Synopsis

Avec Marthe KELLER, Stefanie GUNTHER - Age légal 12 ans / suggéré dès 16 ans

Pour son premier long-métrage, Laurent Nègre, jeune cinéaste genevois, prend à bras-le-corps un sujet très casse-gueule… Soit une femme séparée de son mari et ses deux enfants prénommés Sam et Catherine. La mère, Emma (Marthe Keller) souffre de la maladie d’Alzheimer. Jeune homme au tempérament artistique, Sam (Felipe Castro) s’occupe d’elle avec amour, mais sans complaisance. Respectant sa volonté, il n’en a rien dit à Catherine (Stefanie Günther) qui étudie la médecine à Bruxelles. Même si cela lui pèse, il a gardé le secret. Pour libérer son fils de sa présence, Emma semble décidée à s’installer dans une «maison de vieux»…

Ainsi résumé, l’argument fleure bon le mélodrame. Nègre évite cet écueil en adoptant une narration éclatée qui restitue le temps «sorti de ses gonds» caractérisant la maladie d’Alzheimer. Grâce à une direction très sûre de ses comédiens, le cinéaste instille dans les rapports entre ses personnages une violence très peu romantique et plutôt inédite pour un film suisse. Celle-ci a le don de casser tout pathos et de faire un sort définitif à l’hypothèse mélodramatique.

La manière dont Nègre met en scène Genève ajoute encore à la désorientation du spectateur: rues anonymes, espaces désertés, topologie incertaine, tout concoure à former une esthétique de la perte qui entre en profonde résonance avec le thème de la dépersonnalisation à l’œuvre dans Fragile. Pour notre bonheur, son réalisateur sera présent dimanche au Royal. Une occasion à ne pas manquer!